Il était grand temps que je poste ce CR d'
Extrême-Orion : mon "panneau de contrôle" indique qu'il a été commencé le 29 novembre dernier, les joueurs de cette campagne le réclamaient avec une insistance grandissante et comme, là encore, on continue à jouer, si je m'en occupe pas vite je rattraperai pas le retard...
L'Épisode qui a conclu la trilogie des Chiméronautes sur l'astéroïde de l'enfer (voir les épisodes 3 "Space Hulk" et 4 "Labyrinthe") a d'abord été un petit exercice d'écriture pour moi, vu que l'épisode devait intégrer diverses demandes et propositions : "Argentarbre" (Harmonie) m'a beaucoup rappelé qu'elle avait fait inscrire dans le setting, lors de sa création commune, des "dissidents médians" qu'on avait toujours pas vu ; "Moïse" m'a rédigé un nouvel historique encore un peu plus détaillé de la difficile jeunesse de Vlad "le dégénéré" dans l'Union Géno-Soviétique de Sirius (son enfance sur Ursa, ses années à la faculté de génétique, tout ça) et si les joueurs s'amusent toujours bien (de ce qu'ils en disent, et je les crois), ils voudraient maintenant qu'on rejoigne la continuité de la campagne et les magouilles barbouzardes interstellaires, ne serait-ce que pour recommencer à explorer le secteur d'Orion avec leur cher vaisseau, vaisseau qu'il était grand temps de remettre en vol pour que notre nouveau joueur, Guile, puisse prendre en main son perso de pilote.
J'ai donc proposé d'emballer tout ça en un dernier et court
épisode sur Sergueï avant de repartir vers l'espace infini et ils ont accepté, mais les joueurs n'imaginaient pas que la mise en œuvre serait aussi... "littérale" : j'ai collé un compte-à-rebours sur le cimetière d'épaves. Avec un nappage de parodie parce que bon, ça faisait 6 séances que c'était "Saving Private Ryan
" et on avait tous besoin d'un peu de détente.
Extrême-Orion, Épisode 5 : "COMPTE À REBOURS"
Lors de l'épisode précédent, après une longue reptation dans les couloirs du labyrinthe d'épaves, moult combats sanglants et plusieurs poursuites haletantes (si, si), nos héros sont finalement parvenus à retourner vers leur vaisseau-mère pour le découvrir siphonné de son air, de son énergie et piégé par l'ennemi. Ils sont très, très énervés, mais un peu plus reposés qu'ils ne l'ont été depuis leur arrivée sur l'amas et bien décidés à ne pas se laisser faire...
SÉQUENCE 1 : "Muha-ha-ha-ha-ha !"
Vu le résultat "explosif" obtenu par Vlad et Tang'Ho en tentant de désarmer la bombe fixée sur la porte étanche séparant la soute des quartiers de l'équipage, Vincent Panjari (qui commence à être rompu à l'exercice) et Harmonie (qui s'y connait plutôt bien) décident de reprendre la tête des opérations de déminage en commençant par vérifier toutes portes et toutes les issues pour repérer et marquer les pièges que Jiang-Jia, Amar (encore diminué mais en cours de rétablissement, c'est l'avantage d'avoir changé d'Épisode) et Vlad vont désormais désactiver patiemment et prudemment.
Le Centauri et la Médiane remontent ainsi tout le pont inférieur puis l'échelle de coupée, guidé par les senseurs de la navette maniés par Sophia (qui trouve que la signature énergétique est anormalement basse dans le vaisseau-mère)...
Et, dans la coursive du pont supérieur, ils trouvent une grosse tresse de fils métalliques de qq 15cm de section, dansant dans le couloir en microgravité sous l'effet de son propre champ magnétique en laissant de très méchantes marques noirâtres quand il heurte (ouvent) une cloison ou l'encadrement d'une porte "Et ben je crois qu'on sait où est passée toute l'énergie du vaisseau..." Sortant de la salle des machines, l'énorme câble dénudé sous haute tension émet tellement d'électricité statique en se tortillant dans l'atmosphère raréfiée du vaisseau qu'il déclenche à 1m de distance le bouclier énergétique de Panjari, ne peut être touché qu'à leurs risques et périls, siphonne le courant produit par leur réacteur à fusion (qu'on peut voir clignoter et tourner gaiement par la porte ouverte de la salle des machines) et l'emporte par le sas vers le corridor flexible toujours ancré au
Macau Dolphin, leur interdisant l'accès à tout le pont supérieur, sauf vers le poste de pilotage. "Mais c'est peut-être pas un hasard ?!" annonce prophétiquement Harmonie, qui se méfie d'un nouveau piège. Sauf qu'après une inspection poussée, la seule chose qui clignote anormalement dans le cockpit, c'est la console de com, la seule à être encore alimentée... Son petit voyant clignote d'une manière bien tentante pour quelqu'un d'aussi puérilement curieux que Vincent Panjari, qui y reconnaît l’œuvre d'un autre mégalomane et se doute qu'il va tomber sur un message ricanant du chef des "
noodle-people".
Mais avant de céder à la tentation (et au cliché), il veut savoir où il en est : pendant qu'Harmonie démonte la fameuse trappe de visite qui leur a déjà permis de passer directement de la cale à la salle des machines à l'Épisode 1 (elle a tellement été utilisée depuis que c'est presque un accès "normal") et, quoique son propre scaphandre soit trop volumineux pour qu'elle s'y glisse, la Médiane découvre de l'autre côté, à la lueur de sa lampe, une sorte de grande toile d'araignée blanchâtre, composée de fils tendus en tous sens à travers la salle depuis le régulateur de flux du réacteur, où ils maintiennent en place une poignée de câble et une valve de réglage que Vlad connaît bien :
"Et c'est important, la valve de machin du régulateur de truc ?
_Oui mon amour, car si elle saute, le régulateur entre en court-circuit, le réacteur à hydrogène surchauffe et, quelques minutes plus tard, quand tous les fusibles ont fondu, le tout explose et disperse
la Chimère en petits morceaux calcinés dans l'espace.
_Mais... c'est pas la méthode que...
_C'est
exactement la méthode que j'ai employé pour faire sauter les cargos après que le
Secutor les ait pillé ces trois derniers mois, oui.
_Ah. Mais... c'est une technique standard médiane ?
_Non, c'est juste la meilleure quand on a le savoir-faire technique et qu'on est vraiment malin..." lâche l'ingénieur d'un ton tendu.
Rejoint par Vlad, Harmonie et Tang'Ho, Vincent prend une pose avantageuse devant l'écran holographique de la console, réajuste le vibro-sabre cetan à son côté
[rien que le mime de Cancrela lui a valu des points de Réactions !] et appui d'un geste impérieux sur le bouton clignotant avant de déclarer d'un ton plein de suffisance : "Dr Noodle, je présume ? Je suis Vincent Panjari, commandant du vaisseau indépendant
la Chimère !". Mais sa performance est perdue pour son interlocuteur, puisque l'hologramme se résume actuellement à un rectangle tressautant qui change constamment de place dans la zone de projection. "Mais-heu, c'est nul ! C'est quoi ça ? _Ça arrive lorsqu'on essaye de transmettre une image 2D ou très mal réglée à une console holographique, explique Hansou par la voix de Tang'Ho : laisse-moi arranger ça."
Pendant que l'androïde trifouille la console, l'image se stabilise en effet à la verticale, prend un peu d'épaisseur ("Ah non tu vois : c'est juste le canal d'émission holo qui est mal réglé de son côté, attends... ") et commence à afficher (à l'envers) une vague forme ronde puis une silhouette bleutée, régulièrement hachées par de gros carrés pixelisés pendant que des monosyllabes entrecoupées de parasites résonnent dans le poste de pilotage. Il faut encore à tang'Ho un peu de bricolage mais, soudain, la tête chauve au crâne presque vertical et grisâtre (enfin : bleuté, parce que Tang'Ho n'arrive pas à améliorer la balance des couleurs qui doit être pourrie dès la source) d'un
Mens apparaît finalement dans le bon sens, les crépitements prenant alors la forme d'une voix sarcastique qui parle en Sirian (la langue de l'UGSS) : "
... et c'est ainsi que la fin de mon plan machiavélique sera aussi la vôtre, muhahahahaha ! _Heu... j'vous demande pardon mais, à cause de votre transmission foireuse, on a pas eu le début, là. Ça vous dérange pas de répéter votre plan machiavélique ?"
Si Tang'Ho/Hansou retiennent difficilement un fou-rire, Harmonie est horrifiée par l'espèce d'excroissance molle qui pend au bas du visage du Mens, sans doute victime d'une terrible mutation ("Ben non, c'est un double-menton, ça. Ça arrive quand on est bien gras. _Mais... non, enfin ! Pas au magnifique génome médian ! _La preuve que si : si tu manges trop de capitalistes décadents, tu finiras obèse, faut le savoir...") et Vlad reconnait bientôt cet œil bionique, tout à fait contraire à la bio-éthique soviétique, qui mange tout l'orbite gauche du terrible Professeur Gregorius NKV-203 !
Pendant qu'Harmonie déduit qu'il doit être vraiment très vieux (ou son prénom vraiment rare) pour avoir un matricule de ce genre, son compagnon est submergé par les souvenirs traumatiques de ses études : la honte de notes catastrophiques dans les cours d'introduction à l'ingénierie génétique (pour être précis, Vlad avait parfois la moyenne alors que la majorité de la promo plafonnait à 2/20), les permanentes brimades de ce chercheur aussi génial que méprisant qui détestait enseigner aux "avortons de première année" et sa soudaine disparition, il y a plus de 20 ans, lorsque le Parti a mis à l'index ses recherches sur l'intégration cybernétique*. Vladimir se tasse bientôt derrière une console en gémissant d'angoisse :
"
Il ne faut jamais faire répéter le Professeur Gregorius !
_Oui ben il a qu'à transmettre correctement, Gregotruc !
_Mais, qui es-tu, bon sang ?!" s'exclame alors le Professeur presque étouffé par la rage en découvrant Vincent sur son propre écran. "Passe-moi ton chef, espèce de crétin dégénéré !
_Je suis justement le Commandant Panjari, le chef de ce vaisseau.
_Grogneu meugneuh, gna !
_Silence, avortons ! Papa parle au monsieur !
_Et depuis quand tu es le commandant, toi ? La Chimère est un bien communautaire géré en coopérative !
_Voilà, c'est tout à fait ce que j'ai inscrit sur les papiers pendant que j'étais tout seul à l'Office Fédéral...
_Passe-moi Vladimir RUS-4728-1984, sous-homme !
_Je... je suis là kamarad Professeur.
_Non mais dis, Vlad, c'est moi qui cause là, retourne claquer des dents dans ton coin. Donc, cher Professeur, si vous pouviez nous répéter le plan démoniaque, qu'on puisse tous partager votre hilarité sardonique, ce serait bien urbain, merci."
Entre le scientifique à l’œil bionique et le commercial décomplexé, une amusante guerre des nerfs va alors se jouer, Vincent réussissant à titiller suffisamment Gregorius pour l'empêcher de mettre fin à la conversation (alors qu'il a autre chose à faire et, de son côté, un public de mutants qui font les marioles pendant la transmission) et lui faire rejouer la présentation holographique illustrée (!) du plan machiavélique, retarder celui-ci et permettre à Hansou de localiser la source du signal.
[Ce Duel social a commencé par un "Assaut", c'est à dire un premier jet en opposition pour déterminer les Priorités et les conditions d'entrée en Duel : ça sert principalement lorsque tout le monde dégaine soudain son flingue à la table de poker ou qu'on débarque en plein procès en brandissant la preuve ultime, mais ça a ici permis au Centauri de salement déstabiliser Gregorius d'entrée de jeu : la mise du Professeur illico réduite de 5 points (quoique regagnés dans les tours suivants au fur et à mesure qu'il reprenait l'habitude des conversation civilisées, le contrôle de la transmission et de son audience mutante) n'a pas été capable de résister aux attaques de Vincent Panjari qui, régulièrement aidé par les renseignements que lui chuchotaient ses collègues, a ainsi tiré plein d'infos du scientifique mégalomane avant de lui raccrocher au pif.]
*si tu te souviens que Vlad a plus ou moins 30 ans et que tu fais le calcul, public adoré, tu réaliseras qu'il était en première année de génétique autour de 8-9 ans, ce qui est en fait normal pour les Médians qui grandissent très vite, atteignent l'âge adulte autour de 10 ans et sont complètement décatis à 40 (c'est notamment en tâchant de comprendre pourquoi que Vlad a eu des ennuis. Harmonie, par exemple, n'a pas encore 17 ans et elle est dans l'armée depuis son 12° anniversaire : si on ajoute à ça le relatif "infantilisme" dans lequel le Parti maintient ses ouailles, ça explique souvent le côté "adolescent" des Médians de touts poils, dont la maturité émotionnelle ne rattrape jamais vraiment l'âge "social".
La présentation vidéo merveilleusement pompeuse et mal fichue du Pr. résume ses recherches "révolutionnaires" pour créer une nouvelle race médiane capable de survivre dans le vide spatial, son départ de l'UGSS avec ses premiers spécimens et son installation dans la ceinture extérieure de Shenqi-Liù avec un vaisseau-génération baptisé
Haplo ("l'unique") et habilement camouflé dans un astéroïde ("Mouais, vous voulez juste pas admettre que vous vous y êtes crashé comme une merde, quoi..."). Gregorius y a bientôt adjoint les restes d'une station spatiale abandonnée (l'installation temporaire qui a permis la construction de Mantile) avant d'attirer ou de remorquer à lui toutes les épaves disponibles du système et les aérolithes ferreux nécessaires au fonctionnement de son laboratoire comme à la vie de ses créatures. Le tout se termine par un petit schéma animé du départ imminent du vaisseau, après sa libération de l'amas de carcasses qui le recouvrent lors d'
une série de puissantes explosions, dans 3h48 minutes (
tatatiiiiiin !).
Mais parce qu'en espionnant les conversations radio des PJ (et quelques autres entre les
Secutors) il a reconnu Vlad, son « élève préféré » ("Moi ?! Mais il me détestait ! _Moins que les autres, apparemment.") dont l'équipe a fait preuve de bravoure et d'intelligence dans le labyrinthe d'épaves, plutôt que de condamner sans appel leur brillant pool génétique à l'extinction, Gregorius a décidé d'être magnanime en leur faisant cadeau d'un fond de carburant ("Notre hydro ! Ce cinglé a siphonné tout notre hydro-fuel !") qui leur permettra d'échapper à la destruction s'ils parviennent à passer l'épreuve qu'il a installé dans leur salle des machines (un bon moyen de s'assurer qu'ils auront autre chose à faire qu'à ruiner ses plans d'ici le décollage). Dans le couloir, le câble électrifié se tend brusquement, se détache et fille à toute vitesse par le sas vers le
Macau Dolphin. Traumatisé par ses souvenirs d'études et quelques remarques acerbes de Gregorius (qui lui infligent illico des Dommages Psychologiques), Vlad est rapidement rassuré et remis en selle par sa chérie, qui fait en cela preuve de beaucoup plus de psychologie que d'habitude.
C'est d'ailleurs encore "par pure bonté d'âme" que le Professeur décide de retarder un peu l'explosion (le compte à rebours qui s'affiche désormais passant soudain à
5h15)... et pas du tout parce qu'Hansou vient de pénétrer dans l'archaïque réseau qui relie (par des lignes téléphoniques !)
Haplo, les ordinateurs de bord de plusieurs épaves sur l'amas (dont le
Macau Dolphin, le
Selangor Beluga, la fameuse station spatiale...) et les rejetons de Gregorius en train de poser les charges, le pilote-hacker venant d'y mettre un boxon pas possible et de ralentir nettement les préparatifs de décollage. Il n'y a néanmoins pas de temps à perdre et Panjari met brusquement fin à la transmission, coupant le Professeur en pleine déclaration pompeuse sur "les suites de son œuvre grandio
-bip" pour compiler quelques infos avec le reste de l'équipe (dont les membres ont presque tous tiré des informations utiles de la transmission
à coups de Psychologie, de Piratage, de Déduction, etc.).
Notamment, entre l'isolement des bruits de fond par Hansou et le nombre de "terminaux téléphoniques" repérés sur le réseau, il doit rester à Gregorius moins d'une 20aine de créatures, dont exactement 6 "gros" dispersés sur l'amas pour poser les explosifs. Par ailleurs, Harmonie trouve que l'animation figurant la libération d'Haplo semble effectivement cohérente avec 6 foyers de détonation et pense que l'esprit maniaque du Professeur a peut-être bien révélé l'emplacement des charges, qu'elle est plutôt d'avis d'essayer de neutraliser. Elle a également commencé à étudier avec Sophia l'enchevêtrement joliment pervers de fils blanchâtres reliés au réacteur à fusion, qui ont manifestement été mouillés pour les geler et les rendre extrêmement cassant : l'ensemble forme une accumulation de pièges tous plus vicieux les uns que les autres avec de faux détonateurs, des redondances, des charges secondaires dissimulées dans toute la salle des machines... mais les deux copines en tirent finalement un schéma exploitable de l’œuvre explosive perverse de Gregorius et d'un de ses "méga-noodle", comme l'atteste la banque d'organes médians de l'infirmerie où quelqu'un s'est manifestement taillé un solide banquet (exit les "pièces détachées" de Vlad).
4h47
À partir de là, je trace un gros timer sur le tableau blanc, que j'actualise au fur et à mesure du jeu : j'aurais préféré avoir un gros compteur rouge sur l'écran du PC, mais j'en ai pas trouvé que je puisse effectivement modifier "à la main". À raison de 15 à 45 minutes par Scène, ça a quand-même bien mis la pression.
Quoi qu'on dise de son commandement, le Centauri distribue les tâches
[et du bonus d'organisation] :
_Amar, malgré ses blessures, transfère un peu des maigres réserves d'énergie de
la Harpie vers les scaphandres de ses compagnons, histoire que nos héros ne décèdent pas d'asphyxie bien avant la fin du compte-à-rebours,
_Hansou commence à programmer un mouchard qui, introduit dans les systèmes de navigation d'
Haplo, devrait leur révéler la position du vaisseau-génération via le
Stream (le réseau interstellaire) même si Gregorius parvient à s'enfuir,
_avec un coup de pouce de Vincent, le schéma du méga-piège et l'assistance disciplinée de Jiang-Jia ("Et pas de bricolage à la con, ou tout le monde meurt ! _Jiang-Jia tout bien ! Toi content !"), Vlad et Amar s'attaquent au déminage de la salle des machines qui va les occuper longtemps,
_avec l'expérience de pilleuse d'épaves de Sophia et l'excellente connaissance du marché noir de Wendy l'intendante, Vincent cherchent à équilibrer le bilan financier (surtout qu'on vient de leur siphonner plusieurs hectolitres d'hydro-fuel à 10 $tellars le litre) en établissant la liste d'une 15aine de "trésors" qu'ils peuvent matériellement atteindre, ramener à
la Chimère et entreposer avant l'explosion, histoire de partir avec un maximum de butin dans les soutes.
SÉQUENCE 2 : 3h42
Après avoir chauffé la salle des machines avec le réchaud de campagne de Jiang-jia pour détendre les fils et faciliter leur désamorçage, Vlad et Amar ont patiemment neutralisé chaque piège, chaque détonateur (dont une charge placée sous une boîte pleine d'outils tranchants qui aurait sans doute déclenché de belles réactions en chaîne) et le médian fini de replacer, avec un soupir de soulagement, le régulateur de flux dans son logement.
Il fonce alors rejoindre Sophia, Harmonie et Jackson dans
la Harpie à peu près remise en état pour leur premier objectif de pillage : les soutes de l'
Andaman Blowfish. Pendant que Vincent dort comme une souche, que Hansou et Tang'Ho remplacent les circuits de l'ordinateur de bord grillés par le pilonnage EMP et que Jiang-Jia monte la garde avec Wendy (oui, bon : ils sont un peu à court de personnel), la navette s'envole vers le grand cargo éventré. Après une habile manœuvre de descente par la large brèche dans la coque, Sophia pose l'appareil dans la plus vaste section de la soute et le reste de l'équipe se disperse parmi les container et les unités d'animation suspendue (où quelques centaines de malheureux colons sont définitivement gelés) à la recherche du "Medicur", la fameuse unité médicale automatisée par laquelle toute ces aventures ont commencé, et de tout le butin qu'ils peuvent réunir : matériel informatique destiné à UranBanner, équipement minier pour les stations du maelström, pièces détachées de véhicules, robots ménagers dernier cri...
Mais un large trou creusé dans le plancher de la soute attire bientôt leur attention, d'autant qu'une foreuse s'y agite encore au fond d'une galerie profonde creusée dans les entrailles de l'astéroïde : ils viennent de découvrir l'une des charges explosives du Professeur Gregorius ! Alors que Jackson et Harmonie observent du bord du puits le gros minuteur fixé sur des barils d'explosifs posés sur la foreuse, un cri de Sophia retentit dans leur com' : un des colosses scaphandriers vient d'entrer dans le sas de la navette, et la navigatrice ne peut que presser désespérément sur le bouton de fermeture pour l'empêcher d'accéder à la cabine de pilotage !
(À quelques pas de là, Vlad vient de découvrir un long tuyau tressé qu'il identifie bientôt comme le "cordon ombilical" d'un affreux bibendum et décide de remonter jusqu'à la source. Pas de bol pour lui, il n'arrive pas au compresseur mais à un gros rejeton qui, les bras chargés de matériels variés, revenait vers son frangin qui venait de l'avertir du combat. Vlad a beau tenter une approche tout en finesse ("Ahem... vous veniez pour le combat ? C'est par là-bas..."), le gros lâche ses paquets, saisi le Médian et le fracasse contre une cloison avant de trottiner à la rescousse de son semblable...).
2h38
Jackson Ibrahim dégaine son cimeterre et Harmonie déploie sa baïonnette rétractile avant de foncer au secours de leur copine, déclenchant un combat spécialement bordélique autour du sas étroit de la Harpie. Pendant que le gros monstre tente à la fois d'allumer les arrivants avec la mitrailleuse à clous qui remplace son bras gauche tout en jouant avec les commandes du sas pour ouvrir la porte intérieure (afin d'écharper Sophia) et fermer la porte extérieure (histoire d'être débarrassé des deux énervés de la lame), Harmonie le harcèle pour l'en empêcher et Jackson, bientôt juché sur le toit de la navette, balance de grands coups de sabre... qui finissent par faire à moitié sauter le bras droit du monstre ! Le gros rejeton, blessé, parvient tout de même à basculer dans la cabine de pilotage avant de fermer la porte aux nez des combattants, pour se retrouver face à Sophia armée d'un pistolet à impulsions : tout en tirant au jugé et à bout portant, la petite Nibelen se faufile entre les sièges et les instruments pendant que la grosse baudruche tente maladroitement de la mitrailler dans un espace trop confiné pour qu'il allonge correctement son bras armé...
Jackson tambourine à la porte et Harmonie s'échine en vain sur les commandes extérieurs de la navette pour forcer l'accès vers la cabine lorsque une vaste silhouette surgit silencieusement derrière elle en levant une énorme hache... quand un avertissement crachote dans sa radio : "Harmo...ie ! Derr....... toi !". La Médiane aurait tout de même été fendue comme une bûche si la clé à molette fétiche de Vlad n'avait tournoyé dans l'espace à la suite de son cri et cogné le casque du second monstre (sans causer d'autre dommage qu'un instant de surprise) avant d'aller se perdre dans les profondeurs de la cale. Profitant de cet instant de distraction, elle se retourne pour tailler de sa baïonnette, engage l'ennemi au corps à corps, encaisse plusieurs coups de genou et de manche de hache qui auraient assommé n'importe quel galactique et, réalisant enfin qu'elle n'a pas à préserver la navette dans cet axe de tir, roule sur elle-même pour prendre la distance nécessaire et tire une décharge de plasma à courte portée dans la poitrine du gros mutant, répandant un nuage de cristaux rosâtres (liquide "amniotique" vaporisé et immédiatement gelé : c'est beau l'espace...) autour de la blessure béante où le métal et le caoutchouc fondus se mêlent à la chaire brûlée.
Dans la cabine, Sophia a enfin réussi à ouvrir à Jackson : le monstre le bouscule pour s'enfuir mais le Sufi de combat le cueille de la pointe du sabre dans un splendide pivot, lardant profondément le monstre qui trébuche contre la cloison du sas où le Cetan le clou immédiatement, enfonçant son sabre jusque à la garde dans le dos du mutant-mitrailleur. S'avisant alors que le casque cuivré d'un second "rejeton" vient de passer devant la porte ouverte (car à nouveau défoncée : c'est la porte de navette maudite), il arme un grand coup de taille et décapite plus qu'à moitié l'adversaire qu'Harmonie avait abattu une fraction de seconde plus tôt (le "
double-over-kill" est en train de devenir leur signature).
Le temps que la Médiane victorieuse aille récupérer son chéri assommé, la radio de
la Harpie crépite de la voix furieuse de Gregorius : "Mais qu'est-ce que vous faîtes bandes de primates imbéciles !? Vous avez pas le droit de vous en prendre à ma progéniture ni à mon plan ! Je vous avez justement donné un piège à désamorcé pour vous occuper : c'est pas possible de manquer à ce point de concentration !
_On a plié votre piège y a déjà un moment, Professeur. Et on sortait tout naturellement chercher du butin pour rentabiliser le voyage quand vos deux brutasses nous sont tombées dessus !" Le scientifique est un instant soufflé par la révélation, mais sa rage reprend vite le dessus : "Capitalistes dégénérés !!! Puisque c'est comme ça, j'active la bombe tout de suite !"
Et, en effet, toujours posée sur la foreuse qui s'agite au fond du puits, le compte à rebours de la charge à hydrogène accélère brutalement, la lueur d'un gros voyant rouge clignotant lançant des reflets intermittents sur les visières des deux médians (je suis plus à un cliché près, hein)... "Il faut s'enfuir ! _Il faut désamorcer la charge ! _Mais on aura jamais le temps ! _Si ça pète, c'est pas juste l'
Andaman Blowfish qui va se faire émietter dans l'espace, c'est un bon sixième de l'astéroïde qui va sauter et... _
La Chimère est encore coincée sur le sas du
Macau Dolphin ! _Sans bouclier actif. Alors même si c'est pas l'explosion qui détruit notre vaisseau, l'onde de choc et les épaves volant dans tous les sens vont causer des putains de dommages. _Hé ben comme ça c'est clair : on désamorce !"
Sur
la Chimère, Wendy tire Vincent de sa couchette : il y a un appel pour lui, d'un type qui ne veut pas se présenter et n'affiche aucune image holo. Le "capitaine" Panjari se traîne donc jusqu'à la console de com et reconnaît immédiatement la voix distingué de Suleiman Al-Hassouan : « Je désespérais d'avoir de vos nouvelles. Comment se passe votre petit nettoyage ?
_Hem... ça se passe...
_Avez-vous mis la main sur un journal de bord incriminant les "pirates" médians ?
_C'est en cours...
_Vous aurez je suppose remarqué la présence d'un bâtiment du Sultanat : l'
Ispahan.
_Ah ben oui...
_Vous aurez de même constaté qu'il est engoncé dans des coques d'épaves et du régolite au point de ne pouvoir repartir par ses propres moyens. Mais nous détectons une activité "gravitique" inquiétante.
_Ah parce qu'il reste du monde à b..
_Nous pouvons le commander à distance.
_Oh...
_Monsieur le Conseiller Maranga serait certainement ravi de récupérer ce journal de bord, mais il est encore à cours de liquidités, le temps d'écouler l'hydrofuel que vous lui avez vendu.
_Je ne vous suis plus, là...
_Dégagez l'
Ispahan avant de repartir et nous prêterons à Maranga de quoi vous acheter ce journal de bord. Disons 60.000$ ?
_Vendu !
_Quelques charges conventionnelles devraient faire l'affaire, le blindage tiendra. Notez au passage que le
Secutor est encore dans votre secteur.
_Ha merde on...
_Ne nous décevez pas, Mr Panjari : vous savez que nous ne sommes guère tolérants à cet égard.»
Blip.
0h06m14s / 2h11
Au fond de son puits, la lourde foreuse danse toujours sur ses lames rotatives et le gros voyant rouge du compte-à-rebours soudain accéléré sautille dans l'obscurité en clignotant follement. Jackson avise un câble qui traîne, Harmonie l'amarre à un anneau dans la cale et tous deux descendent en rappel dans le boyau vertical, à peine assez large pour leurs deux exosquelettes de combat. En posant le pied sur l'engin tressautant (où un bidon d'hydrofuel, la tête nucléaire d'un missile spatial et le détonateur forment un empilement tremblant maintenu au chatterton), la Médiane manque de basculer entre les lames et la paroi élargie par la foreuse qui fait du sur-place depuis le début du combat mais, une fois rétablie et le Cetan l'ayant rejointe, se fait envoyer la hache du gros mutant pour la coincer dans les rotors : mauvaise idée, l'arme est réduite en miettes pendant tous deux manquent de tomber de leur précaire plateforme.
À quatre pattes et presque enlacés sur à peine plus d'1m², ils décrivent à Vlad (par radio) l'appareil de mise à feu et l'ingénieur tente de les guider dans le désamorçage, employant autant sa connaissance de Gregorius que ses compétences techniques.
[Comme c'était un moment critique du scénario, j'ai voulu que l'épreuve soit spécialement ardue : Vlad fait des jets de "Soutien" depuis l'extérieur du puits, tâchant de fournir du bonus aux deux scaphandriers qui font des jets de technique/sabotage plutôt réduits (vues leur Fatigue, Blessures et leur Capacité plutôt médiocres dans ce domaine) ET à deux paramètres, puisqu'ils doivent pendant ce temps se maintenir sur la bombe sans basculer, au risque d'être déchiquetés par la foreuse ! Et, à chaque tentative ratées, le décompte continue...]
Le premier fil que sectionne Harmonie ne produit aucun résultat. Le second raccourcit encore le timer et, après un troisième échec alors qu'il ne leur reste qu'une dizaine de secondes, Jackson lève son cimeterre et l'abat de toutes ses forces, entre ses pieds, fendant net le détonateur
[réussite in-extremis avec 1pH : wouhou !]. Alors que le Sufi empoigne le câble pour remonter, Harmonie -rancunière- récupère la tête nucléaire avant de le suivre...