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> C'est en effet assez policé, mais ce n'est ni le politiquement correct mou
> auquel il nous avait habitué, ni le discours crypto-droitiste des élus UDF...
>
Je pense que Bayrou a, sur ce point, un sérieux déficit d'image. Mais en
regardant d'un peu plus près la bio du bonhomme, on se rend compte que dans le
fond, c'est l'un de nos hommes politiques les plus cohérents, sur la durée.
- en 93-95, il soutient Balladur, qui est naturellement le candidat UDF,
contrairement à des mecs comme Madelin ou Sarkozy, qui, jurant grand dieu leur
loyauté à Chirac, retournent leurs vestes quelques mois plus tard
- Après l'échec de 95, contrairement à Sarkozy qui s'écrase et donne rapidement
des gages à la chiraquie, Bayrou vit une longue éclipse qui prend fin seulement
avec les européennes, il me semble. Ah, et avec le scandale des voix d'extrême
droite, aussi, contre lequel il est un de ceux à s'exprimer le plus vivement.
- A l'assemblée européenne, justement, il est l'un des instigateurs de la
séparation entre l'UDF et le groupe où se trouvent les députés européens UMP,
puis de la création d'un nouveau groupe, le PDE (Parti Démocrate Européen)
avec Prodi.
- Il soutient ce même Prodi en Italie contre Berlusconi
- Il refuse l'absorption de l'UDF par l'UMP en 2003-2004
- Il soutient le oui au référendum de 2005
- Alors que la majorité des membres du groupe UDF sont pour s'écraser suite
à Clearstream, lui monte à la tribune pour appeller à voter la motion de
censure.
Bref, pour un politique français, je le trouve assez droit dans ses bottes.
En tout cas, il ne traîne pas autant de casseroles qu'un Sarkozy (lui, s'il
avait pu suivre le même chemin que Madelin vers l'oubli total suite à 1995),
et m'a l'air un peu moins girouette que Royal (cette dernière n'étant, sur
ce point, pas aidée par ses troupes, il faut l'avouer).
> Les 20 députés UDF qui ont déja choisi de se soumettre à Sarko contre la
> promesse de conserver leurs mandats (et donc de se comporter ensuite en tant
> que vassaux de l'UMP) doivent donc être exclus à court terme
>
Il a rejeté toute exclusion, en affirmant qu'ils étaient toujours avec lui,
et que, comme les électeurs, ils étaient libres de leur choix.
> et un autre candidat UDF (ou PD, quel que soit le nom du parti...) doit être
> présenté dans leurs circonscriptions aux prochaines législatives.
>
Bayrou a été clair sur ce point : il y aura un candidat démocrate dans chaque
circonscription. A un journaliste qui demandait ce qu'il ferait si des candidats
UDF ralliés à Sarkozy se présentaient avec la protection de l'UMP, il a
rétorqué "sous l'étiquette UMP ?", avant de réaffirmer qu'il y aurait un
candidat de son parti dans chaque circonscription.
> C'est à cela que je verrais si Bayrou est sincère, et s'il sait tenir ses
> troupes.
>
Je pense que, par essence et pour l'instant, il ne peut pas les "tenir". Mais
je crois aussi que certains des députés (peut-être ceux qui dépendent le plus
des voix UMP, en plus des députés des Hauts-de-Seine) mangent leurs chapeaux
en espérant que le parti démocrate aura un certain succès aux législatives, ce
qui leur permettra de s'affranchir de la domination UMP et de conquérir leur
autonomie.
Même si l'UMP ne veut pas l'avouer, je pense qu'ils commencent sérieusement Ã
avoir peur d'alliances centristes / gauche aux prochaines législatives.
Historiquement, la "clientèle" de l'UDF était de centre-droit, difficilement
à même de voter à gauche. L'UMP savait tenir là un réservoir de voix sans trop
d'efforts. Mais comme Sarkozy a penché à droite sur cette élection, alors que
Bayrou a penché à gauche tout en conservant certaines idées du centre droit,
je pense que l'électorat s'est considérablement raffermi et étendu, au centre,
avec une vraie indépendance par rapport à ce qu'est devenu la droite.
Thom' |
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