Après avoir passé une soirée en charmante compagnie, et surtout bénéficié de l'opportunité de comprendre que nos sorcières ne sont associés que par la force des choses mais que leur association est sujette à dissensus, nous avons cheminé comme prévu vers Kaer Konig, aussi bien dans l'idée de croiser ce mage qui semble responsable de la disparition des frères Lazslo.
Sur le chemin, on a croisé une guerrière qui fuyait comme elle pouvait le Havre d'Est, qui n'en n'a plus que le nom. Tirée au sort, une bonne-femme qui semble pouvoir soulever des troncs d'arbres, si la nuit ne durait pas depuis des mois je me jetterai dans une crevasse pour me réveiller. Le tirage au sort, on sait que c'est de la poudreuse, c'est bien parce qu'il est truqué qu'on traque aussi cette marchande ambulante, Torrga.
C'est bizarre de croire sur l'intuition et le billet un rouquin, mais son départ précipité après l'assassinat de Garn, c'est suspect. Et c'est pas la mauvaise qualité de son art qui justifie cette mort. Bien spéciale, toute précise, le dard de glace, celui que, j'en suis certain on retrouvera dans les côtes de Rachel si jamais on dit vers ou elle a fuit, si elle fait pas attention à elle.
Bref, elle choisit de fuir, on arrive au Havre, ça sent le charbon, ça sent la chaire brûlée, cette odeur, je crois que c'est la première fois que j'avais la mort répandue en volute partout dans mes poumons. Je me suis demandé si les chiens ça leur ouvrait l'appétit ou si comme moi ils voyaient là une forme de blasphème profond envers tout ce qu'on fait chaque jour ici, survivre. C'était un mage rouge visiblement, le Dzann, j'allais pas pleurer sur son sort, mais ça m'a fait terrible d'imaginer qu'on était là à se réjouir de cramer ce gus, qui bougeait pas, qui acceptait la suite, la souffrance, sans mot, sans rien, tandis qu'on le dégustait complètement avec nos narines. Des fois, j'imagine ce que ça aurait donné si on était des yétis, est-ce que quand on a besoin de se serrer la seule chaleur qu'on arriverait à rependre ce serait celle des morts qu'on appelle dans nos pulsions morbides ?
Anatole, il est plus vieux, ça lui a pas fait froid, il est allé se caler au bistrot, pour se réchauffer, et Loxias lui il courtisait Imdra, enfin à sa façon, galante, et puis c'était l'esprit qu'il voulait séduire, il avait une idée, il a bien fait, ça l'a mené aux affaires du Dzann, c'est devenu suspect d'un coup, il avait que dalle, c'était un mannequin sur le foyer ? S'il était pas vraiment cané, c'était bien imité, et ça voulait dire que les frangins étaient pas les seuls.
De là on a pris les nouvelles, à la Truite humide, de Scyhton, qui a défaut de naviguer sur le lac gelé fait glisser du vin chaud et de la nourriture fade dans les rapides de sa vieille gorge, en s'engueulant avec la patronne, Nymetra, sur la religion. Le feu ça l'enthousiasme elle, j’espérais un peu secrètement qu'elle serait la prochaine sur la liste, mais je sais pas, ça m'étonnerait, je la vois du côté du manche d'une façon l'autre, prête à baver. On aura le temps de savoir.
Et puis on a pu parler à notre Torrga, qui nous a appris être en affaire avec un gus, Sefek, visiblement, c'est lui qui s'occupe des gens qui ont la joie de choisir la traque au lieu du bûcher. Fallait qu'on le retrouve, mais pour quoi faire ? Lui parler ? Ou castagner de suite ? J'imagine que le Vieux Maitre et mon oncle ont idée. Les deux d'ailleurs, ils taisent un peu, mais ils savent plus que ce qu'ils disent. Si je comprends qu'Anatole réfléchisse avant d'affirmer, je me demande ou mon oncle a passé ces années, les réelles raisons de son retour. Il a l'air de chercher quelque chose, d'être au courant, des mots lui sont familiers quand ils m’apparaissent étrangers. Des conversations d'adultes peut-être. Je les aiderai mieux sur les chemins de toute façon, et leur compagnie, c'est ça le plus cher.
Au fait on a un 5ème chien, Boy, il nous suit, après avoir fuit son maître qui s'est perdu vers l'antre du dragon... Le troupeau l'accepte, André, le chef de meute, ne semble pas le rejeter, ça même pas grogner au moment de la gamelle, il va faire un bout de chemin avec nous le pépère je suppose. Il a bien confiance le clébard en plus : on va prendre des nouvelles chez Bartaban, à la Dame Blanche, et voilà qu'il fout dehors un hobbit, Rinaldo, qui à l'air en panique, complètement certain d'une foutaise, sa vie en dépend, la vie en général quand on lui demande. Il vient casser la spirale dépressive des clients du bar en prétendant que justement, la Dame Blanche, il faut l’appeler, elle saura quoi faire pour cette histoire de nuit, le type est un original. En tout cas, cette insistance c'est mauvais pour les affaires et donc me voila face à lui, à le prendre au sérieux, enfin de façade, et il m’explique comment il a payé une fortune un parchemin qui lui permettra d'appeler un esprit, de lui poser des questions, que c'est la fin de tous nos maux si seulement on prenait la peine de l'aider, il me tend des becs arrachés, des organes séchés, des trucs de gobelins. Plus tard je comprendrais qu'il cherche la gloire, qu'il veut devenir un genre de barde, ça parle à mes compères - moi, de loin.
Bref, j'arrive à le convaincre, je voyage avec l'un des plus vieux mages de la région quand même, il me file son papelard, qu'Anatole attestera authentique et fonctionnel, pour prouver ma bonne foi je lui confie Boy, le nouveau du troupeau, donc.
Loxias et le Vieux Maître se disent qu'on a pas souvent l'occasion de parler avec les esprits sans avoir à raquer ou se mettre en danger, j'entends un peu qu'on va se payer la tranche de Rinaldo mais de toute façon faut bien voir et il est incapable de faire son rituel seul, autant que ce soit avec des cœurs généreux. Chez lui, on s'y met vite, c'est l'affaire de quelques minutes, le semi-homme est d'un coup possédé, c'est la Dame qui nous parle.
Trois questions, c'est dur de se décider, mais finalement, déjà on pose la question de Rinaldo, on est pas chien, et évidemment il s'est mis le doigt dans l’œil, il sera pas ménestrel tout de suite, et il a perdu un paquet de pognon. Le mage, il est pas vraiment mort, son esprit il se dirige vers un astre ou un truc du genre, ça parlait à Anatole. Enfin, mon Oncle pose une question qui nous titille mais qu'on osait pas, lui il déclame "Où se trouve le plus grand trésor du Valbise ?", et là, l'esprit nous envoie droit chercher sa tombe, sous la flotte, sous le gel, gardé par un genre de Guenaude. Bon au moins on sait ou aller, mais c'est pas pour tout de suite. Quand Rinaldo reprend ses esprits, on lui explique que la Dame Blanche ne fera rien, qu'elle a les mains spirituelles liées, et on omet cette histoire de Guenaude, on ne va pas l'effrayer non plus. Il a l’air un peu dépité quand on se quitte, il aurait sûrement besoin de compagnie, mais je récupère quand même Boy. Il est tard, et la lueur de la Lune nous permet de distinguer une silhouette, occupée à Dieu sait quoi, mais pas à nous biter en tout cas. Les traits du type, y a pas de doute : c'est l'assassin supposé de Garn. Va falloir qu'il parle ou qu'il paie. Si on arrive à le plier, on en a des choses inquiétantes :
- Y a ces magiciennes qui fouillent la région, surtout cette vipère d'Avarice qui a quand même le culot d'avoir investi une ruine avec ses laquais
- Y a ces assassinats pour la dame de la nuit, mais ça on va en savoir plus très vite
- Y a les nains en affaire avec la famille qui nous en diront p’t-être un peu sur ce que cherchent les magiciens
- Il est ou le mage de Thay ? La Dame Blanche a dit repenti, mais bon, on sait jamais vraiment
- On va bien recroiser Izobai un jour, et je me demande si chercher du côté des Orcs, enfin, sans être présomptueux ou quoi, mais y en a un on a pu s'entendre, qui sait, ça pourrait se refaire, après tout on partage la même nuit ?
- Qui est l'abruti qui file aux guides improvisés de la région d'aller chercher du côté du Cairn des nains ? Je vais pas me plaindre que y ait moins de concurrence, mais je préfèrerais qu’il change juste de profession. D'ailleurs Boy, pour quoi il me suit comme ça ? Pourquoi il est venu me chercher ? Je devrais me méfier, mais bon, un chien de plus, c'est de la nourriture en moins mais c'est de la force en plus et un museau aussi, le flair, y a rien qui vaut ça.
- Bon et cette Guenaude qui s'occupe d'une tombe, un trésor, c'est un peu tentant pour sur.
Des fois, je prendrai bien la place d'André quand même.