Mon oncle sort de l'oubli, il perd pas de temps. Omri, il est encadré par les vieux nains, entouré par les corps, il va répondre. Les pleurs et les commodités, il nous la joue patriote, sans lui, on aurait pas idée, il ose. Un traître ? Jamais ! Chaque chose il les fait en marchand, et c'est pas bien grave, il s'est fait engrainé, comprenez le type est droit, mais faut croûter. Dans les yeux, soutenu, sans ciller rien du tout il nous a fait suivre, lui qui voulait notre puits, on a tué 4 nains des profondeurs qui allaient nous payer pleinement et sans broncher. Ça reste des ennemis, mais je sais mieux à quoi m'attendre avec eux. Anatole pénètre son esprit, les vieux châtiments ils ont du charme, surtout pour les parjures vénaux, et ça tombe parfait, y a 100 pièces à chauffer à blanc, sur la langue, ça fait oublier beaucoup d'engagements. Alors il livre ses complices, les frères Tooth, y avait pas d'honneur dés le début, fallait rien espérer une fois la peur installée. Thor et Thron feront ce qu'ils veulent du quidam, c'est plus notre affaire, en tout cas à ce moment.
On doit choisir, les traces elles sont plutôt fraîches, d'où ils viennent les nains gris ? Ça me frappe d'autant plus que je trouve sur l'un le pendentif d'Allie, l'une des sœurs de la taverne des Deux Sœurs, à la maison, à Caer Konig. Je peux pas manquer, elle avait cherché partout et chez tout le monde quand la babiole s'était volatilisée. Je la prends, et on se dit que récupérer leurs capes pour pister, ce serait un atout. Des bibelots volés en fait, ils en ont plein, la tête elle tourne de les imaginer quadriller le Val. On trouve la voie, ça suit, elle remonte vers un cours d'eau qui ne descend plus rien depuis la nuit, gelée. Surtout, là y a une forteresse qui a été dressée sur son lit, au plus près de sa gorge. Loin, on remarque, Anatole envoie Perceval, le vide est frappant, c'est abandonné ici on jurerait. Y a pourtant bien de quoi tenir le siège, et des belles meurtrières qui rassurent pas.
Je décide d'approcher, goûter un peu le mal qui profite de la nuit pour s'installer. Je commence discret, avec Boy, on longe sous les flècheuses, pas de bruit, pas de souffle. On tutoie le lit, voilà une crevasse, on va pour s'y faufiler quand le chien il montre les dents. Le danger, et surtout, l'odeur, le charnier, puissant, tout près, tout dedans là derrière. J'ai réfléchi une minute, et je savais que mes amis m'attendaient non loin, alors fallait persévérer. On glisse, on rampe, on monte, on est sous un puits, et le fumet il me m'emplit, j'ai peur de rendre le peu qui digère. Je passe une tête à un moment, je dois découvrir. Y a une créature, gargantuesque, derrière une cage, impossible de penser ce que c'est. Humanoïde, mais tapissée de crevasse et de champignon, j'ai rien vu de plus contre nature que cette chose, elle bouge comme animée par quelque instinct, mais celui d'un autre, y a rien de sincère, ni rien de personnel, ça frappe les grilles d'à côté ou des chèvres terrifiées bêlent mollement, mal nourries, je jurerai de reconnaître celle du vieux Pete, quelques kilomètres au sud. Nos Duergars se servent, et visiblement depuis plusieurs semaines. J'ose pas agir, je suis trop lâche, en tout cas pour des biques, le poids est trop léger.
Avec Anatole et Loxias, j'intuite, j'ai bien fait : nos nains gris, ils savent canner des bêtes, même celles qui pensent à haute voix, et les habiter ensuite avec des mycoses. Le Vieux Maître affirme, c'est pas très sport, un peu comme cette invisibilité dont ils sont friands, capables, ça lui revient en tête tout à coup. D'autant que maintenant, y a plus de doute, ils incitent des créatures sur les 10 villages, y en a aucune qui survivrait au passage de celle-là. De là, on se laisse pas mourir, et puis on a un second rendez-vous, les frères Tooth, c'est eux qui ont embarqué Omri dans cette affaire, va pas falloir qu'ils gougent trop, on déserte.
À l'arrivée, on est remonté. Déjà chez Omri, y a Boy, il sent, l'odeur des nains gris, on déterre une cape, ou bien il en a amené ici, ou bien il avait de quoi se faire connaître en proche, ce traître. Anatole il a l'oeil, il est curieux, y a une cassette cachée dans la piaule du commerçant, révélée par le Vieux Maître, on y trouve 75 Dragons, on partage avec les cognes qui fouillent avec nous, les deux amis ils sont trop généreux avec moi, ils me cèdent une très grosse part, mais je donnerai tout à papa. Avant de partir, j'oublierai pas de voir avec Kelta comment on continuera d'être en affaire d'ailleurs, maintenant que l'escroc pâlira en geôle, avec ses proches les Tooths.
Du reste pour eux, mon oncle et le Vieux Maître vont aller s'expliquer dans le mouvement, je serai une silhouette, prêt à canarder. La tension, elle monte de suite, Anatole il fait luire grenat son bâton, un signe pour les frères. Au fond de leur cale, une ombre qui se déplace, je l'allume d'emblée, puisqu'on pourra pas parler avant de se cogner, il aura pas la chance pour lui, il surprendra plus personne. Loxias en prend un à la loyale, le deuxième se jette sur Anatole et le blesse, alors j'envoie Boy qui l'attrape à la gorge, ça laisse à notre thaumaturge l'opportunité de lui adresser une flèche magique dont il a le secret ! Je continue d'harceler nos récalcitrants, Perceval il roucoule autour de mon oncle, il empêche le nain d'être serein, Loxias il cogne et il abat le châtiment de son maître, assez vite on calme les trois frères, on a mangé quelques mauvais coups, mais à cette heure ils sont mûrs pour discuter. Avarice, encore ce nom, c'est elle qui les emploie à trouver des filons, Caer Dinneval, de plus en plus près, c'est notre avenir.
On les tue pas, on a une dignité, on les rendra aux cognes nains, qui en feront bien ce qu'ils voudront, surtout que maintenant ils savent que leurs cousins gris sont tout à côté, en nombre. On va reprendre des forces, et se diriger vers Caer Konig.
Sur le chemin, un bon présage, des colmins qui jouent, à s'envoyer de la neige, je m'approche, c'est pas souvent, et comme de la buée ils s'évaporent, mais nous laisse un présent. Une fraise. Gelée. Mais une fraise tout de même ! Un fruit, c'est le genre de détails qui vous rappellent qu'un jour ici les animaux n'étaient pas faméliques, et qu'il y avait toujours une période de l'année où on trouvait les enfants de la grande verte. D'ou vient ce fruit ? On louche tous les 3 dessus comme je le montre à mes amis, quand on sera en lieu sûr, on se la partagera, on a pas démérité. C'est de l'espoir gustatif, une projection, le toit du Val il peut s'ébrécher et s'affranchir des puissances qui l'ont scellé.
Caer Konig, la maison. Anatole et Loxias vont prendre une table chez les deux sœurs, et je vais considérer papa. Déjà il est tout étonné, dans ses mains, un sac de pièces bien trop rempli pour la récupération d'une cargaison naine, il me toise un peu de biais, mais j'ai rien fait de mal, c'est de l'argent bien gagné, je lui assure. Alors il compte un brin les dragons malgré lui, on a de quoi voir venir et c'est pas rien. Puis je lui parle de ce type, un gaillard qui m'a aidé sur le chemin, avec le vieil Anatole, j'aimerais le lui présenter, il est droit, sympathique et il me rappelle quelqu'un.
Quand il reconnaît son frère, c'est l'illumination, il a rajeuni de 20 ans, il se jette sur lui, leur étreinte elle dure 100 secondes et 100 ans, je perd pas une miette, c'est trop rare de vivre les miens ravis franchement, sans détour. D'un coup, les étoiles elles brillent à nouveau sur nos visages heureux, est-ce que c'est Helm, est-ce que c'est les retrouvailles, est-ce que c'est l'amour, je sais pas dire et je m'en moque, faut savoir s'ouvrir aux largesses. Dans la liesse, y a la petite Allie, j'ai un collier pour elle, sans lui, elle était plus entière, je le vois bien quand elle le met, son sourire c'est du soleil en plus. Elle me fixe vaguement trop, muette à moitié, ça me tourne un peu mal à l'aise, mais de toute façon, on va raconter nos aventures à mon père ensuite, et je l'oublie comme je deviens une part de la réjouissance, c'est organique, c'est diffus et c'est partout, on est tous les captifs béats d'une prière charitable. La seule qui manque, c'est toi.
Je ne sais pas quand je te reverrai, le chemin me ramène vers l'ouest à Caer Dinneval, pour confronter Avarice. Peut-être que le mal qu'on y trouvera demandera le savoir d'une druide.
Je t'écrirai une nouvelle lettre prochainement,
Tout à toi,
Polaris