LE GRAND NULLE PART
James Ellroy
Il y a très longtemps, dans cette galaxie, j’avais eu pour projet de lire le Quatuor de Los Angeles. Comme beaucoup de monde, j’avais découvert James Ellroy par le cinéma et l’adaptation à succès de L.A. Confidential. Je m’étais donc attaqué au Dalhia noir et… disons que ça n’a pas été un échec, mais cela n’avait pas marché. Je m’étais perdu dans son livre et je n’ai aucun souvenir de ce que j’ai lu.
Ayant envie de romans à l’américaine, comme le Diable tout le temps, j’ai fini par mettre la main sur les trois derniers tomes du Quatuor et j’ai donc fini par lire le Grand nulle part.
Et c’était bien. A des lieux de mes souvenirs. J’ai eu l’impression d’être un peu perdu au démarrage, avec la série de noms donnés et j’ai eu quelques difficultés à identifier les personnages au cours des trois premiers chapitres, mais c’est arrivé assez facilement, finalement, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
Danny Upshaw, adjoint au LASD, trouve, dans la nuit du 31 décembre 1949 au 1er janvier 1950, un cadavre portant d’étranges traces. Passionné par la criminologie, qu’il étudie, il se jette dans l’enquête, au mépris de certaines règles et de certains usages. De son coté, le lieutenant Malcolm Considine, réputé pour son incapacité à prendre des risques mais aussi ses qualités d’enquêteur et d’infiltrateur de taupe, est approché par un substitut du Procureur, Ellis Loew, qui entend se présenter aux prochaines éléctions. Mais pour cela, il a besoin d’un coup de projecteur sur lui et se décide à monter un grand jury pour juger les acteurs du monde du cinéma impliqués dans le Parti communisme. Outre Mal Considine, il recrutte Dudley Smith, un policier retors, raciste et violent, ainsi que Buzz Meeks, un ancien flic devenu homme de main de millionnaires et freelance pour la pègre locale. En ligne de mire : Catherine De Haven, une femme riche et pleine de contacts surnommée la Reine rouge, impliqué dans un syndicat gréviste qui cherche à imposer une augmentation des droits des travailleurs des studios, l’UEAF, que de nombreux dirigeants souhaiteraient voir disparaitre au profit du syndicat des camionneurs, chapeauté par un ponte de la pègre, Mickey Cohen. Bien évidemment, tous ces mondes vont se percuter de plein fouet, en même temps que la réalité de chacun : les obsessions de Danny Upshaw, la famille en cours d’implosion de Mal Considine, la vie merdique de Buzz Meeks.
Je voulais un roman noir, j’en ai eu un. L’enquête policière, présente, passe du premier au second plan, revient et repart, en fonction des besoins des personnages, bien campés. Aucun n’est monolithique, tous ont des failles, bien trouvées et bien menée. On est constamment dans la crainte des choix et des risques pris par eux, l’auteur n’ayant aucun remords à évacué un personnage même s’il a pris beaucoup de temps pour le développer. Ça fait plaisir de voir que ce style, dans lequel aucune happy end n’est recherchée, existe toujours et je comprends l’obsession que l’on peut avoir pour James Ellroy. Une chose est certaine, je ne remettrai pas plus de 10 ans entre cette lecture et ma prochaine et, surtout, je vais retourner ma bibliothèque pour retrouver le Dalhia noir et me confronter à mon souvenir de ce livre.