LE VIEIL HOMME ET LA GUERRE
John Scalzi
Je profite des audio livres pour découvrir des auteurs et des livres que je n’aurais pas le courage de m’infliger en lecture. Cela me permet d’accompagner mon temps de conduite, plutôt que d’entendre systématiquement rabâcher des propos conflictuels dans le seul but de provoquer des réactions politiques. J’ai entendu parler de John Scalzi, un auteur de nombreux livres, de séries qui ont visiblement un certain succès et, accessoirement, de suites. La série compte 6 tomes, tous sortis chez l’Atalante, une maison de qualité, au moins fut un temps. La maison d’édition qui a publié en vf l’un de mes plaisirs coupables, la série des Honor Harrington. Alors, bon, quel risque, exactement, que de lire une série de SF militaire éditée par l’Atalante et qui connait un succès d’estime ?
Aucun.
John Perry est un retraité solitaire. Sa femme, Cathy, est morte il y a presque 10 ans, un avc un dimanche matin, alors qu’elle préparait des gaufres pour le petit déjeuner. John et elle s’étaient renseignés, quelques années plus tôt, pour s’engager dans les FDC, les Forces de Défense Coloniale, un groupe militaire privé chargé de veiller sur les planètes humaines colonisées. Les américains étant exclus du programme de colonisation, le seul espoir de quitter la Terre est de s’engager. Mais les FDC ne recrutent qu’à partir de 75 ans et à condition de renoncer à remettre, un jour, un pied sur la Terre. Un espoir pour retrouver une certaine jeunesse ? Deux ans de service, pouvant être étendus à 10 ans ? Cela parait une belle affaire, même si l’on doit, pour cela, renoncer à ses biens, ses proches et son lieu de vie habituelle. Après tout, qu’a-t-on à attendre de la vie à un âge avancé ? Autant en profiter pour découvrir l’univers, même si c’est le fusil au poing…
Nous sommes très loin de Philipp K Dick. S’il y a des secrets à découvrir (pourquoi le gars de la couverture est-il vert pomme ? Pourquoi prendre des vieux quand on pourrait peut-être utiliser des clones ? A quoi servent les FDC), on est loin de secrets qui viennent remettre en cause toutes les croyances du héros ou du lecteur. A la place, on a une suite d’événements, débarquements, affrontements, morts, relations non pacifiques avec plein d’aliens, guerre, débarquement, affrontement, remise en question vite oublié, oh, un secret sur les brigades fantôme, re guerre, re débarquement, un héros que c’est le plus fort qu’on ait vu depuis longtemps et qui, en quelques pages, passe de bidasse à capitaine. J’étais un peu déçu de ne pas le voir devenir Général bien plus tôt, mais ça va, il est humain, plein de compassion mais en même temps, heureux de faire la guerre et doué pour cela.
Est-ce mauvais ? Non, ce n’est pas réellement mauvais. Est-ce bon, alors ? Non, pas vraiment non plus. Il manque ce que Weber (le vrai, le bon, l’américain, pas l’auteur de niaiseries francophones) a réussi à insuffler dans Honor Harrington : des personnages attachant, humains, des liens non artificiels que l’on réussit à partager, un héros prêt à des sacrifices pour des idées et des valeurs qui sont les siennes, un univers de carton-pâte, certes, mais qui donne envie d’y croire, de la SF militaire, certes, mais qui ne remet pas continuellement en question la suspension d’incrédulité.
Bref, à défaut d’être bon ou mauvais, c’est une série qui s’écoute, sur la route, pour ne pas s’ennuyer quand on conduit. Je pense que je ne franchirai jamais le pas d’en lire un en papier. Le temps de lecture est trop précieux pour le gâcher là-dessus…