Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Inspis, théories, conseils ...
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

Disclaimer : Bon, ça devait être un post pour ouvrir la discussion mais dans mon enthousiasme ça tourné à l'article Frankenstein à partir de mes divers notes... mais n'hésitez pas à réagir, à contredire ce que j'ai écrit, à compléter, à éclairer !

Cette réflexion fait suite à nos échanges sur les fils :

EDIT : je vois que le copier-coller à fait sauter les appels de note... Vous pouvez donc lire la version googledoc avec celles-ci là : https://docs.google.com/document/d/10va ... sp=sharing
====

Autour des années 2000, alors que l’Âge noir du JDR se finissait, est né le jeu de rôle libre, en particulier à travers des licences ludiques libres telles que l’Open Game License (OGL) de Wizards of the Coast. Plus de 20 ans plus tard, alors que le JDR a connu sa Renaissance et son Âge d’argent, l’OGL connaît une crise qui révèle les limites du mouvement du libre au sein du JDR. 
 Pour rappel, la culture libre est basée sur 4 libertés (les exemples sont de moi, et peut-être discutables) :
  • la liberté d'utiliser l'œuvre pour tous les usages : créer des personnages, créer des aventures, créer des créatures, des objets, des lieux, des règles, choisir ses règles,  jouer, jouer en public, en streaming, diffuser des parties, etc. 
  • la liberté de copier et de diffuser des copies (aider son voisin) : des feuilles de personnages, d’aides de jeu, de règles, de suppléments (du simple monstre ou sort à l’ouvrage entier), de jeux complets, etc. 
  • la liberté de l'étudier (s'aider soi-même) : bibliographie et sources d’inspiration, notes d’intention et/ou de game design pour le JDR ? builds de personnages ?
  • la liberté de modifier et de diffuser des copies de l'œuvre résultante (aider sa communauté) : créer et publier des aventures, créer du matériel de jeu compatible, traduire, hacker/reskinner un jeu, créer de nouveaux jeux et matériels de jeu non compatibles, etc.
Le constat
La création de l’Open Game Licence (OGL) en 2000 fut un succès qui permit la création d’un très important matériel de jeu compatible avec le système d20 et D&D, mais aussi d’autres jeux sans rapport avec Donjons & Dragons (D&D) tels que Diaspora - hard science-fiction role-playing with Fate (2009), motorisé par Fate mais sous OGL. 
 
Ce mouvement d’ouverture du jeu de rôle fut une nouveauté, même si, par rapport au strict droit de la propriété intellectuelle ou à des licences ultérieures (Creatives Commons en 2002), l’OGL 1.0a est moins ouverte (interdiction de mention de compatibilité, mécaniques de jeu non protégeables dans le droit).
 
Mais alors que l’OGL requiert d’identifier et de signaler clairement le contenu relevant de l’Open Game Content (OGC) -libre et diffusé sous licence en partage à l’identique- et ce qui relève de la propriété intellectuelle (protégé par le droit d’auteur, les marques déposées, etc.), il a été constaté deux défauts :
  1. le non respect de ce devoir -ce qui constitue une brèche de la licence OGL- constaté souvent, avec une simple insertion du texte de la licence dans les ouvrages de JDR,
  2. la non utilisation de l’OGC, hormis pour utiliser et signaler l’OGC des SRD initiaux (SRD 3.5 et SRD 5.1) de D&D. (Même s’il existe des auteurs ayant au contraire déclaré toute leur création en OGC, comme avec Épée & Sorcellerie 2).
Image
L'exemple de Castel & Crusades : Tout est propriété de l'éditeur, sauf la licence OGL.
 
En outre, la crise de l’OGL de décembre 2022-janvier 2023, quand WOTC a voulu révoquer la version 1.0a de l’OGL pour imposer une nouvelle version beaucoup moins ouverte (et coûteuse), a montré plusieurs problèmes à cette licence :
  1. elle n'est peut-être pas irrévocable,
  2. le devenir des œuvres basées sur le SRD 3.5 de D&D, qui demeure sous la licence OGL 1.0a,
  3. le devenir de la “galaxie de l’Open Game Content” licenciée sous l’OGL 1.0a et qui dépasse de beaucoup le SRD 5.1 de D&D mis en licence Creative Commons CC BY.
 Concernant cette “galaxie de l’OGC”, il faut noter que :
  • elle demeure sous licence OGL 1.0a,
  • elle ne peut être réutilisée sans la licence OGL sauf accord explicite des titulaires des droits (qui peuvent être nombreux, difficiles à identifier et recontacter parfois 20 ans après),
  • elle ne peut être relicenciée (par exemple sous CC ou la futur ORC) que par les auteurs originaux, s'ils disposent encore des droits patrimoniaux (il y a une subtilité additionnelle sur le partage éventuel des droits si c'est une œuvre à plusieurs titulaires : l'unanimité est en principe nécessaire sauf si les titulaires des droits se sont organisés autrement).
 
En revanche, si ces jeux avaient identifié leurs parties en OGC avec une licence Créative Commons comme CC BY-SA (attribution, partage aux conditions identiques), ces parties seraient toujours utilisables, quels que soient les choix de WOTC et des ayants droits des parties OGC.
 
Enfin, certains cas de figure n’ont pas été prévu ou mal adressé, que ce soit pour des usages anciens (création de scénarios de jeux officiels, spécifique à ces jeux) comme nouveaux (actual play, streaming, table virtuelle, voire blockchain, cryptomonnaie et jeton non fongible/NFT…).
Les craintes

L’ombre de l’ORC
Outre la révocabilité de l’OGL 1.0a et ses effets sur les œuvres basées sur le SD 3.5 de D&D (qui, contrairement au SRD 5.1, n’a pas été double-licencié aussi en CC BY) et la galaxie de l’OGC, il peut y avoir des questionnements sur la licence en cours de développement “Open RPG Creative” (ORC), et notamment son traitement du contenu libre, tant dans son extension que dans son degré de liberté (degré de copyleft ? droits concernés ?), sa compatibilité avec des licences éprouvées juridiquement et par le temps, etc.
 
La licence ORC pourrait générer les mêmes problèmes que l’OGL : refus de la mention de compatibilité (autorisée pourtant en droit US et français), contenu ludique "libre" mais dans un cadre fermé, restriction de ce contenu libre, etc.
Un SRD 5.1 non viral
Le double licenciement du SRD 5.1 de D&D sous OGL 1.0a et CC BY risque de réduire la production et la diffusion de contenus ouverts car la CC BY -contrairement à l’OGL- n’impose pas de partage des nouvelles créations dans des conditions identiques, permettant ainsi aux nouvelles oeuvres d’être intégralement protégées par le droit d’auteur, rendant impossible d’en utiliser autre chose que les principes des mécaniques de jeu (non protégeables par le droit d’auteur).
Des systèmes ouverts dans des univers fermés
Si la question du contenu libre s'est beaucoup focalisée sur les règles de jeu, l’aspect “lore” est aussi en enjeux.
 Tout d’abord, certaines règles sont indissociables d’un certain lore, comme les créatures, les sortilèges, les peuples des personnages, ce que les SRD de D&D en OGL permettait de gérer.
 Mais d’autres aspects du lore, particulièrement ceux indépendants des mécaniques de jeu comme les lieux, les PNJ, les organisations, etc. sont le plus souvent non versés dans l’OGC (et sont protégeables/protégés par le droit d’auteur ou le droit des marques commerciales). Or ces aspects sont nécessaires pour la création de scénarios qui ne soient pas génériques et qui s’appuient sur et exploitent les spécificités d’un jeu ; pour des backgrounds de personnages ; pour des suppléments de contexte ; pour des parties en public qui se déroulent dans l’univers officiel du jeu ; pour du cosplay ; etc.

 Il y a d’ailleurs eu des jeux qui ont libéré leur univers en utilisant les Creatives commons comme Eclipse Phase (2009), ou d’autres expérimentations de licence comme Theonosis, an open fantasy setting (2010) avec l’Open Setting Licence.

S’inspirer de la fan fiction ?
C'est une problématique dans le milieu de la fan fiction, qui dans le monde américain utilise en grande partie le fair use -non présent en France-, qui recoupe la problématique des scénarios d’aventures spécifiques à l’univers d’un jeu.
 
Certains auteurs et autrices indiquent sur leur site internet ou dans leurs œuvres des conditions autorisant la fan fiction, tels que :
  • l’autorisation ou l'interdiction explicite, enregistrée dans les plateforme de fandom,
  • une utilisation non commerciale et à usage personnel (Anne McAffrey),
  • l’utilisation d'une licence type CC BY-NC, BY-NC-SA (Mercedes Lackey),
  • des mentions obligatoires (“Tous les personnages; la marque X ; sont la propriété de Y” ; “Une fan production/création non-officielle de Z”; etc.) (Neil Gaiman),
  • le contenu pornographique interdit, la recommandation de préserver le jeune public de contenu adulte (Anne McAffrey),
  • la cohérence avec l’univers,
  • l’absence de responsabilité des ayant-droits,
  • une éventuelle tentative de protection mutuelle en cas de sessions de droit (pour un film, etc.) (Anne McAffrey),
  • la possibilité pour les ayant-droits de changer  n’importe quand ces conditions,
  • etc.
 Faut-il créer, en sus des SRD sous licence de jeu libre, des encyclopédies sous une licence analogue ?
Imaginons que j'ai créé deux œuvres, une trilogie à succès : Qui, Revient & De loin, et un jeu pour jouer dans l'univers de cette saga : Le Monde Qui revient de Loin -Ze RPG.
 
Je veux ouvrir un max mon univers pour permettre à des tiers de créer des fan fictions, des nouvelles, des scénarios et campagnes, des suppléments, des règles optionnelles pour mon jeu, des jeux compatibles et des jeux non compatibles soit avec un système différent dans le même univers, soit sans rapport mais reprenant quelques-uns de mes mécanismes.
 
Pour cela, je publie un SRD de mon système de jeu, que je diffuse sous licence CC BY-SA ou TGCM, et une encyclopédie (sous forme de PDF, de wiki ou autre), diffusée sous licence CC BY-(NC)-SA (mais peut-être sans certaines informations nécessaires à la suite de ma saga : l'héroïne, la super-vilaine, l'animal trognon et le MacGuffin). En revanche, mon jeu et mes romans sont strictement protégés par le droit d'auteur, on ne peut donc ni les copier, ni les plagier, ni les vendre sans mon autorisation.
 Exemples d’encyclopédie d'univers :
 
C'est du boulot (publier des romans, un jeu, un SRD et une encyclopédie) mais c'est peut-être une solution à certaines problématiques ?
 Au-delà du système et de l’univers ?Peut-être faudrait-il aussi s’intéresser à des logiciels libres d’aide de jeu ou de VTT, aux plans de figurines pour impression libre, à des encyclopédies libres traitant des jeux, des univers, du milieu du JDR, des concepts du JDR, etc. ?
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Avatar de l’utilisateur
Mugen
Dieu des bottes de cuir
Messages : 13867
Inscription : mer. mai 17, 2006 11:34 am

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Mugen »

Pinaillage : c'est Anne McCaffrey. ;)
Sois satisfait des fruit, des fleurs et même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles.
Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul.
Avatar de l’utilisateur
cdang
Dieu d'après le panthéon
Messages : 4743
Inscription : jeu. avr. 30, 2015 10:23 am
Localisation : Le Havre (Choisy-le-Roi, Saint-Étienne, La Rochelle)

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par cdang »

Comme toujours depuis le début de l'OGL-gate, tu fais u super boulot de synthèse et de réflexion. Je me permet juste de rebondir là-dessus :
Qui Revient de Loin a écrit : mar. févr. 14, 2023 4:02 pm  Faut-il créer, en sus des SRD sous licence de jeu libre, des encyclopédies sous une licence analogue ?
Le « faut-il » me fait un peu tiquer. Chaque auteur et autrice est libre de vouloir garder la maîtrise stricte de son droit d'auteur ou de laisser les gens s'amuser avec sans contrainte. Au-delà de cette liberté de l'auteur·ice, ce n'est pas pour moi une question de « falloir » mais plutôt de : « quel but poursuit-on ? ».

Si un éditeur commercial veut dynamiser son segment de marché, il peut avoir intérêt à jouer entre libérer et garder la main ; c'est ce qu'a fait WotC en 2000. De même si un·e auteur·ice veut promouvoir son œuvre et garder une communauté de fan enthousiaste sans pour autant que ça tombe dans le nawak. Ça peut se faire avec des licences, mais aussi simplement avec de la bienveillance et des accords de gré à gré pour des publications pro, comme l'a fait Pierre Rosenthal avec Simulacres : il a laissé les œuvres amatrices pulluler et a donné son accord pour, par exemple, Capitaine Vaudou.

Un autre cas très différent est : je suis un·e créateur·ice amateur·ice et ça me fait kiffer de développer un truc avec plein d'autres gens, pour faire partager au monde ce que je ense être mes bonnes idées et profiter des bonnes idées des autres. Là on rentre effectivement dans la logique du développement des logiciels libres avec des embranchements (forks) et toussa.

Bref, que « faut-il » ? Je ne sais pas si la question a un sens si on ne rajoute pas derrière « pour… »
--
Vous êtes mort
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

Tu as raison, j'ai fait un gros raccourci.

Oui, les auteurs ont le droit de faire ce qu'ils veulent, c'est tout à fait normal. Tout comme il y a des logiciels libres et d'autres propriétaires, comme il y a des auteurs qui ont gardé tous les droits sur leur œuvre et d'autres qui l'ont mise en creative commons CC BY, comme il y a des auteurs de romans qui refusent la fan fiction, d'autres qui la tolèrent et d'autres encore qui l'encadre et/ou l'encourage.

Le "faut-il" pose la question à 2 niveaux :
D'abord, le plus évident, celui de la promotion du mouvement de l'open gaming.

Mais aussi, moins évident, celui de l'usage légal du JDR, de la formalisation de ce qui est toléré. Et c'est sur ce point que l'ouverture du lore est un enjeu, notamment pour la création de scénarios diffusés publiquement (via la scénariothèque, des fanzines, des magazines de JDR, des sites webs). C'est là que l'absence des notes dans ce post (j'ai mis en début du post le lien vers le doc en ligne avec les notes) est gênant, je mettais un liee vers l'article de Xyrop qui soulève ce problème. Je le mets en gras dans la liste ci-dessous.

=====
Les notes :
Notice légale de Fudge (1995), Dominion Rules License (1999), Circe en licence de documentation libre GNU (2000), Garous - Jeu de rôle libre (2000) avec un projet dérivé de la licence de documentation libre GNU (GFDL) : la licence Harmonique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_ludique_libre 

Cela parait évident, mais cela ne l’était pas pour les ayants-droit de la licence Star Trek, comme le raconte Matt Colville : Revolutionary Acts (2023) (8:20) https://youtu.be/evfcSvSQ0bE?t=500 

Ludox, 25/04/2019. [Réflexion] Publier un scénario pour un JdR tiers préexistant ? sur Xyrop. https://blog.xyrop.com/post/2019/04/05/%5BR%C3%A9flexion%5D-Publier-un-sc%C3%A9nario-pour-un-JdR-pr%C3%A9existant : “Un scénario pour un JdR est normalement une œuvre dérivée de ce JdR. Cela signifie que conformément à l'article L. 112-3 du CPI précité, son auteur peut jouir de la protection de ses droits d'auteur (patrimoniaux et moraux) sur le scénario s'il respecte lui-même les droits (patrimoniaux et moraux) de l'auteur sur son JdR.”
 “Quand le JdR et le scénario ne sont pas écrits par le même auteur, l'auteur du scénario ne peut jouir de la protection du droit d'auteur que si la divulgation au public et l'exploitation de son scénario ne portent pas atteinte aux droits préexistants de l'auteur du JdR sur ce JdR (droits moraux et droits patrimoniaux): en clair, c'est faisable à condition d'avoir le droit d'écrire un tel scénario.”

Ludox, 8/02/2019. [Réflexion] Le contrat de licence et le JdR, sur Xyrop. https://blog.xyrop.com/post/2019/02/08/Comprendre-licences-JdR : “si l'on part du principe que la partie de JdR exploitée publiquement (par vidéogramme / démo / club / convention) est une œuvre protégeable par le droit d'auteur, alors il semble de bonne politique ou à tout le moins raisonnable de prévoir un contrat de licence à cet effet dans chaque ouvrage de JdR : ceci permet au titulaire des droits de contrôler (ou au contraire d'ouvrir à sa convenance) l'exploitation publique de l’œuvre réalisée par des tiers, en précisant explicitement les conditions de réutilisation des éléments de l'ouvrage.
 Par exemple, on peut imaginer qu'un auteur pourrait interdire que soit joué publiquement un scénario qui révèle certains secrets du background, ou exiger que soient cités les auteurs avant chaque partie publique (d'ailleurs, j'ai déjà pu remarquer des youtubeurs faire exactement cela en ouverture de leur vidéo).
 Il s'agit ni plus ni moins que d'une méthode efficace pour préserver les intérêts économiques des ayants droit sur un ouvrage de JdR tout en assurant clairement la sécurité juridique tant des MJ et joueurs qui entendent exploiter publiquement les parties de JdR basées sur ces ouvrages que des tiers qui pourraient souhaiter créer des œuvres dérivées basées sur ledit ouvrage.”

Dans d'autres domaines, c'est la possibilité d’avoir accès à la partition pour la musique, au code source pour l'informatique, aux articles et données pour la science, etc.

“For most users, accepting this license almost certainly means you have fewer rights to use elements of Dungeons and Dragons than you would otherwise“. Kit Walsh, 10/01/2023. Electronic Frontier Foundation. Beware the Gifts of Dragons: How D&D’s Open Gaming License May Have Become a Trap for Creators https://www.eff.org/deeplinks/2023/01/beware-gifts-dragons-how-dds-open-gaming-license-may-have-become-trap-creators

Selon l’avis de Xyrop. https://blog.xyrop.com/ 

Ludox, 25/04/2019. Xyrop. [Réflexion] Publier un scénario pour un JdR tiers préexistant ? 
https://blog.xyrop.com/post/2019/04/05/%5BR%C3%A9flexion%5D-Publier-un-sc%C3%A9nario-pour-un-JdR-pr%C3%A9existant 

Linda Codega, 08/04/2022. Gizmodo. NFTs Are Here to Ruin D&D https://gizmodo.com/dungeons-dragons-nft-gripnr-blockchain-dnd-ttrpg-1848686984 

 
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

Et je rajoute sur les raisons de l'ouverture du lore (qui n'a pas besoin d'être ouvert à 100%, il peut y avoir des chasses-gardées) :

*la problématique du jeu en public (convention, club, streaming, actual play, voire simple compte-rendu de partie) : si le lore est propriétaire et que l’œuvre ne donne pas les droits de représentation, alors le jeu en public dans des univers ou avec des scénarios propriétaires est théoriquement illégal (si j'ai bien compris, hein).
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Avatar de l’utilisateur
AlexS
Pratiquant
Messages : 288
Inscription : mar. juin 27, 2006 10:31 pm

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par AlexS »

Le mouvement JDR libre ouvert existe déjà, et a aussi un certain niveau de maturité. La question à mon sens est plutôt de savoir comment sécuriser les bases légales des pratiques, tout et maximisant leur accessibilité.

L'OGL était de facto le standard dans la communauté, en dépit de ses limitations avérées et potentielles. La question est donc de savoir si on parviendra à la remplacer par un meilleur standard, ou s'il y aura une fragmentation des pratiques, limitant l'appropriation des outils nécessaires au développement du JDR libre
Avatar de l’utilisateur
Snorri
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2589
Inscription : lun. oct. 06, 2008 4:31 pm
Localisation : Lille

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Snorri »

Je suis en train de préparer une version 2.5 d'Epées & sorcellerie en anglais sous une licence CC. Je vais voir ce que je fais d'autres jeux et produits, mais je libérerais tout ce que je peux.
Editions Hobg | Livres & jeux de rôle - 
En précommande : Sophie Pépin-Gomez, Le mouvement démocratique féminin 1962-1971
https://fr.ulule.com/le-mouvement-democ ... 1962-1971/
Avatar de l’utilisateur
Dany40
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2520
Inscription : ven. avr. 28, 2017 2:04 pm
Localisation : Orthez
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Dany40 »

La question qui se pose derrière ça c’est aussi le modèle économique du JDR.

Car au delà des principes, la notion de propriété est grandement liée à la notion de paiement pour pouvoir utiliser les créations d’un auteur … et ainsi faire vivre toute la petite économie qui va avec (éditeur , imprimeur etc …).

Un modèle économique permettant de boucler un budget tout en permettant un usage très libre des créations est possible …. c’est que Posthuman Studios prouve depuis plus de 10 ans avec son jeu Eclipse Phase … mais pour autant c’est un modèle qui semble difficile et risqué.
« Les hommes doués intellectuellement savent qu’il n’y a pas de différence nette entre le réel et l’irréel, que les choses ne nous apparaissent qu’à travers la délicate synthèse physique et mentale qui s’opère subjectivement en chacun de nous. » HP Lovecraft
Liste de mes articles sur le Fix
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

Effectivement.

Le modèle de WOTC avec l'OGL, c'était de vendre des livres de base (règles) et de libérer du matos pour la création de suppléments, de scénarios, de campagnes.

On a vu aussi dans les années 2000-2010 du rançonnage avec les précurseurs des souscriptions en ligne : vendre, et si le pallier est atteint, libérer.

On pourrait aussi imaginer que le business model d'acteurs comme Critical Role pourrait être de gagner de l'argent sur le streaming et l'univers/la marque (dessin animé Vox Machina) et de libérer le livre de règles.

D'autres approches pourraient être de se baser sur les accessoires : figurines, VTT, logiciels de gestion des feuilles de perso/builds, etc. notamment pour des jeux à la DD4 par exemple. Ou encore des abonnements comme les adventures paths.
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

Plus innovant encore, mais c'est pas encore stabilisé, il y a la notion de licence réciproque :
https://scinfolex.com/2018/03/02/coopyr ... ns-et-ess/
https://scoms.hypotheses.org/category/l ... reciproque
Les licences copyleft permettent à quiconque de réutiliser des connaissances partagées à la condition que les modifications et les améliorations soient ajoutées en retour à ces mêmes communs. C’est une grande avancée, mais il ne faut pas faire abstraction du besoin d’équité. Quand on passe à la production d’objets physiques qui nécessite de trouver des ressources pour les bâtiments, les matières premières et des paiements pour les contributeurs, l’exploitation commerciale sans entrave de ces biens communs favorise les modèles extractifs.
 Ainsi, il y a nécessité de maintenir l’idée de partage des connaissances, mais de demander également une réciprocité en cas d’exploitation commerciale de ces biens communs, afin que s’ouvre une sphère d’activités pour les entités économiques éthiques qui internalisent les coûts sociaux et environnementaux. Ceci peut être accompli grâce à des licences Copyfair, qui permettent le partage complet des connaissances, mais demandent la réciprocité en échange du droit de commercialisation.
En gros, un contributeur à l'OGC gagnerait le droit de commercialiser des contenus avec de l'OGC, alors que s'il n'est pas contributeur il ne pourrait utiliser ce type de contenu qu'avec la licence CC BY-NC-SA.
Mais ça pose plein de question sur "l'effort de contribution minimal" nécessaire, sur la gestion de ce droit à commercialiser des contributeurs, etc.

Une façon de résoudre ça serait l'approche de l'économie sociale et solidaire (ou ludique et solidaire ?), avec des éditeurs commerciaux soumis à un "caractère lucratif limité" et/ou ayant un label "ludique équitable", par exemple en ayant une activité de production de contenu en OGC et/ou de salaire éthique des pigistes/rédacteurs/illustrateurs/traducteurs et/ou de contribution à la présence du JDR sur Wikipédia et/ou de promotion de la bienveillance & de l'inclusion et/ou de mode économique de cogestion ("éditeur ludique et mutualiste"), etc.

Mais là c'est un peu de la SF...
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 11816
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Qui Revient de Loin »

AlexS a écrit : mar. févr. 14, 2023 6:19 pm
L'OGL était de facto le standard dans la communauté, en dépit de ses limitations avérées et potentielles. La question est donc de savoir si on parviendra à la remplacer par un meilleur standard, ou s'il y aura une fragmentation des pratiques, limitant l'appropriation des outils nécessaires au développement du JDR libre

Oui, il y a un risque de fragmentation tant dans la chaine (SRD en CC BY -> créations basées dessus mais fermés, contenu ouvert "Licence B-SA" mais cette licence est révoquée donc son contenu ouvert est inutilisable) que de la communauté (contenu ouvert "OGL-SA", contenu ouvert "ORC-SA", contenu ouvert CC BY-SA, etc. toutes ces licences étant incompatible, à par à compartimenter tout).

Cela va donc plus loin que la question de l'appropriation des outils (qui est importante) car cela concerne aussi la pérennité de l'ouverture des contenus (c'est pour ça que je préfère a priori que les CC soient utilisées plutôt que l'OGL, l'ORC, etc.).
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
Xyrop
Zelateur
Messages : 88
Inscription : mer. juil. 28, 2021 11:58 am

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Xyrop »

Snorri a écrit : mar. févr. 14, 2023 7:15 pm Je suis en train de préparer une version 2.5 d'Epées & sorcellerie en anglais sous une licence CC. Je vais voir ce que je fais d'autres jeux et produits, mais je libérerais tout ce que je peux.

Sous licence TGCM j'espère :) ;) :P
Souscrivez à "Ultime Vengeance 3D", le jeu de rôle de TOUS les cinémas d'action !
Mon blog JdR in English et en français.
Xyrop
Zelateur
Messages : 88
Inscription : mer. juil. 28, 2021 11:58 am

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Xyrop »

Qui Revient de Loin a écrit : mar. févr. 14, 2023 7:51 pm. toutes ces licences étant incompatible, à par à compartimenter tout).


Nota : La plupart des licences à copyleft fort sont incompatibles les unes avec les autres, mais toutes les licences ne sont pas a copyleft fort, et les auteurs peuvent stipuler des exceptions.
Souscrivez à "Ultime Vengeance 3D", le jeu de rôle de TOUS les cinémas d'action !
Mon blog JdR in English et en français.
Avatar de l’utilisateur
sherinford
Dieu de sa console
Messages : 8184
Inscription : jeu. oct. 07, 2004 8:36 am
Localisation : Un petit chateau en Belgique

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par sherinford »

Je pense que l'intérêt de la licence libre est fort pour les éditeurs de jeux, et faible pour les ayants droits d'oeuvres populaires.

C'est un constat, je pense, qu'on peut difficilement nier: les jeux à gamme pléthorique, qui ont beaucoup de scénarios et ou de campagnes disponibles, ont tendance à bien fonctionner. Pathfinder, l'Appel de Cthulhu, D&D en sont des exemples marquants. Le fait de permettre à des tiers d'écrire pour ton jeu, c'est amplifier son impact sans avoir à produire toi-même du matos, ce qui prend énormément de temps, mine de rien.

Si par contre, tu es auteur ou ayant droit de Star Wars ou de Harry Potter, la priorité est différente: tu veux protéger ton IP des usages abusifs et tu essaies d'avoir un contrôle de ce qui se fait.
"Si tu souffres à propos de quelque chose d'extérieur, ce n'est pas cette chose qui te trouble, mais ton jugement sur elle ; il dépend de toi de le faire disparaître." - Marc-Aurèle
Xyrop
Zelateur
Messages : 88
Inscription : mer. juil. 28, 2021 11:58 am

Re: Libéré, délivré : faut-il un mouvement du JDR ouvert ?

Message par Xyrop »

sherinford a écrit : jeu. févr. 16, 2023 6:14 pm Je pense que l'intérêt de la licence libre est fort pour les éditeurs de jeux, et faible pour les ayants droits d'oeuvres populaires.

C'est un constat, je pense, qu'on peut difficilement nier: les jeux à gamme pléthorique, qui ont beaucoup de scénarios et ou de campagnes disponibles, ont tendance à bien fonctionner. Pathfinder, l'Appel de Cthulhu, D&D en sont des exemples marquants. Le fait de permettre à des tiers d'écrire pour ton jeu, c'est amplifier son impact sans avoir à produire toi-même du matos, ce qui prend énormément de temps, mine de rien.

Si par contre, tu es auteur ou ayant droit de Star Wars ou de Harry Potter, la priorité est différente: tu veux protéger ton IP des usages abusifs et tu essaies d'avoir un contrôle de ce qui se fait.

Tout dépend du modèle économique envisagé.

Tous les éditeurs de jeu ne vont pas nécessairement valoriser la propriété intellectuelle façon "droits d'auteur" en tant que telle. Les vecteurs de chiffre d'affaire du modèle de WOTC en 2000 étaient en effet, outre la vente du Player's guide (partie propriété intellectuelle) aux consommateurs finaux, les redevances venant d'éditeurs tiers liées aux concessions de droits sur les marques "d20" et "Donjons & Dragons". Et je soupçonne que WOTC misait beaucoup sur ces redevances de marque pour ses revenus - la vente de player's guides ne constituant qu'une externalité positive indirecte.

Le nouveau modèle OGL 1.2 est particulièrement proche de ce modèle "façon 2000", pour des raisons que j'exposerai sur xyrop.com quand j'en aurai le temps.
Souscrivez à "Ultime Vengeance 3D", le jeu de rôle de TOUS les cinémas d'action !
Mon blog JdR in English et en français.
Répondre