17 démos aux Utopiales – novembre 2023 – Nantes
Je fais ce que je veux avec mes cheveux.
illustration Elene Usdin (affiche officielle)
Nantes, tu m'impressionnes. C'était mon premier séjour chez toi. J'étais passé une fois déjà, en coup de vent (pun intended), mais tu n'étais pas là. Je suis flatté que tu aies mis les petits plats dans les grands : deux tempêtes en trois jours. De la volonté, de l'audace, de l'ambition. Tu sais comme j'apprécie les gens qui ont le sens du dépassement de soi et ne lésinent pas sur les moyens. C'est beau, ça force le respect. Heureusement, je suis passé entre les gouttes. Arrivé mercredi soir, juste avant la fermeture des transports en commun (le tramway sous la tempête, un plaisir d'esthète). Reparti samedi en fin d'après-midi, avec une demi heure de retard due à la météo. Cela aurait pu être bien pire. Entre les deux, la Cité des Congrès de Nantes, plaisamment waterproof. Le lieu n'a rien à voir avec un squat à Pantin, ça c'est sûr. La. Grande. Classe.
Alors les Utos 2023, c'était bien ? Très honnêtement, je n'en sais rien. C'étaient mes premières et je ne n'en ai rien vu. J'arrive à l'ouverture, me colle à ma table, prends un quart d'heure de pause à midi et repars à la fermeture. Je sais qu'il y avait des expos de planches de bédé (je passais devant matin et soir) et une vaste scène, où des gens très intelligents causaient d'astéroïdes, de vaisseaux qui font piou piou dans l'espace et de chats moitié morts moitié vivants. Ah si quand même, il y avait des conférences à thème rôliste, auxquelles je n'ai pu assister. Le JdR, est-ce que ce ne serait pas ceux qui en font le plus qui en causent le moins ? Même pas sûr.
Pendant ce temps, j'étais dans la salle Trinity. Là-bas tout au fond, dans le petit coin, table numéro 13 (logique). Un bon spot. Assez bruyant bien sûr (j'ai encore la voix cassée) lorsque la pièce était pleine à craquer de rôlistes en train de nager le crawl dans des donjons, de sauver une galaxie lointaine très lointaine ou de mourir dans d'atroces souffrances (ça, c'était à ma table). Mais gérable. À côté de nous, il y avait du jeu vidéo (bornes d'arcade et VR) en mode mute. La vache, c'était *trop* bien. Combien ai-je fait de festoches et de conventions dans lesquelles les jeux vidéos crachaient du gros son à côté des stands et tables de démo JdR ? Une torture. Youhou, regroupons tous les jeux, informatiques comme tabletop, ensemble ! C'est tellement logique. En vrai, une idée d'orga bien conne, qui méconnaît totalement les contraintes spécifiques au JdR papier. Mais pas aux Utos. Aux Utos, les jeux vidéo ne faisaient pas de bruit et c'était cool. On pouvait cohabiter.
Du coup, j'ai enchaîné. Jeudi, six parties. Vendredi, six. Samedi, cinq seulement car je n'ai pas fait la fermeture. Mon train partait avant. Comme il a eu du retard, j'aurais pu faire une sixième démo, mais 1/ je ne l'ai su qu'arrivé à la gare et 2/ je n'étais de toute façon plus en état de mener. Cuit de chez cuit, le petit père Johan. Je n'ai plus vingt ans et, malgré Ludicité et Étrange Grande, ne suis plus aussi entraîné qu'avant le Covid. Après deux journées bien costaudes, le samedi fut ultra rude. C'est pas dur, une partie, un thé over sucré, une partie, un thé over sucré, une partie, un thé over sucré, toute la journée. Overdose de glucose, du pur dopage. Dans ces conditions, le dimanche aurait été tout à fait déraisonnable. Pas de regrets.
Un énôôôrme tunnel de Camlann. Seize (oui, 16) en trois jours. Là aussi, overdose. Les Utos sont un festival grand public, j'ai eu masse de novices et de débutants à ma table. Et puis, grosse fatigue. Quand je tiens mon calendrier de travail, les conventions de novembre piquent toujours pas mal. Si j'ai bien fait les choses, je viens ou suis en train de publier ma ou mes nouveautés d'automne. Or la sortie d'un numéro, a fortiori de deux (cette année, HS13 et HS14. Double the trouble, double the fun. Je suis toi, madame, j'achète), c'est du gros taf. Enchaîner avec une conv est difficile, à plus forte raison si c'est un festoche de bonne taille. Hors considérations liées au public, Camlann s'impose car c'est mon scénario le moins exigeant en terme de maîtrise.
Je savais que ce serait difficile donc ai soigneusement pesé le pour et le contre lorsque je me suis engagé. Mais que voulez-vous, la tentation des Utos fut plus forte que la raison. Reste qu'être aware des difficultés ne les aplanit pas. On a beau savoir dans quoi on met les pieds, cela ne change pas la température de l'eau. Même si je ne connaissais pas le festival, juste ce que j'en avais lu sur le Net à droite et à gauche, j'ai assez l'habitude des convs pour m'en être fait à l'avance une assez bonne idée. De fait, je ne fus pas déçu. C'était comme j'avais pensé. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas fait le forcing pour le quatrième jour. Et j'ai eu raison. Trois, c'était très bien.
Seize Bretagne arthuriennes menacées, sept de sauvées (dont une avec quatre survivants sur cinq, cette vieille tôle que je me suis pris) et neuf de perdues. J'ai distribué deux Perceval (Perceveaux ?) en joker. Au global, bilan très correct. Les stats ne sont pas mirobolantes, mais je n'ai pas démérité. Vendredi, deuxième partie de la journée, un peu avant midi. Des joueurs se pointent, je les assois et m'en vais en recruter d'autres pour compléter ma table. Sauf que ceux qui y sont déjà recrutent également de leur côté, sans me le dire. Au total, neuf personnes. Du coup, comme je suis encore relativement frais, je mets Camlann de côté et sors Dracula. Partie très cool, mais à sens unique. Bon sang, Van Helsing et ses jeunes compagnons ont pris bien cher ! Cette partie m'a fait grand bien. Elle a cassé ma routine Camlann et m'a permis de constater que j'avais encore de beaux restes sur Dracula. Un peu rouillé (approximatif sur une ou deux procédures mineures, il faut que je révise), mais toujours efficace. Soulagement, je l'avoue. Il y avait si longtemps que je n'avais eu l'occasion de dérouler ce scénario. Parfois, en conv, il faut savoir mener dangereusement.
Ces Utos furent aussi l'occasion de rencontrer en vrai des stars du milieu rôliste. Les copaings de Projets R, Pierre Rosenthal en contrebande. Ben Felten entre deux démos. Xaviiier, auteur de The Caravan. Un garçon adorable, one-shoté en Tour 1. Hunter Chameleon, fan de Sombre et groguiste incoginto (sans son chapeau). Antoine Saint-Epondyle, journaliste infiltré. Mutos et Lisa d'Hoshikaze, qui ont comme moi réalisé le grand écart Nantes / Pantin. Thomas Munier, qu'on ne présente plus. Globo, qui lui aussi jouait à domicile. Et même Tolkraft, entraperçu huit secondes (record battu !). Super plaisant de croiser et, quand le boulot m'en a laissé le loisir, de papoter avec tout ce beau monde. C'est à cela (aussi) que servent les convs et c'est pour cela qu'elles sont si cool.
Les mercis
+ Énorme super gros merci à Mathieu, grâce à qui j'ai pu participer à mes premières Utopiales. Merci pour l'indéfectible soutien, merci pour l'invitation, le défraiement et l'hébergement, merci pour les multiples véhiculages, et merci pour toutes ces plaisantes conversations archéo-rôlistes. Un séjour inoubliable.
+ Chaleureux remerciements à Ludinantes, l'association qui gère le pôle ludique des Utopiales (Florence, Nimaël, Alexis, Corentin, Roxane et tous ceux dont j'ai oublié les prénoms). Efficacité, amabilité et disponibilité, la Sainte Trinité des orgas de conv.
Mon body count
17 parties, 82 joueurs, 84 personnages, 67 morts