XO de Vorcen a écrit : ↑dim. juil. 17, 2022 5:23 pm
Pendant longtemps, on ne connaissait pas les techniques d'étayage. Les mines antiques et médiévales utilisaient à certains endroits des enfants dans des "terriers", selon la nature du terrain. Avec plein de morts suite à effondrement. Donc pas de sape à ces époques.
La sape, c'était une galerie étayée avec de la broussaille ou du petit bois bien sec pour incendier et créer un affaissement de terrain. Du moins avant la poudre noire.
Je suis un peu surpris par ce que tu énonces là, je suppose donc que j’ai mal compris ton propos. L’étayage est très bien connu et maîtrisé par les Celtes (dont les gaulois) et par d’autres groupes antiques. Tu cites l’exemple des mines creusées par des enfants mais on a justement de nombreux exemples de mines gauloises avec des traces d’étais horizontaux et verticaux. Je donne les liens vers deux articles (parmi d’autres) par des spécialistes de la question dont Béatrice Cauuet, spécialiste des mines gauloises et antiques :
https://www.researchgate.net/publicatio ... ue_romaine
https://www.persee.fr/doc/galia_0016-41 ... _57_1_3214
Un autre cas d’application très connu et facile à se représenter des étayages anciens est le cuvelage des puits. Il existe plusieurs puits gaulois avec étayage complexe en bois conservé mis au jour par l’archéologie. Ce n’est pas fréquent en raison des problèmes taphonomiques de conservation du bois. Un exemple parmi d’autres:
https://www.persee.fr/doc/racf_0220-661 ... _39_1_2845
En considérant les étayages de puits, la pratique remonte à bien plus loin que la fin de l’âge du Fer et nos Gaulois. On en connaît pour les périodes protohistoriques plus anciennes (âge du Bronze et premier âge du Fer) mais on en connaît aussi pour le Néolithique. J’en ai fouillé deux (un en Dordogne à Boulazac daté du Néolithique ancien et un dans les Bouches-du-Rhône à Vernègues et datés du Chasséen – Néolithique moyen) très anciens qui ont livré du bois d’étayage conservé. Quelques millénaires avant nos Gaulois.
Quelques exemples de puits néolithiques dont certains sont étayés :
https://www.academia.edu/24001712/Les_p ... 0_creuser_
Nos Gaulois étaient d’après César lui-même dans son bestseller (De Bello Gallico) très doués dans l’art de la sape d’ouvrages défensifs. C’était même une pratique assez courante pour eux. Il décrit même la pratique dans l’attaque menée par des Belges en -57 sur l’oppidum de du peuple Rème de Bibrax (de mémoire sa localisation est encore inconnue) : « Les Gaulois et les Belges mènent leurs assauts de la même façon. Ils commencent à se répandre en foule tout autour des murs et à jeter des pierres de toutes parts ; puis, quand le rempart est dégarni de ses défenseurs, ils forment la tortue, mettant le feu aux portes, et sapent la muraille ». On voir par ailleurs que la sape n’est pas toujours souterraine alors, un groupe de soldats protégés par différents systèmes (tortues ici) s’attaquent à creuser à la base du rempart pour s’infiltrer en dessous et creuser ensuite latéralement jusqu’à effondrement. César décrit aussi des creusements en mines dont les Gaulois sont des spécialistes. Il décrit aussi pour le siège d’Avaricum (Bourges), en partie, la pratique de la sape :
https://www.persee.fr/docAsPDF/sracf_11 ... 1_1407.pdf
Par ailleurs, l’une des spécificités défensives du monde gaulois est le murus gallicus, un ouvrage fortificatif des oppidas gaulois (qui ne sont pas que des parures urbaines). L’une des propriétés mécaniques de ce type de fortification est de très bien résister à la sape car sa structure interne est très solide via tout un système d’entrecroisement de poutres et de grandes fiches de fer.
https://journals.openedition.org/pallas/8249#ftn65
Au sujet de la question de
@Pyth, quelques pistes de réflexion rapidement esquissées. Vitruve est une des sources principales même s’il s’agit souvent de compilations de références plus anciennes (tout comme Athénée) d’auteurs et d’ouvrages anciens parfois inconnus et/ou disparus (Diadès et Agésistratos notamment). Les ouvrages de poliorcétique apportent leur lots d’informations sur le sujet. Par exemple Apollodore de Damas avec Les Poliorcétiques dont le texte traduit est accessible en plusieurs endroits du net :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Poli ... _de_Damas)
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039 ... _3_11_5457 = traduction de 1867 avec une préface intéressante.
Pour les Grecs un exemple, on connait « bien » le cas du siège de Rhodes par Démétrios (-305 av. n. è., un des contrecoups de la mort d’Alexandre) notamment par Diodore de Sicile et Plutarque plus tard. On peut y apprendre que les engins de guerre sont parfois construits sur place avec les matières premières à disposition (comme les hélépoles) et que d’autres sont transportés sur de longues distances en pièces détachées par une logistique très efficace. Démétrios disposés ainsi d’équipes d’ingénieurs spécialistes et des technitai (spécialistes de la construction de machines de guerre). Technitai qui ont parfois constitué des prisonniers de choix. Ces spécialistes font même preuve d’innovations techniques durant les sièges en faisant évoluer les équipements.
Au sujet de Rhodes, Démétrios et de la poliorcétique grecque :
https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004 ... 105_2_5665
Et sur les technitai en creux :
https://books.openedition.org/pur/25927?lang=fr