[Avertissement : le CR qui va suivre a été écrit du point de vue d'un personnage qui n'a pas toute sa tête : Rabel (PJ). Celui-ci se dit marchand, mais il est surtout un hérésiarque, autrement dit le fondateur d'une hérésie. Il a rédigé le Testament de la Sainte Lumière, en a fait plusieurs copies, et tente de propager sa nouvelle foi. Il va sans dire que l'Orthodoxie mettrait tout en oeuvre pour le purifier par les flammes si elle venait à avoir vent de ces actes blasphématoires.
En attendant les autres PJ ignorent s'il joue la comédie, s'il est crétin ou schizophrène, ou encore s'il est constamment sous l'influence d'une substance hallucinogène. Ses actes imprudents voir stupides auraient dû lui coûter la vie plus d'une fois, mais une chance surnaturelle le sort - pour l'instant - de chaque mauvais pas.
De plus, il peut dire tout et son contraire dans une même phrase, ou se contredire avec une mauvaise foi à claquer. Parfois, il parvient tant à agacer ses compagnons, que j'en viendrai à tirer mon chapeau devant leur self-control mis à si rude épreuve...
Le CR couvre les six épisodes joués jusqu'ici... par le petit trou de la lorgnette de Rabel le Marchand...]
Journal de bord de l'expédition « Percée de la Sainte Lumière »
Par Rabel Durand de Palidam
Année 0 de la Sainte Lumière
Prélude à l'expédition :
Voici quelque temps, j'ai retrouvé mon ami de longue date Enky Tastemalt. Il est désormais au service de l'Orthodoxie en tant que chevalier de la cause. Cela m'attriste quelque peu de le voir devenu fanatique de cette fausse religion. Toutefois, il m'a appris un fameux projet de famille : il souhaite partir avec une expédition et ses oncles à la recherche d'une relique très précieuse pour l'Orthodoxie. Il n'en connaît pas encore les pouvoirs mais, selon lui, la relique est de premier ordre et sa mission lui vaudrait de grands honneurs...
Nous nous sommes rencontrés sous ma couverture de marchand, couverture qui me permet tout d'abord de vivre, de prospérer. De plus, elle me donne l'opportunité d'explorer le monde et ses innombrables merveilles. Pour terminer par le plus important : cette couverture est le meilleur moyen de propager la foi en la SAINTE LUMIÈRE.
Jour premier de l'expédition :
En ce jour premier, nous sommes allés dans une auberge du Baomwalth. Nous devions y rencontrer un guide et une équipe de mercenaires pour l'expédition. Des personnes triées sur le volet, m'a-t-il dit.
Son contact, un certain Ogon, me semblait être quelqu'un de sage et raisonnable.
Le premier comparse d'Ogon était un semi-orc qui répondait au nom de Gurak. Ce sang-mêlé devrait nous guider en terre hostile, là où Ogon ne saurait être notre guide. Un être, ma foi, curieux, polyglotte lui aussi, puisque je l'entendis parler en pierreux avec un des êtres les plus fascinants qu'il m'ait été donné de voir : un semi-géant répondant au nom d'Uzog et ne semblant point très malin. Il ne parlait que le pierreux et ne paraissait intéressé que par la nourriture.
Le dernier membre de cette troupe était un gnome, ami du semi-géant, un dénommé Nikolaï qui, lui, possède l'admitatur. Ce gnome est sûrement le cerveau de ce duo peu commun.
Ce groupe, ma foi, très hétéroclite se révélait des plus intrigants. Ma curiosité et ma soif d'exotisme était pleinement satisfaite.
Après les négociations d'usage, nous partîmes à travers le Baomwalth guidés par Ogon.
Jour 34 :
Au bout de plusieurs semaines de voyage, nous fûmes attaqués par une horde de Gobelins et des hommes d'armes qui semblaient de mèche pour détrousser les voyageurs... Un combat sanglant fût engagé, mais je ne pus que me questionner quant à la raison de la présence de ces Gobelins, si loin de leur territoire. Pourquoi diable auraient-ils été à la solde de ces énergumènes ? Pourquoi s'en prenaient-ils à d'humbles voyageurs ?
C'est après avoir réalisé que nous avions peut-être commis un impair diplomatique que je décidai, en pleine mêlée, de négocier avec leur chef. Cette négociation me valut de tomber dans les pommes, assommé par un coup de marteau d'Enky. Enky avait porté ce coup pour me sauver de l'attaque d'un Gobelin qui aurait pu m'être fatale.
Mes comparses me portèrent jusqu'à un surplomb où je pus reprendre des forces.
Nous retrouvâmes les traces des Gobelins quelque temps plus tard grâce à Ogon, et nous les pistâmes jusqu'à une grotte. Nous décidâmes donc de nous reposer jusqu'au petit matin avant de passer à l’assaut de celle-ci.
Jour 35 :
Blessé comme je l'étais, je ne pus accompagner mes compagnons pour la reprise de la grotte et du butin. Je dus rester près des chariots avec Karel, le cousin d'Enky. Je ne l'ai pas mentionné auparavant, car il me semble être une personne trop pauvre d'esprit. Fanatique de l'Omnipater qui, aussi stupide qu'inutile, passe ses journées à prier.
Mes compagnons sortirent victorieux de cette grotte, où ils ont pu libérer Sildar - le maître d'armes qui accompagnait Gundren, l'oncle aîné d'Enky - et un dénommé Gur. Ce dernier était un Gobelin qui me semblait plus malin que la moyenne et d'une bonté absolue puisque, selon les dires d'Enky, il semblait amical et n'était pas leur prisonnier.
Jour 36 :
Il fut décidé de s'attacher les services de Gur pour retrouver Gundren. Celui-ci semblait persuadé que nous pourrions le retrouver à la Ferté Mâcheroc. Lieu où logeait leur Roi, un certain Groll, qui les avait contraints à obéir à un horrible maître, un goblours du nom de... Je ne sais plus mais qu'importe. Cette créature semblait affreuse pour avoir asservi d'aussi bonnes créatures que les Gobelins.
Je décidai de me lier d'amitié avec Gur afin d'en apprendre plus sur sa culture. J'appris que les Quatre Vents étaient leurs dieux. Un nom intéressant pour la manifestation de la douceur de la Sainte Lumière. Eh oui, le vent n'est que l'émanation de la Sainte Lumière. Je l'expliquerai plus amplement dans les textes sacrés... La Sainte Lumière est partout, Elle est Tout. Toutes les créatures devraient La vénérer. Elle englobe chaque espèce, puisqu'Elle lui confère sa bonté.
Jour 40 :
Je digresse... Nos pérégrinations nous amenèrent non loin de Phanalbourg, de la Ferté Mâcheroc et de ruines où loge Venenum le Dragon.
Nous fîmes un essai pour entrer en contact avec Venenum, mais des adorateurs sidhes nous en empêchèrent, et Uzog me sauva la vie lorsque je tentais de négocier avec eux. J'aurais pourtant aimé rencontrer ce Dragon mythique, même si je sentais son immense colère. J'aurais aimé pouvoir comprendre sa douleur et l'apaiser en lui parlant de la Sainte Lumière. Le moment ne semblait guère propice. Je souhaite avoir un jour le temps d'y revenir.
Gur prit peur à l'approche de Venenum et dut s'enfuir pour ne pas mourir. Je le comprends, pauvre créature si frêle. Nous finîmes la journée dans un cercle druidique profané par Uzog. Je me dis que ce semi-géant est aussi stupide qu'il en a l'air. Il a même flagellé des pénitents de l'Omnipater. Cependant, il a toute ma sympathie pour avoir aidé ces stupides fanatiques.
Je dus prier en venteux la Sainte Lumière (afin que personne ne comprenne pourquoi je priais) de façon à aider le druide à rétablir la magie de ce cercle. Oui, là encore vous ne le voyez peut-être pas, mais la magie druidique, qui est issue de la nature, est une magie de la Sainte Lumière. Elle est la manifestation de la vie de la Sainte Lumière qui nous permet de grandir et de nous nourrir.
Je comprends, vous qui lisez ce journal de bord semblez perplexes, mais la Sainte lumière est partout. Pas comme l'Omnipater, qui est un dieu fait par les hommes.
Jour 41 :
Nous décidâmes de nous rendre à la Ferté. Je ne compris pas le choix de mes amis qui, plutôt que de demander l'hospitalité à notre ami Gur, choisirent la voie de la violence en attaquant la Ferté.
Je me présentai à l'entrée et sollicitai audience auprès du roi au nom de mon amitié pour Gur. Audience qui me fut accordée sans grande surprise, l'amitié est quelque chose de sacré pour les Gobelins. Je fus reçu par un Hobgobelin gradé du nom d'Evhar, qui eu la politesse de m'escorter et de m'inculquer les rudiments de bienséance pour l'audience auprès de leur roi. Un Hobgobelin qui me semblait fort sympathique mais pas à sa place dans une campagne de guerre, tout comme Gur.
Je fus présenté au roi, qui était en entretien avec une Sidhe. Ils semblaient parler de la Veuve Noire. Le roi Groll me parut moins sympathique et fit convoquer Gur. Ne semblant pas partager les croyances de l'amitié gobeline, ni leur légendaire bonté. Son garde du corps tenta de m'étrangler car Gur refusait, semble-t-il, de lui donner des informations. Il ordonna à Evhar de tuer Gur. Je vis celui-ci commencer à le rouer de coups. Après quelques instants, je tombai dans l'inconscience.
Je me réveillai quelques heures après, libéré par mes comparses. Gur était présent à côté de moi et Marlin (mon chien). Gur ne semblait avoir que quelques contusions. Je n'avais moi-même que quelques bleus autour de la gorge. Evhar n'avait pas exécuté les ordres de leur roi. Comme je le soupçonnais, c'est un Hobgobelin plein de bonté et de bon sens.
Après examen de la pièce, nous nous aperçûmes que le roi et la Sidhe étaient partis par un passage caché sous le trône. Je décidai, avec Ogon et Gurak, de partir à leur poursuite. Mes autres compagnons - dont je n'entendis les péripéties que plus tard -, eux, décidèrent de fouiller la Ferté à la recherche d'indices sur Gundren.
Après quelques dizaines de mètres parcourus, nous arrivâmes à une salle où les esprits semblaient agités. Mes compagnons prirent peur, et lorsqu'il y eut un éboulement derrière nous... Ils firent demitour... Je ne me résignai pas et décidai de poursuivre la piste seul. Je reviendrais les chercher une fois que j'aurais trouvé du secours, ou un lieu sûr.
Je m'engageai donc dans cette première pièce plongée dans le noir. À l'aide de ma seule torche et de Marlin, mon fidèle compagnon. Après quelques mètres dans ce lugubre environnement qui sentait le froid, l'humidité et la moisissure, j'arrivai à la salle suivante, où je sentais les esprits agités. C'était en fait un véritable charnier. Les cadavres avaient été empilés là, sans sépulture, sans rituel... Les esprits ne reposeraient jamais en paix.
Les cadavres se mirent à bouger. Je pris mon pendentif de dragon en argent et me mis à prier pour le repos de leurs âmes, ainsi que pour la bénédiction de la Sainte Lumière. Je pus rejoindre la sortie sans encombre. Pauvres esprits, je reviendrai vous libérer.
À la sortie, je pus retrouver quelques traces, notamment celles d'un groupe de Gobelins logés dans une clairière. Je décidai de leur demander secours au nom de mon amitié pour Gur. Je dus, pour les convaincre, faire preuve de mes talents de prêtrise et de magie. Ils m'élirent alors prêtre des Quatre Vents. Poste que j'acceptai puisqu'il respectait la Sainte Lumière. En échange de quoi ils nommèrent Gur comme roi des Gobelins.
Je repartis en arrière avec cette armée à mes côtés afin de sauver mes compagnons laissés à la merci des esprits torturés. Lors de notre entrée dans la salle des esprits, mes compagnons étaient là, luttant avec les cadavres. Ils avaient de telles difficultés que seul Enky avait pu traverser la salle. Pour les galvaniser, je hurlai "l'Armée Secrète du roi Gur est là !". Le combat fût acharné mais grâce à l'aide de nos amis gobelins, nous obtînmes la victoire.
Seul Uzog m'inquiétait : je ne sais si c'est par frénésie du combat ou ces lieux hantés, mais je dus l'arrêter par magie afin qu'il ne tue pas les gobelins. Toutefois, après le combat, il avait retrouvé son aspect benêt et sympathique.
Nous dûmes monter un camp dans la Ferté à l'issue de ce combat. Je m'engageai en tant que prêtre des Quatre Vents. Je félicitai Nikolaï pour avoir ralenti les esprits dans leur progression grâce à sa magie. Et enfin, j'avertis notre ami Gurak de ne point trop montrer sa magie car, même si Enky était
tolérant en situation de crise, nul ne sait si d'autres que lui ne le vendraient pas aux autorités, et ce, malgré le fait que sa transformation en animal sauvage, ses coups de griffes et ses boules de feu soient dévastateurs.
Jour 42 :
Nous partîmes tôt du campement pour retourner à Phanalbourg, afin de retrouver Karel et Sildar.
Je m'arrêtai au comptoir des Liongarde pour faire part du contrat que Enky et moi nous étions engagés à honorer auprès d'Ogon Pas-de-Loup. En échange de quoi, Linène Ventgris me demanda de retrouver une cargaison d'objets féminins perdus entre la Voie des Pénitents et la Piste de Trigoret. Je tentai de faire parvenir un message à Gur via Sildar pour qu'il fasse cette recherche à ma place, ne disposant pas forcément du temps nécessaire, mais celui-ci refusa. Il ne comprend pas la bonté des Gobelins.
Nous apprîmes qu'une guilde, « les Diables Rouges », sévissait dans le coin, et nous décidâmes, avec Ogon, de faire un tour dans leur taverne, « le Géant Assoupi », pour obtenir des renseignements sur Gundren et potentiellement de l'argent, car nous étions à court de fonds.
Les Diables Rouges sont en affaire avec la Veuve Noire et font du trafic abject d'êtres humains (des enfants), mais la vie nécessite parfois des sacrifices et les marchés d'Olmeria regorgent de marchands dans ce genre. Ces marchands sont encouragés par l'Orthodoxie. Malheureusement...
J'essaierai de sauver ces enfants, mais il faut que je trouve un moyen de rencontrer le chef des Diables Rouges (Verre-bâton) et que je trouve un moyen de gagner un peu d'argent. Les Gobelins pourront peut-être m'y aider.
À proximité de Phanalbourg, Uzog et Enky ont retrouvé des affaires appartenant à Gundren. Uzog parle couramment saltharite, à ma grande surprise, et semble beaucoup plus intelligent qu’auparavant. Il s'est bien moqué de moi. Je pense que, les temps s'annonçant plus rudes, il a décidé de coopérer avec le groupe. Il faudra que je lui parle de sa haine des Gobelins. Et que je lui apprenne à respecter Marlin : le fait de jeter un chien n'est pas tolérable.
Phanalbourg semble regorger de mystères qu'il me tarde de découvrir, mais je serai fidèle à Enky. Je le servirai en premier, j'aimerais toutefois que mes intérêts fructifient dans la région. Il faut que je mette Gur et Linène en relation afin de faire prospérer le commerce et la Sainte Lumière.