Au début des années 2000, le FBI avait migré ses bureaux de l'ancien QG en périphérie de Central City pour venir s'installer dans Lake Terrace, un phénoménal coup de bol puisque le bâtiment précédent allait être définitivement ravagé durant la catastrophe.
Pour autant, le Field Office ne va pas s'en sortir indemne. Même si par chance, la digue, si proche, tiendra bon jusqu'au bout et que le quartier sera l'un des rares endroits en lisière du lac à ne pas finir inondé, le Field Office va perdre sa toiture dès le premier soir, enfoncée par le poids de l'eau de pluie accumulée. Le toit n'existe plus, le quatrième étage est ravagé et le troisième totalement inondé. Ce soir là, le FBI perd toutes ses archives sur papier et microfilms, sa salle des serveurs, les bureaux de ses exécutifs (situés au 4ème), et ses labos de recherche (en plus d'une tripotée d'autres salles moins sensibles). Il n'y a plus de courant, plus de téléphone, et seuls le SAC (pour Special Agent in Charge, le directeur local) James Bernazzani, cinq agents et deux vigiles sont sur place. Ils passeront 4 jours et 4 nuits sur site, à dormir dans leurs voitures, avec pour seul contact avec l'extérieur le téléphone satellite du SAC, avant d'être finalement évacués en hélicoptère sur Baton Rouge.
Pour autant, même avec des moyens aussi limités, Bernazzani a déjà commencé à organiser le plan d'urgence. A Baton Rouge, il réquisitionne 2 étages de dortoirs du campus de l'université pour en faire le nouveau QG, ainsi que le bâtiment d'une fraternité qui lui, servira à loger une partie de ses agents (les autres dormiront sous les tentes de l'armée), et c'est de Baton Rouge que va se mettre en place le plan d'urgence.
En quelques jours des renforts sont arrivés de tous les états; le FBI de Boston par exemple, envoie 200 agents et ses équipes du SWAT, l'armée est sur place, la police tente de réunir ses effectifs, la Garde Nationale débarque... Et il faut organiser tout ça: C'est le Law Enforcement Coordination Center, spécialement créé pour l'occasion, sous commandement du Bureau, qui va s'en charger.
Baton Rouge se trouvant tout de même bien loin du "front", on réquisitionne d'abord un country club en périphérie de NOLA qui servira dans un premier temps de poste avancé. Un peu plus tard, quand le niveau d'eau sera redescendu, c'est dans un hôtel (charmant d'ailleurs, l'hôtel, le genre à colonnade en fer forgé typique du quartier) du French Quarter que le Bureau posera ses valises et opérera pendant plus de deux mois.
Malgré les apparences, c'est du camping, de la débrouille, et souvent de l'impro. on en est quand même au stade où la majorité des agents par exemple, finissent fringués en militaires... parce que leur garde-robe personnelle moisit quelque part en ville!
Le SWAT réduit à devoir jouer les flics dans les rues de NOLA
Durant toute cette période, le FBI, chahuté par les médias, aura vécu à la manière d'un camp retranché, épaulant au maximum les secours dans un premier temps (tous les agents de terrain participent aux sauvetages et aux recherches), puis organisant les forces de l'ordre pour empêcher les émeutes, les pillages et retrouver la pelletée de criminels jugés particulièrement dangereux qui ont profité de l'aubaine pour disparaître dans la nature.
Quatre mois plus tard, en janvier 2006, le FBI a donc réintégré ses locaux, retapés en urgence. Les travaux sont loin d'être terminé, mais le bâtiment est suffisamment salubre pour servir à nouveau de Field Office (et donc par la même occasion, d'héberger temporairement les autres agences qui n'auront pas eu la même chance). Le Law Enforcement Coordination Center est par ailleurs toujours actif, bien que nettement moins sollicité.
Totalement surchargé de travail, le Bureau travaille maintenant surtout aux fraudes générées par Katrina: Fraudes des politiques et des industriels déjà, pré et post Katrina, afin de déterminer qui est responsable du fiasco, mais aussi qui cherche à s'en mettre plein les poches par siphonnage de fonds ou par corruption publique. Fraudes au programme d'assistance également, pour traquer tous ceux cherchant à se servir dans les caisses de la Croix Rouge et du Programme d'aide au retour à domicile. Fraudes des forces de police aussi (tel ce chef de police qui expulsait des habitants de chez eux sous de faux prétextes d'insalubrité pour que ses équipes pillent les lieux...). Fraudes criminelles enfin (meurtres en série, kidnappings, extorsions, activité des gangs etc) qui explosent littéralement par rapport à l'époque pré-Katrina.
Même si personne n'a encore les chiffres, le nombre de fraudes tombant directement sous la juridiction du FBI en Louisiane va augmenter de 243% de 2006 à 2008. Le tout à gérer avec les moyens du bord.