- 2947, Silvedi, le 2nd d'Astremair, fin de matinée.
Je reprend la plume car la soirée d'hier fut riche en événements.
Tout d'abord, on nous a fait patienter. Wuduseld est plus qu'un bâtiment officiel, il est un palais de bois, sculpté, gravé sur chaque centimètre de sa surface par les artistes de mon peuple afin d'y conter notre Histoire. Sur chaque poutre, sur chaque paroi, des dessins stylisés racontent les hauts faits du passé et cela jusqu'aux origines de notre Peuple.
A vrai dire, tout cela est moins pratique qu'un bon grimoire mais peu nombreux sont les érudits parmi les miens, je dois en convenir.
Outre le repos et une collation frugale pour meubler notre attente, une guérisseuse se présenta à nous. Grande avec de longs cheveux d'ébène, habile certes mais peu portée sur les discussions sociales, cette élève de Radagast n'a pas voulu révéler son nom. Cette pimbêche arrogante mériterait une bonne leçon pour son comportement. Bizarrement ma réaction a fait sourire Kalderic, je ne comprends pas bien pourquoi...
Ma – courte - joute verbale avec la guérisseuse terminée, je ressentis le besoin de me revoir la Rivière. Je quittais là mes compagnons et descendis du Wuduseld vers la rive proche.
La Rivière Sombre, c'est sur sa rive que je suis née et que j'ai passée toute ma vie. Plus encore, je sais désormais quel lien intime de naissance je partage avec ce cours d'eau. Marcher nu-pieds dans son eau après cette longue séparation me rafraîchit l'esprit et le corps tout d'un seul.
Les retrouvailles terminées, il fallait encore affronter le Conseil des Anciens
Dans le grand amphithéâtre de bois, les 5 membres qui le composent nous attendaient :
- Béran Trois Chemins : c'est un homme grand, mince, dégingandé, enveloppé d'une pelisse de poils longs. Sa barbe est fine et bien taillée, descendant jusqu'au nombril. Ses cheveux sont courts et blancs. Et son regard perçant est bleu. En l'absence d'Ingomer, il est le Porte-Parole du Conseil et sans doute son membre le plus éminent.
- Iwald BlancCerf : lui aussi est grand mais ses cheveux sont rasés et sa barbe hirsute. Il est vêtu de cuir léger. Malgré son âge, il a encore une forte musclé héritée de ses années de chasse. C'est encore l'un des meilleurs éclaireurs de Fortbois.
- Imnarchar Mille chênes : celui-ci est un vieillard au corps noueux et marqué. Ses yeux clairs paraissent presque gris et sa barbe vénérable est blanche. Son passé de grand Bûcheron l'a amené à son statut actuel.
- Homme petit et massif avec une barbe poivre et sel et des cheveux courts, Baldac le ciseleur est un sculpteur, un artisan de la mémoire des ancêtres que tous peuvent lire sur les murs du Wuduseld.
- Odo le Pâle, à la peau blanche maladive, possède un regard inquiétant avec ses petits yeux bleus profondément enfoncés dans leurs orbites et ses sourcils broussailleux. Mais c'est un voyageur sans pareil et un connaisseur des choses qui marchent et qui volent. On dit de lui qu'il est celui qui connaît le mieux la Rivière.
C'est évidemment et dés le premier regard celui qui me sembla le plus intéressant (le seul?) parmi ce groupe de vieux croulants.
Aux cotés des membres du Conseil se tenait un homme que je ne connaissais pas. Habillé comme nous en vêtements de voyage, il portait ses cheveux mi-longs avec d'épais favoris et une épaisse moustache. Béran nous le présenta avec beaucoup de courtoisie comme l'émissaire de la tribu des hommes du Goulet de la Forêt, désireux selon lui de rejoindre le peuple des Hommes de la Forêt. Béran possédait visiblement une grande confiance en cet étranger, nommé Morkt, assurant qu'il comptait sur lui pour amener le renouveau au sein de notre peuple. Rien que ça ! Immédiatement j'ai conçu une grande méfiance pour cet homme et sa tribu, restés à l'écart depuis...
Et bien depuis toujours et qui soudain souhaitaient nous apporter « le renouveau », au moment où l'Ombre bougeait de nouveau dans la région, gagnant la confiance des dirigeants du peuple à une vitesse que je ne pourrais que qualifier de suspecte.
Néanmoins le Conseil écouta notre histoire, contée avec talent par Kalderic, y compris la longue Litanie aux morts qu'il entonna pour honorer tous ceux qui étaient tombés contre l'Ennemi. Tous furent touchés par ce récit mais hélas pas surpris. Caran Gaur est connu du Conseil, il est l'ennemi des Hommes des Bois depuis des siècles…
Pour résumer les débats qui suivirent, le Conseil se sent concerné par les nouvelles que nous apportons et prétend que la lignée de Huan n'existe plus depuis longtemps.
Puis, un prisonnier est amené avec une grande fermeté devant l'assemblée : un barbare de l'Est de la tribu de Vernoillos.
Se nommant Vearnos, ce jeune homme crie à l'injustice, hurlant que son peuple est noble et qu'il n'a commis aucun crime mais il refuse de répondre aux questions du Conseil sur les raisons de sa présence sur le territoire des Hommes des Bois.
J'ai fait une remarque sur le nom de Vernoillos qui est effectivement associé, d'après un grimoire que j'ai lu chez Radagast, à une ancienne tribu alliée des elfes et des Dunedains il y a fort longtemps. Remarque totalement ignorée car Morkt, le nouvel ami du Conseil, a suggéré de jeter l’étranger en prison en attendant le retour d'Ingomer.
Bref, je suis sorti de ce Conseil avec une seule idée en tête : il nous faut nous entretenir seul à seul avec l'étranger, même s pour cela il nous faut nous aventurer dans le dédale de cavernes qui sert de cachots aux autorités de Fortbois.
- 2947, Dicieux,, le 3 d'Astremair, soirée
Je vais faire un résumé de cette nouvelle journée : l’étranger, Vearnos, est un guerrier qui me paraît digne de confiance, encore qu'un peu simple. Il a été arrête par les Hommes des Bois sur le chemin de la Maison de Béorn et depuis il crie sa bonne foi face à un Conseil stupidement hostile.
Nous avons proposé de tester cet étranger : Fortbois est coupé du sud et de la ville de Bourg les Bois depuis plusieurs jours. Nous avons proposé d'escorter les éclaireurs du Conseil et de prendre Vearnos avec nous, histoire de confirmer notre intuition positive. A notre grande surprise, Inwald Grand Cerf emporte l'adhésion du Conseil (Béran étant plus que dubitatif) en se joignant à notre expédition.
Nous partons à l'aube.
- 2947, Astredi, le 6 d'Astremair, fin de journée.
Nous voilà de retour. Nous avons accompli notre mission : les éclaireurs de Fortbois ont pu passer : la route est barée par une gigantesque araignée perchée sur des pattes d'une hauteur interminable ! La section de la rivière où elle s'est installée est infestée par les vermine enfantée par ce monstre. Le combat fut âpre et comme nous le pressentions, Vearnos s'est avéré un ennemi farouche des créatures de l'Ombre. Pour tout dire, malgré le courage de mes compagnons et l'habileté à l'arc d'Inwald, nous ne nous en serions jamais sorti sans la lance et le bouclier du Vernoillos. Une fois les éclaireurs passés et après un grand nombre de vermines exterminées, nous nous sommes repliés vers Fortbois car nous n'aviosn aucune arme capable de blesser sérieusement cette immense araignée, surnommée, je l'appris plus tard, la Pêcheuse.
Mais notre retour ne s'est pas fait en fanfare. Béran, l'air fatigué et même un peu hagard, reste dubitatif. Il n'a accepté la liberté du jeune guerrier que du bout des lèvres et seulement à l'intérieur de Fortbois. Je décèle l'influence de Morkt. Je ne sais comment cet émissaire s'y prend mais le poison de ses mots coule dans les veines du remplaçant d'Ingomer. Je suis certain que cet homme est allié à l'Ennemi.
Une piste cependant concernant la Lignée de Huan : Edennil s'est lié d'amitié avec Baldac le Ciseleur : il a convenu de l'existence de la Lignée mais celle-ci est mourante. Il reste une chienne, Brethilda, de cette race prestigieuse et elle a été confiée à Eva la Guérisseuse. Il s'agit ni plus ni moins que la femme hautaine qui a soigné mes compagnons à notre arrivée à Fortbois. Edennil appris d'ailleurs à cette occasion que cette pimbêche a du sang elfe dans les veines. Voilà donc l'explication à cette arrogance désagréable ! Malheureusement, elle a depuis quitté la ville et se serait dirigée au Nord, vers le village des Charbonniers, probablement avec la chienne.
Histoire de ne pas être en reste sur les informations, je suis retourné à la rivière : dans la brume du soir pour me dissimuler des regards, j'ai convoqué mes amis les hérons aux plumes noires. A tire d'aile, ces fidèles amis sont partis vers les Monts de la Forêt Noire à la recherche d'Ingomer. J'espère qu'ils le trouveront. J'ai bien peur que sans lui, les Hommes des Bois,entre les mains d'un Conseil influencé par Morkt, n'aillent vers des temps plus sombres encore...