[CR] [Artesia] Le retour au pays

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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Merci pour les commentaires !

Je refais un petit apparté technique pour préciser deux choses. Le fait que Larsson et Stéphen se soient détestés au premier regard est du à un fumble total de Larsson lors d'un jet d'étiquette (je crois) qui a déclenché un faux pas (yes in french in the text).

Dans ce cas, un personnage qui commence en étant étranger par rapport à vous descend brusquement vers sceptique puis rival puis ennemi etc...
A contrario, si vous progressez en relation avec un PNJ, vous pouvez le compter en ami, allié, appui etc... jusqu'à -pourquoi pas?- suivant voir fidèle (pour les gourous en devenir...) :mrgreen:

C'était pas mal parce que Démétrius ne voyait rien dans ce scénario sur les relations dans sa maisonnée (après tout, il est amoureux et rentre après des mois d'absence, il a autre chose à penser non? :lol: )
Le seul à avoir du recul est Larsson qui se met direct à dos l'un des PNJ principaux. :mrgreen:
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Une ferme tranquille

Larsson écoute tout ceci d’une oreille distraite. De toutes façons, vu les coups d’œil mauvais de Stéphen, toutes interventions seraient de trop. Il se contente de sourire et de bien paraître lorsque Démétrius le présente comme un ami qu’il a rencontré dans le sud. Par contre, il se dit qu’en plus des formes généreuses des femmes d’ici, Cérama semble vraiment attendre un heureux événement. Démétrius, lui, ne semble pas l’avoir remarqué (il mange Mara des yeux, ah ! L’amour !)

Le lendemain, Istern les réveille de bonne heure. Une des familles de fermiers du domaine n’a plus donné signe de vie depuis quelques jours. Etrange, surtout en pleine été. Nos deux compagnons enfourchent leur chevaux et galopent jusqu’à la forêt accompagnés d’Istern. La ferme est plutôt isolé en plein désert (un autre nom des forêts au moyen-âge), la famille Makov vit de cueillette, maigre culture et production de charbon. Les cavaliers descendent de cheval et approchent plus discrètement en tenant leur bête par la bride. Devant le silence oppressant, ils dégainent leur armes et aperçoivent la ferme à travers la forêt.

Aucun survivant, aucun témoin : le massacre a été total. Chaque membre de la famille a été tué par des armes de guerre ou par la nuque brisée. Les femmes ont été ouvertes et leur tripes sorties. Démétrius, Larsson et Istern restent silencieux, constatant les dégâts et fuyant rapidement les lieux.
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Un rituel interdit?

De retour au manoir, les compagnons se purifient dans la petite rivière coulant au sud. Démétrius est assez choqué et n’a jamais entendu parler de tels actes auparavant. Il s’immerge la tête dans la rivière glacée et rassemble ses esprits. Bien sûr, il est rare mais pas improbable qu’une compagnie de brigands ou de mercenaires sans soldes soit tombé sur les Makov et les ait tué en prenant leurs maigres richesses. Mais pourquoi les têtes fichés sur des lances pour certains, la nuque brisée pour d’autres ? Et puis cet acharnement sur les femmes ?

Larsson récite une longue litanie à Islik et se verse de l'eau sur la tête. Il a quelques idées sur tout ça, ses connaissances en Occulte lui indiquent que la nuque brisée, en dehors d’être un tabou dans le Monde Connu, est le meilleur moyen de condamner quelqu’un dans l’Autre Vie, le poussant par là à errer éternellement dans les limbes. D’autre part, le fait se sortir les entrailles de la victime pourrait être utilisé pour une divination, des plus morbides, mais pourquoi pas ?
(Une grosse réussite sur le jet d’Occulte)

Quelques jours passent, le manoir de Glemm Doss baigne dans une atmosphère bien tendue. Marqués par la découverte de la ferme, Démétrius a ordonné que des villageois se rendent sur place pour enterrer les corps. Peut-être pas sa meilleure idée, mais pourquoi pas ? Il leur fait un discours bien senti pour qu’ils soient prudents et qu’ils lui reportent le moindre fait étrange. Il fait également mander l’aide d’une prêtresse pour purifier les lieux de ce blasphème aux Dieux en envoyant un message à Velis Mat (une ville voisine).

Un des rares soldats vassaux de Démétrius, Samatore vient aux nouvelles dans la soirée. Passés les retrouvailles, Démétrius, Samatore et Larsson prenne le dîner ensemble. Samatore est un jeune mercenaire palatien exilé qui s’est marié à une fille du coin. Rapidement, il en vient au but de sa visite : Il demande à racheter son devoir d’escuage auprès de Démétrius (en gros, il doit un service féodal à Démétrius mais souhaite le racheter en or pour ne plus l’effectuer). Celui-ci est surpris et en demande la raison : Samatore lui explique qu’il vient d’être père et souhaite s’établir pour de bon sans risquer sa vie ni partir trop longtemps. Par contre, il n’a pas l’argent nécessaire surtout avec l’impôt qui vient d’être établi.

Larsson et Démétrius tiquent tous les deux.

Samatore leur raconte qu’une compagnie entière : les Cœurs d’acier est arrivée à Sess Pogue. Ils sont envoyés par Huelyn pour d’une part, prévenir tous troubles dans la région (disputée entre Dara Dess et un roi local Becir d’An Taral) ; d’autre part pour collecter un impôt prélevé par feu (un feuage : un impôt par famille). Démétrius connaît les cœurs d’acier : sûrement pas les meilleurs fermiers généraux dont on puisse rêver…

Larsson rassemble ces connaissances en commerce et lois. Il en fait part aux deux autres : « Le feuage n’est pas vraiment un impôt équitable : tous riches comme pauvres doivent le payer et de la même façon. Mais c’est évidemment le plus pratique à lever, surtout si l’on envoie des mercenaires pour ça. Je suppose qu’ils ne savent pas compter ? » Les deux Daradjans se regardent dubitatifs, l’aurien reprend : «Or donc, dans le sud, cet impôt est généralement levé sur des villes susceptibles ou troublés pour obliger les riches à payer pour les pauvres sinon des révoltes peuvent éclater et menacer les notables. Je suppose que le conseil de Sess Pogue devra prendre les mesures qui s’imposent. »

Démétrius regarde Samatore puis l’aurien : « Mais Larsson, il n’y pas de conseil à Sess Pogue… »
Dernière modification par Sans Visage le dim. janv. 17, 2010 1:01 pm, modifié 2 fois.
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Dokkalfar
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Message par Dokkalfar »

7.

C'est vraiment cool ce CR, Artésia fait partie des jeux que je regarde toujours avec admiration dans ma bibliothèque sans jamais espérer y jouer.
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Le moine errant
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Message par Le moine errant »

Excellente initiative que ce fil. Merci!
Moi aussi, j'étais curieux de voir ce que le jeu pourrait donner car la lecture des bd est prenante (mais le système moins). Je vais suivre cela avec attention.
Le Moine Errant
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Le lendemain, le jeune aristocrate aurien et le chevalier daradjan enfourchent leur destrier et se décident à atteindre Sess Pogue avant la fin de la journée. La journée est belle et chemin faisant, ils croisent un colporteur avec son baluchon sur le dos qui leur confirme l’histoire de la compagnie (les compagnies sont à l’origine un clan highlander -les habitants d’origine du Daradja- qui se rassemblent et forment une unité de mercenaires via des élections, les plus anciennes remontent au roi Cynan il y a quatre siècles). Les Cœurs d’acier sont bien présents à Sess Pogue. Leur chef s’est établi dans le beffroi de la cité (un ancien temple) et entends reprendre les choses en main.

En début d’après midi, les deux cavaliers entrent dans la cité de Sess Pogue écrasée par la chaleur. A l’entrée, ils aperçoivent un des mercenaires cuisant dans son armure. Il se lève pesamment à leur venue et attrape la bride du cheval de Démétrius. Une petite altercation s’en suit sur le paiement d’une taxe pour entrer. Démétrius arrive à lui faire comprendre qu’ils ne sont pas là pour commerce mais en tant que voyageurs… Finalement, Larsson paie pour passer et les deux s’enfoncent dans les ruelles.

Sess Pogue est célèbre pour ses tanneries, ses boucheries et ses ateliers de tisserands. Certaines ruelles sentent le sang et la merde des moutons qui passent parfois en bêlant. Les chevaux se font plus nerveux et vue l’étroitesse de certains passages, Larsson descend rapidement guidant sa monture à travers la ville. Il repère de nombreux hommes traînant de ci de là et sa maigre expérience de la rue lui indique néanmoins la présence de détrousseurs et autres vauriens.

Ils débouchent sur la place principale encombrée d’étalages de marchands, d’enclos à bétail. L’ancien temple est un imposant bâtiment à moitié en ruine. Une tour y a néanmoins été accolée et procure une ombre bienfaisante à un groupe de cœurs d’acier. Après avoir décliné leurs identités, Démétrius réussit à les faire introduire auprès du chef de la compagnie.
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Xaramis
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Message par Xaramis »

Dokkalfar a écrit :7.
8.
Pour l'instant, j'en suis encore à la lecture du livre du jeu.
Mais je vais suivre ce CR-ci avec attention.
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Tennreuth, le chef des Cœurs d’acier n’est pas vraiment de première jeunesse. Un vieil homme qui ne se lève pas pour les accueillir lorsque Démétrius et Larsson entrent dans la pièce, sans doute une salle d’entreposage de grain reconvertie à la hâte. Tenreuth les regarde d’un œil morne avant de réaliser qu’il n’a sans doute pas affaire à des marchands venus se plaindre. Démétrius se présente en souhaitant en savoir un peu plus sur ces affaires de taxes. Tenreuth soupire et leur explique qu’il est venu mettre de l’ordre dans la région. Le seigneur Huelyn a en effet besoin d’or et vite, pour asseoir son pouvoir et acheter les derniers appuis des loyalistes de Bran, les Véritables.

Un jeune commis leur apporte trois pintes de bière et Démétrius reprend sur le massacre de la ferme des Makov. Est-ce que les cœurs d’acier ont vu des bandits dans la région ? Tenreuth est assez sceptique devant les descriptions du chevalier mais leur indique que des bandits dans la région, il y en a et pas qu’un peu.

« Ça reste le domaine des douze de Pogue même si cette infâme bande de brigands a disparu, probablement avec la répression des seigneurs des environs. Les restes de cette jacquerie ont été dispersés et continuent à rôder dans les campagnes. »

Démétrius grince des dents à l’évocation des douze, il a en effet perdu ses parents lors de leur assaut sur Dara Dess. Tenreuth se gratte sa barbe d’un air pensif puis se penche vers eux :

« Néanmoins, il y a un dénommé Miklos qui pourrait avoir des informations là-dessus. Il est hors de portée pour moi, il est en effet parti à Velis Mat un peu avant notre arrivée en ville. Peut-être que vous pourriez le trouver et me le ramener. Chemin faisant, l’homme saura retrouver sa langue et ses esprits et vous pourriez l’interroger à loisir, qu’en dites vous ? »
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Phersu
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Message par Phersu »

Génial, ce CR.
Xaramis a écrit : 8.
9. Le système d'expérience avec les 22 Arcanes me paraît particulièrement lourd. Et la création des persos est interminable avec un seul livre.

Moi aussi j'aurais peur de jouer des magiciens mais d'un autre côté, j'ai l'impression que ce n'est pas évident que le joueur puisse en interpréter un même s'il le désire.

Le Monde connu d'Artesia a une influence de Glorantha et je crois que Runequest serait assez adapté avec son côté gritty et sa magie relativement peu puissante (pour la Magie spirituelle) mais omniprésente.
"Un bon MJ fait toujours croire à ses joueurs que ce sont eux qui sont aux commandes, surtout quand ce n'est pas le cas."
Brian K. Vaughan, Runaways #17

Blog http://anniceris.blogspot.fr/search/label/jdr
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Personnellement je suis en train de convertir les règles de Reign au contexte d'Artesia. Je suis déjà bien avancé. En gros pour les attributs et les compétences, c'est pas trop dur.

Les entraves (binding) ont été assimilés aux envies (craving) de Reign, c'est à dire -1d lorsque l'on va contre son envie et +1d lorsque l'on va dans le sens.
Exemple: Si un magicien invoque une peur irrépressible ("fear: me" dans Artesia) chez un chevalier qui lui a manqué de respect, il génère un -1d pour toutes actions du chevalier en sa présence et un +1d pour toutes actions du chevalier dans le but de fuir le magicien.
De même le magicien génère l'admiration ("awe: me" dans Artesia) chez ce chevalier. Alors celui-ci a +1d pour toutes actions en faveur du magicien et -1d pour toutes actions à son encontre.

C'est plus simple et ça s'adapte pas mal.

Sinon pour les dons, je cherche encore. La magie est en cours...
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DDG
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Message par DDG »

Merci pour ce CR, vivement la suite...
Phersu a écrit : Le Monde connu d'Artesia a une influence de Glorantha et je crois que Runequest serait assez adapté avec son côté gritty et sa magie relativement peu puissante (pour la Magie spirituelle) mais omniprésente.
Vrai, Marc Smylie au départ aurait bien utilisé le système Basic de Runequest mais je crois qu'il ne l'a pas fait pour des raisons de licence à l'époque. Il s'est rabattu sur le D20 et fait prototype des règles avant de découvrir et d'utiliser Fuzion.

Je suis curieux de voir l'adaptation à REIGN...
Pour ma part je me demande si le système Metal du Bloodlust à venir ne le ferait pas...

@+

DDG
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Message par Sans Visage »

La ville de Velis Mat, bien que de dimension modeste, occupe néanmoins un site impressionnant. S’appuyant sur les piémonts des Harath Eduins et protégeant la passe des sorcières, la ville abrite près de cinq cents feux. Lorsque les deux cavaliers arrivent, leur vue s’arrête sur le bourg compact puis monte vers la forteresse et le grand temple perché sur un pic. Un escalier remontant à des temps anciens serpentent à flanc de montagne pour en permettre l’improbable ascension.

Pour l'image
http://www.naturepixel.com/village_medi ... ux_b_1.htm

Le grand temple est consacré à Yhera Matis, la déesse protectrice de la cité. Le corps du héros Nemran, un des compagnons d’Erlwulf le dernier Roi Dragon est enterré sous le temple et garde ainsi la ville de tout ce qui rôde dans les Harath Eduins. Devant les deux compagnons, un petit groupe de pèlerins confirment le caractère sacrée de la cité.

Après avoir salué les pèlerins, Larsson et Démétrius arrivent dans la cité écrasée par la chaleur de cette fin d’après midi. Les faubourgs sont bien aérés et une brise bienvenue vient chasser les miasmes. De temps en temps, une bourrasque soulève la poussière et affole les chevaux. Après quelques moments passés à se renseigner, un dinandier leur indique la demeure de Miklos. Il s’agit d’une belle bâtisse de deux étages à la limite entre les faubourgs et la veille ville. Sans doute Miklos a-t-il atteint un statut de notable ici même.

Le chevalier toque à la porte et se présente au serviteur : un grand chauve aux origines indéterminées. Finalement, le chauve les fait entrer et leur demande d’attendre un moment. La pièce est impressionnante de richesses : tentures, peintures et armes d’apparat couvrent les murs ; le sol n’est pas jonché mais carrelé à la mode palatine. Arrive enfin un homme aux cheveux bouclés, à la moustache finement taillée et habillé de beaux vêtements d’étoffe hémapoline :
« Soyez les bienvenus Messires ! »
L’homme leur fait signe de prendre place à une petite table. Démétrius est assez gêné, engoncé dans son armure, il s’assied avec difficulté sur la chaise capitonnée. Larsson, plus à l’aise, échange quelques paroles avec leur hôte.
Après quelques moments, une grande cavalcade se fait entendre depuis la rue et la poussière entre à travers les fenêtres ouvertes. Le serviteur chauve se lève pour fermer les volets lorsqu’un objet vole à travers la pièce et atterrit dans un bruit humide sur le carrelage.

Démétrius se lève d’un bond et dégaine son épée au moment où la porte s’ouvre à la volée. Deux hommes rentrent, vêtus de cottes d’écaille et armés de lourdes épées. Un chevalier en armure entre dans la pièce, chacun de ses pas marquant le sol avec ses semelles de fer sur les carreaux palatins. La lourde demi main qu’il tient dégouline de sang.

Larsson et Miklos restent sans voix devant la scène et sont tout juste parvenus à se lever. Ils regardent la tête humaine qui a roulé jusqu’au pied de la table laissant une traînée de sang derrière elle.

Le chevalier relève son heaume, révélant le visage assez disgracieux d’une jeune femme, tordu dans un rictus de haine. Elle prend la parole en criant avec une voix croassante :
« Tu penses vraiment pouvoir tout acheter, fils de catin ? Je suis la Dame de Velis Mat : Gunhilde fille d’Artiom ! Pas une vulgaire marionnette ! Tes Couronnes achète peut-être l’honneur des gens du sud mais pas ici ! Vois le sort réservé à ceux qui touchent tes pièces » Elle montre du doigt la tête au sol « ton soi-disant secrétaire qui devait m’aider à gouverner avec raison et sagesse… L’étape d’après comprenait-elle le poison ou la dague ? Qu’on l’emmène ! »
Le chevalier repart alors que les gardes s’empare de Miklos qui regarde fixement le macabre reste de son agent. Démétrius baisse son épée, jugeant bon de ne pas interférer dans la justice locale. Mais un homme d’age mûr, maître Vassili le conseiller de Dame Gunhilde entouré de deux gardes leur demande de le suivre jusqu’au fort pour qu’ils s’expliquent. Il fait signe au valet de rester ici en attendant.

L’ascension se déroule sans beaucoup de paroles échangées et chacune des demandes de Larsson se voit traiter avec mépris. Décidement se dit-il, la conception du droit est vraiment particulière ici !
Dernière modification par Sans Visage le dim. oct. 04, 2009 4:36 pm, modifié 1 fois.
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Message par Sans Visage »

Arrivés à la tombée de la nuit dans la forteresse, Démétrius remarque la vétusté des lieux. L’âge d’or des seigneurs de Velis Mat est à présent loin derrière. La cour est pratiquement vide alors qu’elle devait abriter une bonne centaine de guerriers vassaux il y a quelques dizaine d’années. Difficile de mener une ville de marchands une épée à la main ! En l’occurrence, le marchand a piètre mine entourés des quatre guerriers le dépassant tous d’une bonne tête. Le daradjan met la main sur le pommeau de son épée et se redresse lors de l’entrée dans le grand hall. Au moins, on lui a laissé son arme et donc son honneur. Il jette un coup d’œil à Dame Gunhilde et ne peut s’empêcher de sourire devant son air de garçon manqué. Son air mutin et revêche complète admirablement son allure de guerrière des temps anciens. Sans doute aurait-elle dû voir le jour pendant l’Age des Légendes…

Maître Vassili les écouta et devisa du crépuscule à minuit. Finalement, il rendit la liberté aux deux hommes et leur proposa de passer la nuit au château, la place ne manquait pas vraiment. Le lendemain, Larsson se rend au cellule pour s’assurer du devenir de Miklos. Il apprend que le prisonnier a été jeté aux oubliettes. Usant de persuasion, il s’assure de pouvoir s’entretenir avec lui mais rapidement, il réalise en jetant une torche au fond que l’homme s’est rompu le cou en tombant.


Les deux cavaliers descendent petit à petit les marches du chemin serpentant vers la ville en contrebas.
« Mais comment peut-on vivre dans un pays pareil ? » Larsson se tourna vers son compagnon avec méchante humeur.
«Ecoute, ici règne l’honneur. Miklos a sans doute oublié cela en retrouvant ses habitudes de Palatie. Il aurait dû se renseigner sur cette jeune Dame avant d’essayer de l’influencer.»
« Jeune Dame ? Un dragon, oui ! On ne tue pas comme cela sans raison, est ce là Justice ? Dans le sud, les lois sont établies et claires. Ici règne l’arbitraire et aucune légitimité ne ressort. Comment gouverner sans l’appui du Roi Céleste ? »
« Le Daradja n’est pas le pays d’Islik et même lui a échoué sur les terres de Dara »
Larsson se remémora Islik et ses trois compagnons qui s’étaient abrités dans la cour de la reine Arathéa. Celle-ci les avaient séduit les uns après les autres mais Islik perçant sa félonie s’était enfui refusant ses avances. Les Daradjans possédaient un point de vue différent sur cette épreuve et prétendaient qu’Arathéa avait réussi son stratagème et quatre filles étaient nés de ces unions : Une pour chaque forteresse.

Les deux compagnons décident finalement de fouiller les affaires du marchand et se dirigent vers le manoir. Ils passent la porte alors que le soleil atteint son zénith. La maison est silencieuse et les volets clos assombrissent l’intérieur. Aucune trace des événements d’hier. Le salon a été débarrassé de la tête du malheureux et nettoyé pour effacer tout reste de sang. Démétrius monte l’escalier vers les appartements privés alors que Larsson jette un coup d’œil au salon. Démétrius relève la tête et voit le serviteur agenouillé sur le palier déclencher son arbalète. Le carreau siffle et se fiche dans son plastron. Le daradjan dégringole l’escalier, Larsson saute par-dessus son corps et monte quatre à quatre les marches en dégainant sa rapière. Encombré par l’étroitesse de l’escalier et la longueur de sa lame, Larsson laisse le temps au chauve de dégainer une épée courte. L’aurian bondit sur le palier et se fend vers l’ennemi, sa lame s’enfonce de trois pouces dans le ventre de l’homme qui s’écroule en hurlant de douleur.

Larsson se retourne vers Démétrius et dévale l’escalier. Son ami grimace. En enlevant le plastron, le carreau se retire de lui-même et une tâche de sang apparaît et s’agrandit sur la chemise matelassée. Larsson appuie sur la blessure et appelle au secours. Finalement, une sage femme arrive et arrive à arrêter l’hémorragie. On conduit Démétrius au temple de Yhera Matis dans l’après midi.

Sachant son ami hors de danger, Larsson commence à fouiller la maison et les affaires du mort. Que contiennent elles de si précieux que son serviteur se sacrifie pour les garder. Il examine le corps du serviteur et découvre encore une dague sur lui. Les armes sont de bonne facture et sans fioriture : des armes de guerres. Il accède au bureau de Miklos et ouvre les volets pour y voir clair. Pas moins de trois meubles de facture hémapolienne : un bureau, un banc coffre et une chaise capitonnée de velours. Larsson s’assoit sur la chaise et ouvre le secrétaire : des centaines de feuilles empilées. L’aurien pousse un soupir :
« Et bien c’est parti ! » Et il entame sa lecture.
Dernière modification par Sans Visage le dim. oct. 04, 2009 4:38 pm, modifié 1 fois.
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Un étrange contrat

La nuit tombant sur Velis Mat, Larsson se frotte les yeux et se met à la recherche de bougies et d’un peu de nourriture pour pouvoir continuer sa lecture. La tâche n’a rien d’aisée, Miklos n’était sans doute pas quelqu’un de très ordonné. L’aurian réalise que l’homme avait acquis une colossale fortune de manière obscure. Il a la certitude que l’homme est bien l’un des Douze de Pogue : aucun document ne remonte très loin dans le passé démontrant que l’homme n’était pas négociant, ni noble, pas de propriété non plus à part cette maison. Juste un réseau de contact avec les pirates de Mal Irama notamment le Roi Violeur, des clients jusqu’à la Palatie ou la lointaine Ligue et plusieurs marchands à son service, l’homme était puissant. Les marchandises qu’il pourvoyait semblaient particulièrement variées et provenaient sans doute des pillages des pirates. L’un des éléments curieux est un contrat de mercenariat passé récemment. Cet acte concerne une centaine d’hommes et de femmes du clan Cern Abrat et stipule qu’ils se mettent au service du Roi Violeur pour un délai de plusieurs lunes. Une centaine d’individus, cela paraît important pourtant la somme n’est pas très élevée ; de plus rien n’est fait dans les règles des Compagnies du Daradja, le document est fait à la va-vite comme si ce clan n’avait pas le choix.

Intrigué, Larsson revient au secrétaire posant le bougeoir et du pain et du fromage. Il pose la cruche de bière à terre et son regard s’attarde sur le coffre. Il s’approche une bougie à la main et l’ouvre avec précautions. Le coffre contient une dizaine de livres impeccablement rangés. Il commence à les parcourir : le Commentaria Regissum ave Indicia , un traité de politique de Palatie, plusieurs tomes de la Cyclopaedia du Seigneur Mott et enfin l’aurian tombe sur un ouvrage assez petit. Il ouvre la couverture de cuir et lit le titre : Revelacio. Larsson siffle d’admiration, revient au secrétaire et s’assoit pesamment sur la chaise. Ainsi donc, Miklos cachait un secret pour lequel des gens étaient condamnés au bûcher aussi bien dans l’empire de Thessid Gola que dans les domaines de la cour Solaire : il se renseignait sur le Rêve Gris.

Quatre siècles plus tôt, l’empire de Thessid Gola avait été reconstruit par Akkalion. Pour montrer sa puissance, il avait débarqué dans les Royaumes Médians à la tête d’une grande armée. S’il réussissait à conquérir ces terres, il renouvelait la conquête de Dauban Hess. Les sages de la Cour du Phénix lui avaient prédit que l’Age de l’homme commencerait à cette date. Akkalion s’endormit dans sa tente sur la plage en attendant le lendemain la bataille décisive. Il ne s’éveilla jamais. Le jour se levant, ses généraux organisèrent tant bien que mal la retraite. Un soleil noir éclaira la débâcle totale mettant un terme à l’empire. Le corps d’Akkalion fut ramené à sa capitale Avella. Depuis quatre siècles, les sultans régentent l’empire en attendant le réveil de l’Empereur. Son corps plongé dans le sommeil trône toujours dans la Cour du Phénix. Ainsi l’Age de Fer et de Feu débuta en lieu et place de l’Age de l’homme.

Des centaines de philosophes ont travaillé sur ce phénomène, ils l’ont appelé le Rêve Gris. La Cour du Phénix a décidé d’attendre le réveil d’Akkalion et pense qu’il s’agit d’une épreuve supplémentaire à relever. Toute évocation du Rêve Gris est passible de mort. Malgré cela, des cultes secrets se développent partout promettant des réponses…

Larsson glisse le livre dans un sac, la tête pleine de questions. C’est alors qu’il entend les premiers cris.
Dernière modification par Sans Visage le dim. oct. 04, 2009 8:48 pm, modifié 1 fois.
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Paiji
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Message par Paiji »

Excellent :bravo:
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