Séance #1: Jetés comme des malpropres et Journal d'Archibald Redon
Séance #2: Aventuriers cherchent Financement
Séance #3: Intrigues à Concorde
Hier soir, avec quelques habitués de ces environs et un réfractaire à Casus NO, nous avons entamé une nouvelle campagne dont j'espère qu'elle va réellement se jouer dans le temps. Il s'agissait pour moi de concrétiser une idée qui me trotte dans la tête depuis deux ans (je me souviens d'avoir pris des notes lors de mon voyage en Bolivie en 2007), et de le faire avec mon système fétiche du moment, à savoir REIGN.
Pour le contexte, voici un texte que j'ai pondu pour les joueurs:
Concorde, République Laïque
Dans un passé pas si lointain, la puissance de l’Empire Memmonite s’étendait, dit-on, sur l’ensemble des terres connues, à l’exception, évidemment, des Jungles Fuligines. Avec le temps, toutefois, la puissance de l’Empire - ou était-ce sa capacité à l’exercer - s’étiola et la parole de l’Empereur Eternel fut remise en cause par certains.
Ce fut les débuts d’une longue période de troubles religieux que les historiens hors de l’Empire nomment le schisme et que les historiens de l’Empire ne nomment pas, de peur de la considérer comme irréversible. A mesure que des provinces s’affranchissaient de l’autorité Impériale, souvent par les armes, ils adoptaient également l’une ou l’autre des doctrines schismatiques, car s’affranchir de l’autorité de l’Empire et de sa religion n’étaient qu’une et même chose.
C’est à cette époque que des groupes de réfugiés, souvent issus de basse extraction, se trouvèrent un but commun au-delà de leurs croyances religieuses : fuir ces guerres fratricides et sans fin et retrouver paix et prospérité au-delà des considérations du dogme. Ces hommes et ces femmes, fuyant vers les montagnes au Nord-Est de l’Empire trouvèrent une passe jusqu’alors inexplorée qui les mena vers une fertile plaine côtière entourée de montagnes.
Ils décidèrent de s’y installer et c’est ainsi que fut fondée la Cité-Etat de Concorde, sur des principes bien éloignés ceux ayant fondé les nations jusqu’alors. En effet, il fut décidé que, nul réfugié n’ayant d’autorité héritée ou naturelle sur les autres, la ville serait gouvernée par un conseil de représentants des différents groupes de réfugiés et que les décisions concernant son avenir seraient donc collégiales. Plus étonnant encore, il fut décidé que, si les individus étaient libres de poursuivre la religion de leur choix, le gouvernement lui, serait laïc et n’en soutiendrait aucune.
Avec le temps, Concorde devint donc la première (et à ce jour la seule) république laïque, à la grande colère de l’Empire.
Les Grands Navigateurs
Avec le temps et le développement de la ville, Concorde a évolué d’une ville vivant de ses terres à une ville vivant de la mer. La bande de terre entre la mer et les Monts du Croissant a beau être fertile, sa surface est limitée et bien qu’elle suffise à nourrir la population actuelle de Concorde et des alentours, elle ne permet pas de la faire avec une grande variété d’alimentation. De plus, avec la fragmentation de l’Empire en nations religieusement antagonistes, le transport de marchandises par la terre était devenu peu fiable et coûteux, arrestations arbitraires ou taxes injustifiées étant monnaie courante.
Concorde commença donc à exploiter les bois longs et droits des contreforts des Monts du Croissant pour fabriquer des cogues à fond plat qui lui permirent en quelques années de maîtriser une navigation côtière rapide. Ainsi, la Cité-Etat devint rapidement un centre de commerce maritime reliant les nations au sud des Jungles Fuligines, pour l’essentiel de religions Reniées, et les nations du Nord de l’Empire comme l’Alénie et la Franganie, qui pratiquent un Memmonisme modéré.
Avec les développements de la navigation concordienne, des navires capables d’affronter la haute mer virent le jour, et il ne fallut pas longtemps aux caraques de Léonie Daventrue, grande navigatrice de Concorde dont la statue orne désormais la Place du Sénat à redécouvrir le Gréland au nord. Cette grande île peuplée d’hommes et de femmes au teint pâles et aux cheveux presque blancs était mentionnée dans maintes légendes de l’Empire mais sans qu’on sache bien pourquoi. Du fait de cette découverte, le commerce concordien se développa encore des marchandises grélandaises comme le grain, les grands poissons salés et surtout, très important pour Concorde même, des bois durs et imperméables qui ne poussent que dans les vastes forêts grélandaises et dont les armateurs ont su faire les meilleurs bateaux qui soient.
Armateurs et Chantiers Navals
Après le temps des Grands Navigateurs vint celui des Maisons de Commerce. Elles sont nombreuses à Concorde, et chacune d’entre elles a des comptoirs dans les grands ports des nations étrangères. Certaines sont spécialisées dans certains produits ou certaines destinations, d’autres, souvent les plus grandes, touchent à tout. Si elles contribuent à la prospérité de la ville dans son ensemble, la mainmise des Maisons de Commerce sur le pouvoir est maintenant légendaire. Sénateurs corrompus, officiels portuaires véreux, si la situation n’est pas encore insupportable, elle se dégrade, et seul le parti de ceux qu’on est venu à appeler les Pionniers tente d’inverser cette tendance plus que préoccupante.
Trois grandes Maisons se partagent l’essentiel des revenus du commerce concordien :
• La Maison Corneille est particulièrement puissante dans le commerce côtier avec les nations du sud. Les Corneille sont une des plus vieilles familles de Concorde et il ne fait pas bon se mettre en leur chemin. On dit qu’ils contrôlent de nombreux sénateurs en sous-main, soit par des pots de vins soit parce qu’ils disposent d’informations compromettantes sur leurs personnes… Malheureusement, la Maison, bien que toujours très puissante, va mal et tente de imiter la concurrence des marins de Santerne au sud en poussant le sénat à voter des lois protectionnistes.
• La Maison Daventrue est héritière de la navigatrice Léonie et, sans surprise, a un quasi-monopole du commerce Grélandais qui lui rapporte énormément. Bien qu’elle soit relativement récente, cette maison de commerce est un des soutiens principaux des Pionniers. Ils ne sont pas les derniers à dénoncer publiquement des officiels corrompus lorsqu’ils peuvent le prouver.
• La Maison Arède est aussi une des anciennes familles concordiennes. La fortune récente de cette maison s’est faite sur un monopole absolu du commerce avec l’Empire. Certaines mauvaises langues se demandent quelles concessions la Maison a bien pu faire aux Mémmonites pour obtenir non seulement le droit de commercer avec eux, mais le droit exclusif de le faire.
Il existe des dizaines d’autres Maisons de Commerce plus ou moins prospères.
Deux principaux chantiers navals se partagent la fabrication et la vente des bateaux à Concorde et au-delà. Il s’agit de Reginald Luce & Fils, qui contrôle pour le moment le contrat principal avec le gouvernement pour les navires de la Marine et de Goudre & Frères qui a la réputation de fabriquer les meilleures cogues et caraques en bois grélandais. Là encore, d’autres fabricants existent, mais ils jouent un rôle mineur.
Et maintenant…
Depuis quelques années, le commerce concordien est menacé par la Flibuste. Si certains voient dans cette émergence d’attaques contre des navires concordiens un phénomène regrettable mais contre lequel on peut difficilement lutter, d’autres soupçonnent l’Empire d’être largement à l’origine du phénomène et d’armer lui-même des corsaires pour mettre en péril le commerce de Concorde. Le fait que les navires de la maison Arède semblent rarement être victimes d’attaques de flibustiers tendrait à confirmer cette hypothèse, mais elle n’a pour autant jamais été prouvée, et quand bien-même les sénateurs de Concorde se voient mal déclarer la guerre à l’Empire…
Plus préoccupant peut-être pour Concorde est la menace intérieure. Le sénat, autrefois force de progrès, qui n’hésitait pas à financer des expéditions maritimes ou à encourager les fabricants de nouvelles armatures de bateau est aujourd’hui bien léthargique, peu soucieux d’une lente dégradation du commerce concordien et de la placidité de sa marine. La suprématie maritime de Concorde est maintenant nettement concurrencée, par les Grélandais au nord qui n’ont rien perdu de leur intrépidité mais ont appris beaucoup des Concordiens dans la manufacture de navires de haute-mer et par la flotte du royaume côtier de Santerne au sud qui récupère une bonne partie du commerce entre les nations d’outre-jungle autrefois source de richesses de la Maison Corneille.
L’habitant moyen de Concorde, pour peu qu’il y prête attention, voit les valeurs de sa cité minées par l’argent et nul ne sait vraiment d’où pourrait venir le renouveau. Régulièrement, des rumeurs de nouvelles terres découvertes, de nouveaux continents, se font jour, mais elles s’avèrent toujours êtres inventées ou réfutées…