Tout d'abord merci de vos posts, la plupart étant de qualité et apporte un bon éclairage sur la question sans qu'on tombe dans les délires habituels (même si il y a des points de friction).
J'avoue que j'ai lancé le sujet avec quelques idées en tête mais que je voulais voir ce que vous pourriez en penser afin de la clarifier mon discours.
Tout d'abord je voudrais rappeler ma position vis à vis des systèmes de jeu.
C'est l'objet d'un article sur mon blog, ça permet de mettre les choses au point.
Ensuite sur l’illusionnisme: je ne fustige pas ceux qui le pratique, c'est une technique comme une autre pour maitriser et tant que ce n'est pas abusif ça peut être cool. Mais clairement en tant que meneur je ne peux plus le faire, je me sale quand je le fais.
J'avais donc opté pour la solution d'appliquer tel que les règles. Bien mal m'en a pris car je me suis souvent retrouvé dans la situation du joueur qui râle parce que son bourrin s'est fait étriper en un round. Dans un cas précis j'ai même eu droit au claquage de porte.
Même si on est clair dans nos intentions! Si tu joues à D&D avec des niveaux 1 tu sais que tu peux crever facilement. Sauf qu'à la première ed' tu pondais un pj en 10 minutes montre en main alors qu'à Pathfinder... Idem pour jeu qui se doit d'être violent comme Shadowrun, le temps d'investissement
Bref ça marche pas trop. J'ai donc opté pour des jeux qui me permettent d'avoir des béquilles mécaniques pour compenser: Savage Worlds et ces bennies, Tranchons et tranquons où les héros ne peuvent pas mourir comme çà, Hexagon où les pjs ne meurent pas, ils ont juste HS, etc.
Puis j'ai découvert les jeux indépendants où la fin des persos est plus libre, plus floue, tu perds mais tu peux décider de ce qu'il se passe exactement car la discussion entre joueurs (ou joueur-meneur) est très méta. On ne compte pas les points de vie mais on regarde l'impact du jet de dés sur la narration. apocalypse World pour le coup propose des choix au MC qui lui permettent de varier les conséquences.
Mais plus ça va plus je me dis: toutes ces astuces, ces dérivatifs qui empêchent de sombrer dans le ridicule ou le grand numéro de MJcien est-ce qu'on pourrait pas les utiliser dans des jeux bien classiques?
Pour moi c'est oui les dés sont nos amis, ils ont des choses à nous dire mais ils restent aussi un support à la narration. Donc on peut prendre de la liberté là où c'est possible et en changeant de focale.
comment? Je vais essayer de donner mon point de vue sur la question avec des exemples.
1- Le groupe de pjs tombent sur un groupe de gob', hécatombe imprévue là où MJ pensait juste les faire un peu transpirer avant le gros morceau.
Là pour moi il n'y a pas à tortiller, tuer les pjs là maintenant c'est con. Pourtant les joueurs ont été mauvais, ils n'ont pas pensé que le shaman filait des bonus à tout le monde et que deux gob' qui te prennent en tenaille ça fait mal. donc sanction. si les pjs devaient chercher un vieux magot dans une tour délabrée dans la forêt je vois bien le coup où les Gob' sont des sbires du Grand Méchant et on capturé les pjs pour les ramener à la tour. Hop! Le scénario d'infiltration devient une évasion épique sans avoir à jeter le beau donjon qu'on avait préparé avec amour. Si on est taquin on peut même montrer le visage dépité de la jeune fille du seigneur local qui les regarde dans la cage d'à côté avec un "alors c'est vous qui étiez censé me sauver?"
2- Là on a un pj tout seul qui fait le gros fumble de la mort, il ne pouvait pas rater mais il l'a fait quand même et ça compromet fortement le scénario. Ils devaient rencontrer le roi pour leur parler d'un complot et le barde du groupe a fait un joli 20 face au chambellan. Là on se retrouve face à un conflit de narration, c'est un putain de Barde! Il peut pas rater son introduction. Ma solution serait alors de dire: "ok mais ça passe mais tu vas le payer". Le chambellan trouve que ce type parle beaucoup trop bien et est un peu trop convaincant et se méfie de lui. direction le cachot mon ami, oh oui vous allez voir le roi mais avec des chaines aux pieds. Vos petits copains aussi. Non, non, on ne laisse pas sortir les armes des pjs et engager un combat, ça marchera pas et ce sera encore plus con.
3- Le Grand Méchant(TM) se prend les pieds dans le tapis et vous transpirez devant l'immense fumble que vous venez d'obtenir. D'abord c'est le grand méchant, il ne s'empale pas sur son épée comme un gland, ça ne marche pas niveau intérêt. Mais il a raté son jet, tant pis pour lui, no time for loosers. C'est le moment de montrer une fin épique. Bien sûr qu'il ne s'empale pas sur sa vorpale +15 maudite. Par contre, pris d'un élan de furie sanguinaire, il renverse un braséro qui enflamme sa cape. Non seulement il ne fait rien pour l'arrêter mais il se marre dans un rire sadique. "Rien ne m'arrêtera! Je suis immortel! Immortel!" lance-t-il alors qu'il n'est plus qu'une torche humaine.
4- Là c'est le guerrier du groupe fait un magnifique critique. Techniquement c'est la décapitation totale et sans bavure. On mange son pain noir et on offre en pâture son gros bourrin au joueur. Là je laisse même le joueur décrire la scène lui-même, qu'il se fasse plaisir, c'est open-bar. Comme un échec ou une réussite ne sont jamais sans conséquence ce serait encore mieux s'il y a avait des témoins de la scène. Paf! Le guerrier est devenu une légende, les femmes se pamment devant lui, les hommes bombent le torse, les enfants jouent à être lui. Evidemment quand un nouveau problème va survenir c'est vers lui que l'on va se tourner, une mission suicide? Mais voyons c'est Fulgor le destructeur, rien ne l'arrête
Le pnj était essentiel à la campagne, c'est le moment de sortir la vieille astuce: ce n'était qu'un pion, l'apprenti du VRAI GRAND MECHANT qui va vouloir se venger. Ou mieux! En l'absence de contrôle, l'armada d'orques qui devaient dévasté le royaume va s'éparpiller et poser pleins de petits problèmes un peu partout. Là où une bonne grosse attaque frontale aurait réglé le problème, il va falloir faire le ménage dans les coins.
Bref, j'espère que vous voyez l'idée: accepter les résultats mais se libérer de l'interprétation qui apparait évidente.
Je reconnais que ce n'est pas simple, d'autant que les imprévus sont justement... non prévus.
Si vous avez des exemples autre, n'hésitez pas à les proposer qu'on en discute.