[CR] MV - New World Order

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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D-FENS
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[CR] MV - New World Order

Message par D-FENS »

Introduction.
Avertissement général : New World Order aborde parfois des thématiques sensibles. Si tel est le cas, je me permettrai de mettre des avertissements en début de chaque compte-rendu si tel est le cas.
 
New World Order est une campagne de Magna Veritas, s’intéressant aux pérégrinations d’anges entre 1998 et 1999. Ils vont devoir dénouer un complot d’envergure pour éviter un énorme bordel. Bref, ça ne sera pas de tout repos. Précisons que ce complot a des ramifications dans mon autre campagne actuelle, Burning Down the House (disponible gratuitement comme vous le voyez, et pas à un prix exorbitant comme dans les boulangeries-pâtisseries Paul - bande de salauds, ça se fait pas de vendre un jambon-beurre à 6 euros 50 !).
 
La campagne est toutefois notoirement courte de l’avis de tout le monde, et s’expédie en quelques séances de jeu IRL (l’ineffable @Loris m’a parlé d’à peine deux grosses nuits pour lui). Elle tend, selon les avis recueillis sur le GROG et d’avis d’un ami, à être très linéaire et un peu dirigiste : les diverses découvertes des PJs n’impactent pas forcément le déroulé de l’histoire.
 
J’ai donc pallié à ces deux défauts par deux moyens. Premièrement, j’ai rajouté du gras. Cela est nécessaire pour présenter l’univers à mes anges, mais aussi les occuper pendant certaines « périodes de pause longues » de la campagne (certains scénarios sont normalement distants de plusieurs semaines, voire mois). Deuxièmement, j’ai introduit des éléments d’approfondissement de l’enquête, notamment pour modifier radicalement certains éléments et comprendre ce qui se passait. Évidemment, tout cela implique aux joueurs de se creuser la tête…
 
Enfin, la campagne a été insérée dans mon univers personnel, le fameux MCU, pour Murmeli Cinematic Universe©®™. Comme je l’ai déjà dit dans un précédent compte-rendu, toute ressemblance entre ce nom et un certain univers filmique qui a dégénéré est purement fortuite. Comme déjà expliqué, le ton est probablement moins satirique que ses auteurs originaux l’envisageaient. J’ai tendance à mettre en avant une dimension parfois plus contemplative, onirique et philosophique. Ensuite, cet univers départ de l’univers « canon » des quatre premières éditions, parfois en ajoutant des choses, parfois en en retirant, parfois en tentant des conciliations entre des éléments contradictoires.
 
Cette campagne comporte des obsessions très personnelles, incluant (de manière non-exhaustive) le cinéma de John Carpenter, la chanson Hey Lord! de Helloween, le metal industriel germanique naissant, les questions de la marginalité et de l’exclusion, le sans-abrisme ou encore l’infernal trio entre la tolérance, l’ignorance et la cruauté. Il contient aussi des thématiques amenées par les joueurs, notamment (encore et toujours) des réflexions sur la queerness, le cinéma des années 1990, la crise du capitalisme, la fin des années SIDA et le début de nouvelles luttes homosexuelles, ou encore l’hypocrisie bourgeoise.
 
Par conséquent, ces comptes-rendus ne conviennent pas aux enfants de moins de trois ans, aux électeurs du Rassemblement National, aux salauds qui mènent des politiques ultralibérales du logement qui ont mené une inexorable hausse du sans-abrisme mais qui font pourtant bonne figure et ont bonne conscience, aux personnes de bon goût et aux haters de la Finlande.
 
Pour terminer, avertissement à mes joueurs : si vous ne voulez pas vous divulgâcher la campagne, fuyez les spoilers (sauf précision que ces informations sont connues par certains). Ceux-ci développent des points du background maison, font des remarques sur ce qui se trame en toile de fond, précisent des éléments… Bref, ne lisez pas, sauf si vous êtes maso (fais pas le con Philippe !).
 
Enfin, pour ceux qui se posent la question : nous jouons dans la V4, par faiblesse personnelle (j’ai découvert le jeu avec, et j’aime bien certains aspects). J’ai dégraissé certaines règles, car mon mot d’ordre est simple : flemme. Cela est possible (vu que le système est parfois un peu lourd…) car un ami a fabriqué un ruleset pour Foundry (et le fabrique toujours un peu, d’ailleurs). Un grand merci à lui. 
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Orlov
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Re: [CR] MV - New World Order

Message par Orlov »

Si c'est aussi brillant que l'autre campagne , je vais suivre ce récit avec intérêt.
Cryoban a écrit : lun. juin 26, 2023 7:56 am Le vrai problème c'est les gens.

Mildendo aka Capitaine Caverne a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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Gridal
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Re: [CR] MV - New World Order

Message par Gridal »

Je vais lire ton CR avec intérêt. New World Order est une chouette campagne, imparfaite certes, qui demande du boulot au MJ, mais avec plein de qualités.
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Loris
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Re: [CR] MV - New World Order

Message par Loris »

Pour NWO, j’avais mis deux trois gadgets d’un usage limité sur la scenariotheque
"Over the centuries, mankind has tried many ways of combating the forces of evil... prayer, fasting, good works and so on. Up until 'DooM', no one seemed to have thought about the double-barrel shotgun. Eat leaden death, demon!"
~Terry Pratchett
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D-FENS
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Re: [CR] MV - New World Order

Message par D-FENS »

Orlov a écrit : jeu. avr. 25, 2024 3:20 pm Si c'est aussi brillant que l'autre campagne , je vais suivre ce récit avec intérêt.
Je vais reprendre les comptes-rendus sous peu pour l'autre campagne, mais disons que cela promet d'être aussi prometteur. :mrgreen:
Gridal a écrit : jeu. avr. 25, 2024 6:46 pm Je vais lire ton CR avec intérêt. New World Order est une chouette campagne, imparfaite certes, qui demande du boulot au MJ, mais avec plein de qualités.
C'est ce que j'ai pensé à la relecture et après avoir consulté les critiques sur le GROG, je me suis lancé là-dedans. Par contre, je vais éviter de mentir : il y a pas mal de gras et de choses très idiosyncratiques, à tel point que certains points sont changés. Ça a rapport à mon autre campagne en cours.
Loris a écrit : jeu. avr. 25, 2024 10:26 pm Pour NWO, j’avais mis deux trois gadgets d’un usage limité sur la scenariotheque
Je note, j'y ferai un tour !
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D-FENS
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Re: [CR] MV - New World Order

Message par D-FENS »

« Sessions 0 » : Contrat social et création de personnages.
Date : Décembre 2023 à mars 2024.
 
Pendant ces quelques mois, j’ai exposé les grandes lignes de la campagne. Nous avons aussi défini des voiles et des lignes : en effet, un moment-pivot de la campagne aborde la question particulièrement sensible de la pédophilie. Après avoir arrêté de grands principes, les joueurs ont embarqué dans la campagne. Nous nous sommes mis alors à la conception de nos charmants anges.
 
Par rapport à notre début effectif qui devait être en février 2024, il y a eu des imprévus : indisponibilité d’un joueur en février et abandon d’un autre joueur entré en formation (merci m’sieur Macron !), absence en mars pour moi, recrutement d’un nouveau joueur en mars suite à une proposition de Moi-Même Meujeu Maître du Monde™ et après décision de la table.
 
Archélaüs.
Archélaüs est incarné dans Joseph Aznar Aragon, restaurateur ambulant. Le soir venu, six jours par semaine, Aznar Aragon vend des pizzas. Pendant les fêtes et les vacances d’été, il  vend également des churros et des crêpes en journée. Il a quarante-deux ans, et habite à Fontenay-sous-Bois dans un pavillon avec sa famille. Franco-espagnol, Joseph Aznar Aragon est arrivé très jeune en France et parle le français sans accent.
 
Avoisinant le mètre soixante-quinze, Joseph Aznar Aragon n’est pas très épais. La peau mate, le visage marqué par l’âge, avec des rides visibles, les lèvres fines et le nez aquilin, Aznar Aragon donne l’impression d’être taillé au couteau – un couteau qui a pas laissé beaucoup de gras. Cela est dû à son travail physique comme à la participation à l’humain de nombreuses activités sportives organisées par sa paroisse. Ses yeux gris verts sont enfoncés dans ses orbites et ses cheveux bruns, grisonnant sur les tempes, sont coiffés en arrière. En fait, Aznar Aragon a l’air, selon son attitude, aussi parfaitement sympathique que terriblement inquiétant.
 
Joseph Aznar Aragon était un homme strict et aimant l’efficacité. L’ange qui l’a remplacé a poussé ces traits de caractère à l’extrême. Si Archélaüs ne fait pas dans la sensiblerie, il est un ange authentiquement bienveillant. Enfin… Jusqu’à un certain point. Archélaüs adore la torture, et trouve la période actuelle à la fois décadente (des musulmans partout et des femmes en pantalon, pensez-vous !) et stagnante (recul du Bien et de la religion).
 
Incarné pour la dernière fois aux grandes heures de l’Inquisition espagnole, Archélaüs regrette cette période bénie où on persécutait les déviants, qu’on les torturait et qu’on obtenait des informations utiles pour éradiquer le Mal à la racine… Mais les humains ont développé de nouvelles techniques de torture, donc tout n'est pas tout noir ! Bon, le problème reste qu’il y a des musulmans partout, ce qui veut dire que cette hérésie a progressé malgré tout le travail fait à l’époque…
 
Joseph Aznar Aragon est le seul de nos quatre anges à avoir une famille. Il a une femme, Isabelle, de dix ans sa cadette, et une petite fille de six ans, Marie. Joseph Aznar Aragon emploie depuis deux ans Michel, dit « Michou », aux origines maghrébine. Joseph Aznar Aragon était un croyant très pieux, fortement investi dans sa paroisse, et un catholique très conservateur (mais pas traditionnaliste, attention).
 
[Ce spoiler concerne tous les joueurs, à l’exception du joueur d’Archélaüs.]
 
Spoiler:
Joseph Aznar Aragon avait des tensions dans son mariage. Ses horaires (souvent très longs) et sa paie (à peine supérieure au SMIC, alors que sa femme ne travaille pas) impliquaient des tensions fréquentes avec son épouse. Autre problème : Joseph Aznar Aragon est resté en bons termes avec Marie-France, son ancienne fiancée, qui a désormais trente-neuf ans et est toujours célibataire. Isabelle n’apprécie guère cette amitié, ce dont Joseph avait conscience ; cependant, Isabelle évitait d’exprimer trop directement ses réticences. L’ange s’est fixé comme objectif de ramener la paix et l’harmonie dans le domicile familial.
 
Michel « Michou » Asnaoui est un jeune homme aux origines maghrébines. Il bosse depuis deux ans avec Aznar Aragon. L’athéisme de Michou fait qu’Archélaüs le tolère – mieux vaut un incroyant qu’un suppôt d’une religion déviante… Ses relations étaient cordiales avec l’humain et Joseph Aznar Aragon lui faisait confiance. Archélaüs a appris à lui faire confiance, mais il est toujours un peu méfiant – on ne se refait pas des persécutions contre les Morisques et les crypto-musulmans…
 
Un client régulier, Sébastien (il ne connaît pas son nom de famille), venait voir très régulièrement Joseph Aznar Aragon. Joseph ne savait pas grand-chose sur lui, mais quatre choses étaient certaines : il était très cultivé (l’humain était très impressionné par la culture historique, géographique et théologique de Sébastien ; l’ange l’est toujours autant), avait pas mal de problèmes dans sa vie amoureuse (Joseph comme Archélaüs ne connaisse même pas le nom de la douce), avait rompu avec ses parents et était en galère permanente de thunes. « Seb » (puisque Joseph a fini par l’appeler ainsi) vient acheter une pizza chaque semaine, lorsque le camion d’Aznar Aragon est à Paris (c’est le seul luxe qu’il se permet). 
 
Le réseau de Joseph Aznar Aragon était très développé : très impliqué dans sa paroisse, il connaissait bien les bonnes âmes chrétiennes (dont Marie-France) et le curé de la paroisse (un jeune prêtre dynamique originaire de Nantes, sourire Pepsodent, répondant au nom de Nicolas Larrivé). Joseph était très impliqué dans le secours aux étrangers – lui-même ayant immigré dans sa jeunesse avec ses parents, avec comme seuls bagages deux valises en carton.
 
De surcroît, il a deux amis de lycée : Jean-Marc Moreau, un instit’ catho social proche des Jeunesses ouvrières communistes, et Philippe Lambert, dit simplement « Lambi », pompiste catho encarté au RPR. Les trois sont copains comme cochons, malgré leurs divergences politiques – Joseph Aznar Aragon était plutôt « apolitique », Jean-Marc vote PCF et Lambi est évidemment au RPR.

 
Archélaüs sert (est-ce vraiment une surprise vu ses passions ?) Joseph, Archange de l’inquisition.
 
Camel.
Camel est incarné dans Augustin Mileh, aussi surnommée Gus. Pisciniste salarié par Martin Entretien Piscines, Gus est spécialisé dans l’entretien – et notamment, l’entretien écolo des piscines. L’entreprise de Gus est pionnière en piscines naturelles ; Gus est d’ailleurs l’un des rares spécialistes franciliens en la matière.
 
Homme rondouillard, aux cheveux roux avec quelques mèches grises et à la longue barbe de Père Noël rousse, Camel inspire la bonhommie. Il est de taille moyenne, avec une corpulence un peu forte, mais guère plus. Sur son bras gauche, il y a un tatouage représentant un sous-marin jaune entouré de fleurs. Généralement, il est habillé de manière détendue (jean large, t-shirt ample, veste en jean). L’œil aiguisé distingue les badges récupérés, année après année, aux Prides par l’humain. Mais Gus préfère cacher ça : aux moments critiques, il les enlève même.
 
Camel est un ange jovial et relax, qui n’a pas l’air d’être atteint par grand-chose. En fait, son humain était comme ça, donc il n’a même pas besoin de jouer la comédie. Naturellement perché, et fumant du canna’ pas mal (mais jamais au point de se détruire la santé), Camel plane à trente pieds au-dessous. Mais il est toujours de bonne volonté et prêt à aider, aussi il n’est jamais trop loin. Dernière précision : bien qu’il soit très peace and love, sa tolérance atteint certaines limites avec les anges de Dominique (on le sent alors tendu) et les activités démoniaques (quoique dans ce cas, ça dépend…). Comme tous les anges de Novalis, Camel cultive un goût immodéré pour l’herbe, goût partagé par son humain.
 
[Ce spoiler concerne tous les joueurs, à l’exception du joueur de Camel.]
 
Spoiler:
Gus Mileh n’a plus de famille : non seulement il était fils unique, mais a rompu avec sa famille lorsqu’il a fait son coming out. Gus venait d’un milieu très chrétien, mais il ne l’était lui-même que très vaguement. Surtout, Gus fréquentait des groupuscules franchement à gauche, en particulier les groupes conseillistes ou anarcho-communistes. Aussi, à son incarnation, Camel s’est bien demandé pourquoi on l’a recruté pour donner son corps à son ange.
 
Point supplémentaire : comme l’humain, Camel est gay. C’est quelque chose qui est lourd à porter dans une ambiance aussi stalinienne et lourde que le Paradis, et jamais n’a-t-il été trop vocal à ce sujet. Aussi, l’ambiance globalement homophobe des Forces du Bien (sans rire !) ne le pousse pas à se sentir toujours en sécurité au milieu des anges, préférant la compagnie humaine…
 
Gus est très pote avec deux collègues de travail. La première est Vanessa Couture, aussi nommé Vaness, une jeune fille de vingt-trois ans, avec une vie amoureuse ambiance Sarajevo en 1995. Malgré cette vie amoureuse catastrophique faite d’énormes déceptions, Vanessa garde espoir de trouver chaussure à son pied – c’est une grande romantique. Robert Langlois, dit simplement « Rob », est un rasta de trente-quatre ans qui a vécu dix ans en Angleterre. Rob est un espèce d’ado attardé, mais il se responsabilise depuis qu’il a rencontré Cedella, une Britannique d’origine jamaïcaine, voilà quatre ans. Cedella tient un petit resto jamaïcain en plein cœur de Paris depuis son installation en France en 1994.
 
Vaness et Rob partagent le goût immodéré de Gus pour l’herbe. Ils se retrouvaient souvent avec Cedella pour fumer à quatre et rigoler comme des cons. Gus est « out » auprès de ses quatre amis : Vaness s’est toujours montrée bienveillante et soutenante, et Rob ne s’en est jamais formalisé (et pourtant, il est rasta !). Par contre, Cedella a eu du mal, mais elle a finie par accepter Gus. En fait, Rob lui a bien fait comprendre qu’elle avait le choix entre évoluer sur la question de l’homosexualité ou le quitter vu que son pote lui plaisait pas…

 
Camel sert, sans surprise, Novalis, Archange des fleurs.
 
Claude.
Claude est incarné dans Paul Hisse. Âgé de trente-huit ans, il se rapproche inexorablement de la quarantaine. Il exerce comme agent de protection rapprochée (garde du corps, en somme) pour une agence parisienne.
 
Le corps d’accueil de Claude est un homme à la chevelure noire, taillée très court – comme à l’armée. Il n’est pas imberbe, mais veille à se raser de près. Son corps fin, musclé et grand le rend charmant. Et pourtant, malgré cela, il ne couche pas ! Claude (comme son humain auparavant) porte un habillement classique, portant des costumes élégants et cintrés faisant ressortir ses formes – qu’on devine bien sous ses vêtements. Quand il n’est pas en costume, il est vêtu un peu chic mais sévère – veste, pantalon, col roulé.
 
Paul Hisse était un homme chiant : il ne buvait pas, il ne fumait, il ne sortait pas… et surtout, il ne couchait pas ! Sa vie se résumait à métro, boulot, dodo. Son seul loisir, c’était le cinéma. Paul respectait (et parfois craignait) les hommes ; quant aux femmes, il se montrait silencieux et passif en leur présence. En fait, beaucoup de ces caractéristiques venaient de son éducation catholique stricte. Mais Paul prenait des initiatives dans son travail, et était par conséquent un garde du corps remarquable.
 
Claude est cependant un ange nettement plus remarquable : même s’il aime se faire discret, il est prompt à des remarques pince-sans-rire, fait preuve d’initiative et se montre courageux (voire même téméraire à tendance semi-berserk suicidaire). Par ailleurs, il a un sens remarquable de la dévotion envers les humains qu’il sert. Claude se voit comme un ange au service des hommes, et malgré tous ses efforts, cet instinct protecteur ressort irrémédiablement – plus que lorsque Paul occupait son corps.
 
Paul n’avait guère d’amis, seulement quelques relations de travail et sa famille.
 
[Ce spoiler concerne tous les joueurs, à l’exception du joueur de Claude.]
 
Spoiler:
La famille de Paul était plutôt stricte et, pour tout dire, étouffante. Son père, Hubert, est un ancien militaire âgé de soixante-deux passé dans une agence de protection rapprochée et parti récemment à la retraie. Sa mère, Marie, a soixante ans et devrait bientôt partir à la retraite. Quant à sa grande sœur Marie (oui, comme la mère), âgée de quarante ans et aide-soignante, elle s’est fixée la mission de (sur)protéger son petit frère…
 
En fait, mis à part sa famille, Paul ne connaît pratiquement personne. Ses amis se limitent à Abdel-Hadi et Ouria Abdelatif, deux jumeaux qu’il connaît depuis la maternel, et à Tiphaine Laurent, une jolie jeune femme récemment entrée dans la même agence de protection rapprochée que Paul. Paul était bien intentionné, mais Claude a des pensées nettement moins… catholiques (sic !). Rajoutons à cela son patron, Jean-Christophe Grangier, un homme autoritaire et sévère, bien que juste, ancien militaire reconverti, mais droit et honnête. 
 
Disons que par conséquent, l’éducation de Paul fut marquée par un mélange d’autoritarisme (son père), de surprotection (sa mère et sa sœur) et de catholicisme ultra-conservateur et intransigeant. C’est donc devenu un homme terne, presque sans saveur, dont le seul intérêt était le cinéma – la seule chose qui le faisait rêver. Mais Paul a été marqué par un incident notable : pour le compte d’un client dans des circonstances troubles, il a abattu de sang-froid un homme en 1996. Cet incident a beaucoup marqué Paul, au point que lorsqu’il fut contacté par le Service de recrutement des corps, il accepta sans réfléchir : il voyait cela comme un moyen de sauver son âme.
 
Résultat, Claude est obligé de faire le dos rond, dans le corps d’un homme dont la vie lui paraissait terne et morose. Mais Claude a deux problèmes : le premier, c’est que sa personnalité d’ange est nettement plus exubérante que l’humain effacé qu’il remplace ; la seconde, c’est que l’ange aime un peu trop les humaines… et les humains, en plus ! Eh oui, Claude a un vice, et pas n’importe lequel : il aime coucher avec des humains, de tous les sexes. La luxure en plus de la sodomie, ça fait tâche pour un ange en 2021, alors en imaginez en 1998…

 
Raccord avec son humain et son métier, Claude sert Jean-Luc, Archange des protecteurs.
 
Medra.
Medra est incarné dans Jean Mainard de Cahaignes, un dilettante français de trente-deux ans. Aristocrate catholique bien introduit dans les cercles mondains parisiens, il bénéficie du titre de baron ; son père est le célèbre comte Jean Mainard de Cahaignes, un haut fonctionnaire atypique, réputé pour sa verve et son esprit, mais aussi ses convictions fortement ancrées à gauche. Jean a donc grandi dans une famille atypique. Avant sa mise en disponibilité, il était spécialiste de l’économétrie.
 
Homme grand à la chevelure courte et à la moustache en pinceau, il se distingue par un long front, un nez droit et d’épais sourcils. Son visage est immédiatement reconnaissable. Le corps d’accueil de Medra est néanmoins beau et présente une prestance naturelle. Généralement, quand il entre dans une pièce, tout le monde sait qui il est. Il a une excellente réputation auprès de la gente féminine, qui le trouve charmant – de tous les points de vue…
 
Medra, à la manière de son humain, n’aime guère le luxe et l’ostentation. Il possède une culture artistique et historique solide, en plus d’un bagage sérieux en économétrie. Il aime les costumes simples, privilégie les discrètes berlines allemandes à des voitures de sport ou à de grosses cylindrées, ne porte pas de bijoux et n’aime pas étaler sa fortune – ce qui est paradoxal pour un aristocrate fortuné. Medra est réputé pour être un ange déterminé et audacieux, qualités déjà présentes chez son corps d’incarnation. Catholique croyant mais très modérément pratiquant, Jean Mainard de Cahaignes était toutefois réputé pour faire la charité. À ceux qui l’interrogent sur son étonnant revirement, il se déclare « libre de réaliser les rêves des autres ».
 
[Ce spoiler concerne tous les joueurs, à l’exception du joueur de Medra.]
 
Spoiler:
Avant même que Medra n’investisse le corps, Jean Mainard de Cahaignes était déjà particulièrement « limite ». Appartenant à un groupe de jeunes aristocrates excentriques connus sous le nom de « Groupe de Saint-Germain », il a passé une partie de ses plus jeunes années à se moquer des normes sociales, à s’intéresser à l’art et à avoir des mœurs sexuelles… peu conformes. Jean était notoirement bisexuel, même s’il était à la fin de son adolescence et au début de l’âge adulte exclusivement intéressé par les hommes – le goût des femmes est venu avec l’âge.
 
Baratineur de première, Jean a conçu une défiance profonde de l’autorité et un mépris profond pour l’hypocrisie guindée des cercles aristocratiques parisiens. En fait, le catholicisme de Jean a peu à avoir avec celui des grenouilles de bénitier : c’est la conviction profonde que de nombreuses normes sociales méritent d’être dynamitées, pulvérisées, éparpillées… Car elles cachent simplement le visage du Mal. Plutôt que la foi de la grenouille de bénitier ergotant sans cesse sur son salut auprès du curé, Jean a cherché à mettre en application une vie simple, réfléchi et dévouée aux malheurs d’autrui.
 
Dans un premier temps, il a d’abord éparpillé une part de son argent aux plus pauvres. Mais les cercles mondains le dégoûtaient de plus en plus, et il a conçu un projet ambitieux : redistribuer les richesses. Et puisque les socialos semblaient peu décidés à des projets ambitieux de taxation, il a décidé de pratiquer l’expropriation prolétarienne (oui, vous avez bien lu : l’aristocrate avait les mêmes méthodes que Bonnot, la violence en moins).
 
Aussi, a-t-il abandonné sa prometteuse carrière au Ministère de l’Économie pour commencer à escroquer et à voler des bourgeois et des aristocrates pour donner à l’Église et à des œuvres de charité. C’est comme cela que les services de Janus l’ont repéré. Janus s’est dit que c’était un bon catholique, et qu’il méritait bien sa place au Paradis vu ses actions. Voilà comment Medra s’est trouvé incarné dans Jean Mainard de Cahaignes.
 
Medra est tout aussi iconoclaste que son corps d’accueil. Il partage les mêmes mœurs bisexuelles que celui-ci, mais est nettement plus intéressé par les femmes (alors que Jean l’était plus par les hommes) et se montre moins friand de conquêtes. Medra n’a fait qu’intensifier les « bonnes pratiques » de son corps, s’arrangeant pour dérober aux arrogants et aux pingres ce qui revient de juste droit aux pauvres. Bref, comme il le dit lui-même, « je participe au rééquilibre des forces du marché »…

 
Medra sert Janus, Archange des vents.
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