[Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

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Wlad
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Wlad »

Uphir entre dans une boulangerie.

- Bonjour Monsieur, qu'est-ce que ce sera ?
- Un croissant , svp.
- Voilà. Et avec ça ?
- Un croissant, svp.
- Euh... Oui, et avec ça ?
- Un croissant, svp.
-... Qui nous font trois. Autre chose ?
- Allez, j'essaie plus dur. Deux croissants, svp.
-... Et sinon ?
- Deux croissants, svp.
- Hmmm.
- Rhô, j'y crois pas, comment je te grinde l'instance en Expert ! À moi le loot Falcon Lost !
- Mais bien sûr... Dites, faites gaffe, arrêtez de vous appuyer comme ça contre le présentoir, vous allez vous faire mal à l'entrejambe.
- Ouais, bah, ça sera pas pire qu'aux entraînements, hein. Au maximum j'aurai un bleu de boules. Bleu de boules... Bleu de boules... AAAAAH, PUTAIN, J'VAIS M'LES FAIRE ! FOCUS, CYANIDE, REVENEZ PAR ICI !
Y a pot !
anonyme
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par anonyme »

Expdr... :D

Pas mal, pas mal... mais j'ai lâché The Division ! :P
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Tybalt (le retour)
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Tybalt (le retour) »

Fabien_Lyraud a écrit :- Bonjour monsieur Tybalt.
- Ave, panes factora. Panem volo.
- Qu'est ce que ce que je vous sers comme pain. On en a des tes de sortes.
- Panem cum nuxis.
- Du pain aux noix, monsieur est connaisseur.
- Pax vobiscum, muller. Manducaturus te salutat.
:D
Rhô, je suis plus helléniste que latiniste. Allez zou, en grec ancien maintenant :mrgreen:
Le Zakhan noir a écrit :Vous n’avez jamais surpris, à la lumière blafarde de la lune, les silhouettes voûtées des Greats Old Pissing Ones ? La plupart des murs du quartier luisent encore des signes cabalistiques qu’ils ont tracés, leur appendice ridé à la main, dans une aspersion cyclopéenne et aléatoire ? Avez-vous croisé leur regard lubri…
Ça explique tellement de choses bizarres en ville :D
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".
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Nébal
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Nébal »

...

Bon, allez, je craque, j'essaye.

Vermer entre dans la boulangerie.
- Bonjour, M. Vermer ! Vous allez bien ? Qu'est-ce que ce sera ?
Vermer s'arrête au milieu de la boulangerie et la balaye longuement du regard. La boulangère patiente, mais, au bout d'un moment :
- Euh... Monsieur ?
Il fixe enfin la boulangère. Puis :
- Il est quand même pas bon, votre pain.
- ...
- Parce qu'on m'en avait dit du bien voyez-vous, mais en fait non. Non, non, le fait est, il n'est pas bon votre pain.
- Eh bien... Euh...
- Ah je vous vois venir ! Le pain de la boulangerie de la place n'est pas bon non plus ?
- ...
- Oui. C'est vrai. Mais c'est pas une raison. Et j'ajouterai même que, vu que votre pain n'est pas bon, c'est quand même gonflé de votre part de critiquer le pain de la boulangerie de la place. Quand même.
La boulangère s'énerve un peu.
- Vous lui reprochez quoi, à mon pain ?
- Il n'est pas bon.
- Oui, ça, j'avais compris. Mais encore ?
- Il n'est pas bon. C'est mal fait. Ça a l'ambition d'être du pain mais c'est mal fait. Et du coup c'est pas bon.
- ...
- Oh, j'ai comparé, hein. Dans le temps il y avait du bon pain, mais c'était dans le temps... Votre pain, celui de la boulangerie de la place... C'est pas bon. C'est du mauvais pain.
La boulangère s'énerve un peu plus.
- Dites, vous comptez cont...
- Je prends tout.
- ...
Vermer patiente. La boulangère restant bouche bée, il répète au bout d'une minute de tension :
- Je prends tout. Les baguettes, là, dégueulasses. Les pains de campagne, qui sont franchement... Les croissants. Les pains au chocolat. Les pains aux raisins. Les sachets de bonbons, aussi - pourtant, ils sont tellement mauvais... Oh, et n'oubliez pas les boissons. Tout le frigo. Bon c'est pas frais et trop sucré, mais bon...
- Mais... Je croyais que...
- C'est pour être sûr. Que votre pain est bien mauvais. Et quand je dis le pain... Bon, le reste aussi. Bien sûr. On va pas se leurrer. C'est pas bon. Rien de tout cela n'est bon. Mais il me faut vérifier. C'est important.
La boulangère regarde tout autour d'elle, elle n'est plus sûre de rien. Puis elle se décide à aller chercher le boulanger et les apprentis, et ils passent un long moment à tout préparer pour leur client. Vermer paye - en liquide, la caisse enregistreuse déborde littéralement. Il transporte la commande dans son camion, aidé du boulanger et des apprentis, puis revient dans la boulangerie.
- N'empêche que votre pain il est pas bon.
La boulangère lui adresse un grand sourire :
- Revenez quand vous voulez !
Et Vermer s'en va ; il doit passer voir le garagiste - et, bon, c'est pas pour dire, mais qu'est-ce qu'il est mauvais, ce garagiste...
Welcome to Nebalia : Crypt of Cthulhu, Vol. 1, No. 2
Random Academy Pilot : Renforts impériaux
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Léonard
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Léonard »

:bravo:
J'avais exactement la même idée qui me trottait dans la tête depuis un moment !
Dime Legends et Pack Horse Library, mes jeux sur lulu.com...

...et sur itch.io

Pack Horse Library : des femmes, des livres et des chevaux dans l'Amérique des années 1930 - Un jeu de rôle clé en main.

Moi, c'est @Léonard, pas @leonard.
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Najael
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Najael »

Magnifique Nébal, on s'y croirait!
:mrgreen:
🐺 Fantastibuleuses et esbaudissantes créa graphiques là, ▶️ Sur l'Etagère ◀️ .
"What am I supposed to do? Apologize? Over my rich, hot, dead body!"
Spoiler:
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Fabien_Lyraud
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Fabien_Lyraud »

Le voyageur dimensionnel s'était assis à sa table. Un étrange être reptilien lui avait apporté une tasse de café.
"J'aurais préféré une mousse, maugréa - t - il.
- Tout de de chuite, monchieur dit l'être.
Il apporta une assiette où se trouvait des cadavres de mouches.
- Je disais une mousse, pas une mouche. Une bière quoi.
- Un chercueil quelle drôle d'idée ?
- Arrête d'importuner le monsieur, dit une voix féminine. Va plutôt de préparer pour combattre Azathtoth.
La boulangère de tourna vers le client.
- Il faut l'excuser il n'est méchant. Que puis je pour vous ?
- Je voudrais du pain évidemment. Affronter les hordes barbares dans les étendues désolées d'une planète hurlante, il n'y a pas à dire ça creuse.
La boulangère regarda par delà la vitrine et vit le véhicule mi mécanique, mi organique garé devant la boutique.
- Evidemment c'est à vous.
- Oui. Vous savez je préférais largement quand je parcourais les royaumes de légendes, les choses étaient plus faciles alors."
Le voyageur dimensionnel regarda vers l'extérieur. Les rayons jaunes du soleil lui semblaient être des radiations. Il paya son dû et sortit en murmurant un mantra.
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Fabien_Lyraud
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Fabien_Lyraud »

Le Morane Saunier se posa devant la boulangerie. Le pilote en descendit et posa son casque sur le siège. Il ôta le chargeur de sa Kalashnikov pour signifier ses intentions pacifiques et se dirigea vers la boutique.
A l'intérieur tout les grands détectives étaient là penchés sur le cadavre de la boulangère :
Barrington Lord était aux côtés de son associé et ami le docteur Wilson. Ulysse Navet, le détective suisse, en compagnie du capitaine Azincourt, lui faisait face et rajusta son monocle et regarda le nouveau venu d'un air arrogant. Le commissaire Malingre de la PJ parisienne machonnait sa pipe en demanda ce qu'il faisait là. Stephen Shakespeare, le privé new yorkais alluma négligemment une cigarette.
Lord se tourna vers le nouveau venu.
"Mais qui êtes vous.
- Je suis le captain. J'ai retrouvé l'épave de la Licorne dans les profondeurs du lac aux requins. J'ai vaincu l'infâme nain chinois Ping dans les catacombes de Hong Kong. J'ai combattu les Assassins dans un plateau d'Asie centrale oublié par les hommes. Je me suis emparé des trésors des cités perdues dans les profondeurs des jungles d'Afrique. Sans moi personne ne retrouverais les temples perdus. Et certainement pas Marcel le pétomane.
- Un aventurier, dit Navet. Et vous réussiriez là où nous avons échoué. Vous savez qui a tué la boulangère.
- Il va de soi que le surnaturel est mêlé à l'affaire. Peut être même le Mythe.
- Vous croyiez à l'existence du Mythe ?
- J'ai été confronté à maintes êtres surnaturels. Je sais reconnaître sa présence. La boulangère a été victime des sectateurs de Celui que l'on ne nomme pas. Ils l'ont sacrifié à leurs dieux impies.
L'homme aperçut un étalage de pulp magazine au fond de la boutique; il s'empara d'un magazine de science fiction à la couverture bigarré. Il lut des noms d'auteurs qu'il connaissait : Jack Vance, Edgar Rice Burroughs.
- C'est pas tout ça dit aux grands détectives, mais on m'attend pour affronter des ptérodactyles..
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KamiSeiTo
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Message par KamiSeiTo »

Fabien, tu fais références à des Casusiens... ??
Parce que je vois pas du tout lesquels, là... ^^"
Proposer un jeu qui soit au service d’une façon de jouer spécifique et, surtout sans tomber dans le piège de ne pas en permettre d’autre, néanmoins tout inféoder à cette dernière.
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Fabien_Lyraud
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Fabien_Lyraud »

Je le mets en spoiler :
Spoiler:
Le premier c'est Batronoban (il y a le titre de plusieurs de ses jeux dans le texte)
Le second c'est Merlock.
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Lotin
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Lotin »

Fabien_Lyraud a écrit :Lotin entre dans la boulangerie.
...
- L'état vous expropiera. Et vous serez remplacé par un boulanger plus compréhensif.
...
Huhuhu !! J'avais pas vu/lu (oui j'ai du retard). Tu tapes juste en plus :yes: , on a fait croire ça à un hôtelier il y a quelques années.
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Fabien_Lyraud
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par Fabien_Lyraud »

Le guerrier entra dans la boulangerie. Au lieu de la boutique à laquelle il s’attendait il se retrouva dans un étroit corridor sombre. Des bruits sinistres se faisaient entendre et il se déplaçait avec précaution. Bientôt il distingua devant lui une forme sombre. De plus prêt il se rendit compte que c’était un dragonet. La créature n’avait pas l’air de vouloir le laisser passer. Alors il poussa son cri de guerre légendaire «  Grumph » et attaqua la créature. Sa lourde hache s’abattit sur le reptile qui bientôt ne fut plus qu’un cadavre au pied du guerrier. Il contempla la créature étendu. Il se dit que c’était vraiment un dragon de poche. Il continua devant lui et poussa la porte qui se trouvait devant lui.
L’univers changea. Il venait d’entrer dans une pièce futuriste où trainaient des ordinateurs. Face à lui un homme dont le crâne s’ornait d’implants cybernétiques, se tenait derrière un bureau où était écrit Nanochrome Inc. Le voyageur se dit qu’il devait être entré dans un complexe d’Ombres. Depuis qu’il avait quitté la Cité il avait parcouru nombre d’entre elles. Mais c’était la première fois qu’il se retrouvait piégé dans un tel labyrinthe. Il se dirigea vers le comptoir et demanda à l’homme :
« Je voudrais du pain s’il vous plait ».
L’autre lui désigna un ordinateur.
« Connectez vous à la matrice. »
Il s’approcha de l’un des postes. Coiffa l’interface neural sur sa tête. Bientôt devant ses yeux s’affichèrent des panonceaux holographiques chacun aggrémenté d’une inscription. L’un d’entre eux indiquait Mahamoth, l’autre Kang To, un troisième encore Athalame, et le dernier Mille Marches.
Il appuya sur Mille Marches.
Le décor familier de la boulangerie s’afficha devant ses yeux. En face de lui derrière le comptoir se tenait une étrange créature mi homme, mi blaireau.
« - Bonjour Maître Blaireau, je voudrais une baguette.
La créature lui tendit le pain qu’il demandait. L’homme paya.
- Bonne chance Sire Grumph, lui répondit l’être.
il prit congés et disparut dans les rues populeuses d’Öropa.
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le Zakhan Noir
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je n'ai que peu modifié le texte d'origine!

Message par le Zakhan Noir »

Bonjour, c'est Nébal. Après être entré une première fois dans cette boulangerie avec joie et drôlerie grâce à Léonard, j'y reviens pour vous présenter ma dernière critique


TARTE SOLEIL AU NUTELLA

Voilà une très jolie trouvaille des éditions Coquelin – une boulangerie exiguë japonaise ouverte en 1923 qui, au-delà des influences franchouillardes qui l’ont marqué et d’éventuelles cuissons parallèles que je discuterai bientôt, conserve aujourd’hui toute sa force et tout son croustillant

L’AUTEUR

Chaussumitsu Pommchi, né en 1898, n’est probablement pas le plus connu en France des boulangers de cette génération de Taichocô – celle des « boulangers maudits », parmi lesquels on compte toutefois quelques stars, comme Baguetgawa Tradisuké ou le futur Prix Nobel Tartebata Fraisunari ; ce dernier était d’ailleurs un ami et collègue de Chaussumitsu Pommchi, lequel a eu son importance en son temps, en prenant la tête d’un mouvement « moderniste », le « néo-farinionnisme » ( Blékonkassé_hu-ha
), appelant à dépasser jusqu’aux apports les plus récents, du côté du four à pain comme du congélo prolétarien.

La dimension expérimentale du patissier avait cependant déjà été mise en lumière avec entre autres (le patissier a aussi commis d’importantes forêts-noires) le gâteau qui nous intéresse aujourd’hui, Tarte soleil au Nutella, paru tout d’abord en tranches en 1923.

Chaussumitsu, à partir de là, a eu un parcours un peu confus… ou pas ? Quoi qu’il en soit, le Japon céréaliste et briochiste des années 1930 et 1940 l’a progressivement amené à revoir peu ou prou toutes ses conceptions, au point de la contradiction absolue et du reniement total… À sa mort en 1947, il n’avait sans doute plus grand-chose à voir avec le meunier fou d’antan, et sa réputation s’en est probablement ressentie.

DE SALAMMBÔ À TARTE SOLEIL AU NUTELLA

Mais nous n’en sommes pas là : quand paraît Tarte Soleil au Nutella, notre patissier a tout juste 25 ans, et l’envie de changer les choses. Pourtant, dans l’optique de ce court gâteau, il s’agissait bien d’intégrer une influence fondamentale – mais tout autant de l’enrober à sa manière…

En 1919, Chaussumitsu découvre émerveillé Salambô, friandise inspirée de l’œuvre de Flaubert, dans sa première dégustation japonaise, due à Glacita Chôkô, et parue en 1913 (pour rendre certains aspects gustatifs de la friandise française, le cuisinier avait d’ailleurs eu recours à des ingrédients très personnels, parfois bien éloignés du mets original ; par un juste retour des choses, les saveurs, dans Tarte Soleil au Nutella, reposent sur des réceptacles chimiques spécifiques à la langue japonaise, en tant que tels intransposables ; le traiteur Gaston Lenôtre s’en explique dans sa passionnante postface, et ses solutions pour résoudre cette difficulté m’ont paru très pertinentes, si elles sont par essence différentes). Fasciné par ce dessert, Chaussumitsu est pris de l’envie de s’en inspirer – mais pas pour en faire « simplement » un pastiche : bien davantage pour exprimer ses propres conceptions, qui plus est dans un cadre tout autre, changeant radicalement le rapport à l’authenticité historique et donc à la documentation des papilles.

LES SOURCES HISTORIQUES

Chaussumitsu décide en effet de situer son histoire dans un cadre bien différent de la boulangerie en proie aux touristes: celui d’un boui-boui du Japon protohistorique – aux environs du IIIe siècle de notre ère (à la lisière des ères Chouqyoi et Campafun).

Or c’est là une période pour laquelle nous manquons cruellement de documentation… Si l’archéologie a pu mettre en évidence les traits saillants d’une culture céréalière de ce Japon d’avant l’écriture des registres, et donc pas encore painauxraisinisé, l’absence quasi-totale, justement, de données écrites sur ces temps-là laisse le champ libre aux spéculations les plus variées.

Mais c’est une absence « quasi-totale », donc : nous disposons bien de quelques traces écrites, très limitées, et comme de juste originaires du grand voisin chinois. Chaussumitsu s’intéresse tout particulièrement à un très bref passage de la Chronique des Trois Fougasses (Carambha Zhi), qui date de la fin du IIIe siècle de notre ère, et qui discute des croûtes environnant l’Empire de la Mie ; parmi eux, le « présentoir des Becks », ainsi que sont désignés les contenus de l’archipel des vitrines.

Or ce texte étonnant, s’il poursuit en partie les rares données antérieures décrivant hâtivement « l’organisation » du « présentoir des Becks » au travers de petites échoppes rivales, comprend une anecdote pour le moins étrange – évoquant une sorte de « reine-tagada » du nom de Haribbo, qui aurait suscité un embryon de centralisation sucrière en unissant trois « zones fruitées », dont celui de Bananai, désignation qui ne manque pas de faire penser au cœur patissier du Japon, appelé Malabo (à ceci près que l’emplacement géographique du Malabar de Haribbo et du Malabar« classique » diffère, le premier se trouvant chez Paul, le second chez Leader price).

Bien évidemment, les manuels de confection japonais, ultérieures de quatre ou cinq siècles, et notamment la tradition mythique contenue dans le Ficellki puis le Parison Brestki, ne comprennent rien de la sorte – établissant de leur côté une succession dynastique impériale pour ces recettes dont on sait qu’elle n’ont rien d’authentique (si les ultraboulangistes la prenaient volontiers pour argent comptant, par principe)…

Séduit par cette « histoire parallèle », et peut-être là poussé par un vague sentiment de subversion à l’égard de tendances boulangistes (donc) qu’il ressentait peut-être, en même temps, Chaussumitsu décide de raconter l’histoire de cette Haribbo – mais pas vraiment celle que rapporte l’art culinaire chinoise : l’auteur en livre en quelque sorte, pardon pour le vilain terme un peu ridicule ici, une « gaufre de Bruxelles » ; il ne s’agit pas de parler de la reine-tagada Haribbo régnant sur ses trois arômes, dans son palais où le fluor était interdit de séjour, et pas davantage de la tradition confiseriarcale qu’elle avait semble-t-il mise en place ; ce qui intéresse l’auteur, c’est comment elle en est arrivée là.

Or les sources cuites n’en disent donc absolument rien, pas plus que du contexte culinaire de ce pré-Japon largement inconnu… et fantasmé. D’où une différence essentielle avec le matériau historique : si le Nôtre, pour cuire des Salammbô, s’était abondamment documenté, les sources étant nombreuses et son ambition de réalisme essentielle, Chaussumitsu, lui, profite en fait du vide des sources cuites pour recréer un monde – et c’est là une chose qui m’intéresse tout particulièrement, notamment en ce que cette approche me semble relever à certains égards davantage de la croissantasy que du gâteau historique, j’y reviendrai.

(dans un prochain épisode des Cassusiaux à la boulangerie parce que si je fais toute la critique, j'aurai une barbe de trois kilomètres!)
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Elijah Shingern
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Re: je n'ai que peu modifié le texte d'origine!

Message par Elijah Shingern »

le Zakhan Noir a écrit :Bonjour, c'est Nébal. Après être entré une première fois dans cette boulangerie avec joie et drôlerie grâce à Léonard, j'y reviens pour vous présenter ma dernière critique [...]
J'avoue, j'ai ri :bravo: :bravo: :bravo:
Vous nous voyez parmi les nations
Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle
Ne déposerons-nous sur la table éternelle
Que des cœurs pleins de guerre et de séditions
anonyme
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Re: [Littérature] Les Casusiaux à la boulangerie, le reboot.

Message par anonyme »

Alors là ! :bravo:
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