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C'est tellement calme depuis deux semaine au bureau que j'ai pris ma plume ce midi et ca donne ca:
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Le liquide coule lentement dans la gorge, alors que les fines bulles de la mousse onctueuse éclatent et pétillent en groupe, prisonnières de la fine moustache. Le regard fixé sur le verre, la main mène le cigarillo devant la bouche, un bref arrêt, puis le contact du tabac avec les lèvres, l’inspiration, la fumé qui entre et prend possession de la gorge. Une longue expiration relâche la fumée. Il est là, accoudé au comptoir, assis sur le haut tabouret de bar, les yeux dans le vague. La lumière rouge tamisée creuse des ombres sous ses yeux, tout en faisant biller ses lunettes. Consciencieusement, le rituel se répète : une gorgé de Guinness, une bouffée de cigarillo. De temps en temps, d’un geste précis et rapide, le cigarillo cogne contre le cendrier, perdant alors de petits cylindres de cendre.
Tout à coup, il lève les yeux, tourne la tête à sa gauche. Elle vient de s’assoire sur le tabouret d’à coté. Ses lèvres esquissent un sourire alors que deux flammes semblent apparaître dans ses yeux noisette.
D’un geste simple, elle repousse de sa main gauche la masse de ses cheveux roux sous l’éclairage écarlate. Elle prend le temps de les regrouper et les passer de l’autre côté du dossier. La tête légèrement penchée sur le coté, ses yeux bleu-vert plongent dans les siens. Elle sourit, laissant apparaître quelques petites rides à la commissure de ses lèvres sensuelles et des dents blanches parfaites, petites perles nacrées s’harmonisant si bien avec son visage aux traits slaves, hérités d’un ancêtre russe.
« Comment vas-tu ?
- Pas trop mal, petit papillon, pas trop mal…
- Ecoute, pour hier soir, …
- Rien, j’ai compris…
- T’es sur ? Je ne voudrais pas que…
- Que quoi ? j’allais partir, tu m’as embrassé, je suis resté un peu, on s’est bécoté, tu m’as expliqué qu’il n’y avait rien à attendre…
- Je suis désolé pour la frustration. »
Il baisse les yeux, laisse le cigarillo monter pour une bouffée au goût acide. Ils restent là, elle le regardant, lui les yeux dans le vague, soufflant la fumée lentement. Soudain, il sourit, redressant la tête, retournant se noyer dans son regard couleur de l’océan.
« Ce fut quand même très agréable pour moi.
- Pour moi aussi, répondit elle d’un souffle.
- Et puis, plus tard peut être…
- Non, fut sa réponse de sa voix légèrement éraillée, je te l’ai dis cette nuit. Je ne peux pas, je ne veux pas te faire souffrir.
- Ok, ok, mon petit papillon.
- Oui papillon, c’est bien comme ça que je suis, un petit papillon qui vole. Il n’y pas la place dans ma vie pour une histoire. Même avec un mec gentil comme toi.
- Gentil…. »
Il détourne encore le regard. Elle lève le yeux au plafond tourne la tête vers le clou qui porte le clef des toilettes pour femmes. Saute du tabouret et se dirige vers elle.
« Tu bois quelque chose, lui lance t il les yeux tourné vers sa pinte.
- une bière, répondit-elle en tournant la tête de côté. »
D’un geste lent et méthodique il écrase le bout de cigarillo dans le cendrier. Ecoutant ses pas lentement se diriger vers le fond du pub. « Gentil », drôle de mot, portant à la fois l’amitié et la tendresse qu’elle lui porte et la gifle du fait qu’il ne l’attire pas suffisamment physiquement. Il n’est pas repoussant, loin de là, mais aucune fille ne se retournerait sur lui. Il est banal. Lui non plus ne pensait pas à une histoire, juste que… enfin, bref…
Le sentiment est bizarre. Pas réellement de frustration, ni d’amour, de la lassitude un peu, l’impression d’avoir fait ou dit quelque chose qui ne colle pas. Ce n’est pas la première fois, il le sait bien, comme il sait que cela se reproduira. Lassitude, oui, c’est ça. L’esprit cartésien qui comprend et qui analyse ; mais la partie romantique qui hurle et qui se débat au fond de son âme, protestant, encore, contre ce nouvel échec. L’amour et la tendresse si longtemps stockée au très fond de soit, qui avait vu s’entrouvrir les portes de la prison de la vie, retourne se cacher. Ne rien montrer, surtout pas à soit même. Se cacher derrière la logique, le sérieux, ce que de toute façon la vie professionnelle lui demande d’être. Et la question mille fois ressassée. Pourquoi ?
Le patron pose devant lui les deux pintes de bière. Lui lançant un regard de compréhension. Il lève lui aussi les yeux, croisant ceux du barman. Pas besoin de mot. Cela fait tellement de temps qu’ils se connaissent. Le parton sait, sans doute mieux que lui, ce qu’il vient de se passer. Le rationnel débarque au galop, bouclier de protection de la psyché, repoussant la folie, analysant les causes et les conséquences de la rupture annoncée d’une histoire qui n’aura jamais existée.
Avec un soupir, il allume un autre cigarillo. Se lève. Ouvre la petite boite posé devant lui et en sort un jeu de trois fléchettes. Il attrape une pièce et se dirige vers la cible électronique.
« Une petite partie ? » lance t il à la cantonade. Deux autres habitués lui répondent. Elle arrive sur ces entre faits, s’accaparant la quatrième place disponible.
La porte s’ouvre, vomissant fumée et bruit dans le froid de la nuit. Il sort, le pub va fermer, la nuit n’est pas froide, le sol est encore mouillé de la bruine qui est tombée il y a quelques heures. Il inspire goulûment l’air nocturne, comme si cela pouvait calmer l’incendie de son âme. Il commence à marcher. La flamme de son briquet illumine son visage un court instant. Première bouffée du dernier cigarillo de la journée. La bière, les fléchettes, la logique ont empêchés la déprime, pour un temps. Il sait que le sommeil ne viendra pas facilement cette nuit. Il ne pleurera pas, il ne pleure plus depuis longtemps, mais comme à chaque fois, il aimerait se laisser aller. Laisser couler les larmes.
Le choc fut brusque. Juste au niveau de la hanche. Il se retrouve sur les genoux. Lève les yeux vers la voiture qui roulait sans feu. Elle s’arrête. Les feux s’allument. Il distingue le visage pâle du conducteur qui le regarde, le chauffard est effrayé. La voiture repart à toute vitesse. La douleur lui fait fermer les yeux. Il sent sur ses joues deux goûtes d’eau rouler et se diriger lentement, chaotiquement vers le bas de sont visage. Elles tombent. Il les recueille dans ses mains, ouvre les yeux. Deux diamants, un dans chaque main, deux larmes. Il les regarde, heureux.
Lorsque les badauds arrivèrent devant le cadavre, la première chose qu’ils remarquèrent fut son sourire.
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Y a des fois ou si je ne me connaissais pas mieux, je me ferais peur.....
BARTAB d'humeure un peu noire aujourd hui |
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